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L’écrit vain

Cinq millième billet

 

Des gammes avec des mots.

 

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Une douce assuétude, une folie furieuse, l'hypertrophie verbale d'un bouffon pitoyable, délire grapho-maniaque, chacun y ira de son appréciation pour qualifier ces bouteilles de l'amer jetées sur la vague ainsi chaque jour, depuis treize longues années. Un pensum ou une œuvre de l'éphémère et du fongible, libre à vous de juger ou d'ignorer ces écrits qui ne cherchent même plus à se graver dans le marbre ou sous le plomb d'une presse.

Chaque matin, tandis que le soleil ne cherche pas encore à percer les mystères qui l'attendent, un mot, une expression, une anecdote, glanés ici ou là s'afficheront en haut d'une page blanche. D'eux, naîtront une succession de phrases, de paragraphes qui scandent le rythme d'une pensée vagabonde. Le titre suffit à déclencher un processus qui du reste n'a guère d'importance.

Il vient parfois d'un poste de radio qui fonctionne en sourdine, qui sans le vouloir, ouvre la voie pour quelques minutes de divagation. Bien souvent, le texte n'aura strictement aucune relation avec la chronique radiophonique. Parfois tout au contraire, les inepties habituelles de la classe politique déclenchent une avalanche de mots incontrôlées.

À d'autres moments, la nuit a porté conseil. Un scénario s'est construit, boutant le sommeil exigeant alors, séance tenante, de mettre en route la machine à conte. Ce matin-là, le temps prendra une toute autre dimension, donnant toute la priorité à cette fiction du petit matin. L'intrigue ou simplement la narration se glissent ainsi entre des lignes qui se laissent elle-même surprendre par le flot de l'imaginaire.

Quoi qu'il en soit, l'urgence est grande de boucler la page, de remplir cette mission absurde que je me suis assignée et qui prend désormais toute la place. C'est seulement au point final que je peux envisager de reprendre une vie ordinaire quoique cet adjectif ne correspond guère aux curieuses habitudes de votre serviteur.

Il se peut qu'en me rasant ou bien en faisant un séjour sur ma chaise percée (éternelle source d'inspiration) une autre idée germe, devant cette fois une tentative illusoire de chanson, une faribole ou bien un poème de mirliton. Le cycle infernal reprend jusqu'à en oublier les impératifs du quotidien.

Ne pensez pas que j'en ai alors terminé avec ce travail de forçat. L'enregistrement presque quotidien pour mon heure d'émission hebdomadaire sur Ondes Bleues la Radio prend le relais. Il exige lui aussi beaucoup de temps, les mots s'ils se bousculent pour mon plus grand plaisir sur la feuille, en font tout autant dans ma bouche, se permettant même quelques facéties qui imposeront de nombreuses retouches.

Tous ces écrits vains m'accompagnent, m'obsèdent, me coupent sans doute de la vie réelle. Soyez donc indulgents en découvrant au hasard de votre pérégrination sur les réseaux, ces bouteilles à la mer ou bien à la Loire qui n'ont d'autre ambition que de vous faire passer un petit moment, si vous appartenez encore à cette catégorie en voie de disparition : le lecteur de fond.

Je dois vous avouer qu'il y a un impératif incontournable pour cet exercice matutinal. Atteindre le bas de la page sans déroger à la taille de la police. C'est cette longueur qui décourage les adeptes du texte court, des SMS ou autres messages incertains. Je me persuade que de toute façon, nous n'avons rien à lire.

Voyant le pied de page se profiler, le plus délicat est de trouver une chute, une pirouette qui tiendra la route. C'est hélas souvent mission impossible, l'écrit vain n'ayant pas toujours le sens de la formule. Les points de suspension viennent alors à mon secours, confiant la tâche, à ce lecteur hypothétique qui parviendra jusque là …

À contre-sens.

Naturellement, il y a une explication


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19 réactions à cet article    


  • Clark Kent Clark Kent 4 novembre 2022 16:24

    L’écrit vain, c’est quand l’écrit vainc l’écrivain.


    • C'est Nabum C’est Nabum 4 novembre 2022 18:40

      @Clark Kent

      J’ai été mis hors combat par l’absence de lecteurs


    • Lynwec 4 novembre 2022 16:57

      L’écriteau « Paix ? » criblé de balles, même écrit tôt, en vain, sous les cris vains de l’écrivain .


      • C'est Nabum C’est Nabum 4 novembre 2022 18:40

        @Lynwec

        Remarquable


      • jocelyne 4 novembre 2022 18:19

        c’était Dughé avant


        • mosel 4 novembre 2022 18:26

          En vain ma main maint ma faim d’ecrivain.sniff !


          • C'est Nabum C’est Nabum 4 novembre 2022 18:40

            @mosel

            Je n’écris qu’avec du vin


          • troletbuse troletbuse 4 novembre 2022 23:44

            @C’est Nabum
            Heureusement que c’est pas Vingt milles lieues sous le mers, sinon il vous aurait fallu un sacré cave et attention sans boire un coup car les 20 000 deviendrait 40 000 sauf bien sur si il s’agit de poissons mâles  smiley


          • mosel 5 novembre 2022 18:16

            @C’est Nabum
            le sniff final c’est dans le sens de regret.


          • C'est Nabum C’est Nabum 5 novembre 2022 18:28

            @troletbuse

            Je ne désespère pas de pousser le bouchon dans les abysses


          • C'est Nabum C’est Nabum 5 novembre 2022 18:28

            @mosel

            Merci



            • C'est Nabum C’est Nabum 4 novembre 2022 20:56

              @Xenozoid

              merci


            • juluch juluch 4 novembre 2022 21:03

              Vous etes addict !!

              Moi j’aurais le syndrome de la page blanche.....

              Continuez comme ça !!


              • C'est Nabum C’est Nabum 5 novembre 2022 06:30

                @juluch

                Je suis assuet
                Je préfère notre langue


              • pacifico 4 novembre 2022 21:58

                Van Loo doit être très honoré.


                • C'est Nabum C’est Nabum 5 novembre 2022 06:30

                  @pacifico

                  Il est enchanté


                • Vivre est un village Vivre est un village 24 octobre 2023 14:00

                  l’écrit vain n’ayant pas toujours le sens de la formule. Les points de suspension viennent alors à mon secours, confiant la tâche, à ce lecteur hypothétique qui parviendra jusque là …

                  À plein-sens :

                  Tu es addict, C Nabum !!!

                  Moi j’aurais le syndrome de la page blanche.....mais je ne l’ai plus puisque je ne rédige plus de billet...

                  En ce qui te concernes, C Nabum :

                  Continues comme ça !!


                  A bientôt.

                  Amitié.


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