La galathée yéti, nouveau crustacé velu des profondeurs
Ce n’est un
secret pour personne, ou presque, que les profondeurs océaniques recèlent encore
bien des mystères pour nous. L’une des plus étonnantes découvertes de la fin du XXe siècle fut celle des oasis des profondeurs, observées pour la
première fois dans les années 1970. Ces oasis furent la preuve que des
écosystèmes entiers peuvent se passer complètement de la lumière solaire pour
survivre. Les organismes autotrophes, c’est-à-dire ne dépendant pas d’autres
êtres vivants pour survivre, n’y utilisent pas la lumière solaire pour
fabriquer des composés organiques par le biais de la photosynthèse, mais l’énergie
chimique des composés soufrés s’échappant de solfatares sous-marins le long des
médianes océaniques séparant les plaques tectoniques. Premiers maillons de la
chaîne alimentaire, ces organismes chimiosynthétiques permettent la survie
d’animaux plus complexes, tels que poissons ou crustacés, situés plus haut dans
la chaîne.
La nouvelle
espèce décrite, baptisée Kiwai hirsuta (de Kiwa, la déesse des crustacés dans
la mythologie pascuane, l’espèce ayant été découverte au large de l’île de
Pâques), fait partie du groupe des galathées, lui-même englobé dans l’ordre des
anomoures, dont le représentant le plus célèbre est le bernard-l’hermite de nos
contrées. Mais Kiwai est spectaculaire à plus d’un titre, à commencer par sa
taille de 15 cm, nettement supérieure à celle des autres galathées, son absence
quasi-totale d’yeux, et surtout, les pilosités étonnantes de ses appendices.
Certes, de nombreux crustacés présentent des pilosités plus ou moins marquées
(dérivées d’expansions épineuses de la carapace), mais chez Kiwai, les
pilosités sont fournies au point de lui valoir le sobriquet de galathée yéti.
Et surtout, ces pilosités abritent de nombreuses bactéries filamenteuses, dont
on ne sait pour le moment si elles sont simples commensales ou symbiotiques.
Mais en
fait, malgré sa taille très honorable pour une galathée, Kiwai est loin d’être un
géant : son cousin, le crabe des cocotiers, atteint une taille d’un mètre,
et est surtout le plus grand arthropode actuel marchant sur la terre ferme,
donc ne bénéficiant pas de la poussée d’Archimède pour le soulager du poids de sa
lourde carapace. Et parmi les autres crustacés décapodes, n’oublions pas que
langoustes, homards ou araignées de mer -qui sont en fait des crabes-
atteignent des tailles encore plus spectaculaires, le record étant de trois à
quatre mètres d’envergure pour ces dernières.
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