Le drame de la Saint Valentin 2017
Quand l’amour ne tourne plus rond
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Les amoureuses prises dans leurs filets …
Il y a des moments où l’on se demande si les hasards du calendrier ne sont pas destinés à jeter de l’huile sur le feu ou bien du sel sur les braises. C’est ainsi que la Saint Valentin de cette année risque fort de tourner au désastre, au fiasco, à la Bérézina conjugale ou non. Alors que, depuis quelques années, le monde doit s’arrêter de tourner pour libérer tourtereaux et tourterelles chaque 14 février qui se succède sur Terre, cette année, des esprits retors en ont décidé autrement.
Même si les restaurateurs affichent leurs menus spéciaux, que les médianoches amoureux sont censés regrouper tous ceux qui vivent par paires sans soucis du genre-car notre brave Saint Valentin n’aurait pas cautionné les extravagances de la manif pour tous ni même les positions trop rigoristes de Pénélope et Ulysse faisant tapisserie devant leur unique compte en banque-le risque est grand de connaître un fiasco cette année. La fête fera chou blanc et nulle naissance ne viendra de ce pauvre légume.
Non pas que les amoureux vont se presser dans les meetings politiques. Quand on aime un tant soit peu la vie, voilà bien un endroit à éviter, mais bien, parce que les sirènes de la division vont retentir, une fois encore, dans notre pays. Le choix qui s’offre aux cavaliers, très cavaliers, sera sans doute, à n’en point douter, très révélateur de leur amour supposé pour leur belle.
Offrir un bouquet de roses était déjà prendre le risque d’un retour d’épines ou, bien plus certainement, d’une intoxication à coups de pesticides,-ce qui, avouons-le, est fort peu recommandé, surtout quand on affuble sa camarade de jeu du délicat sobriquet de « Ma puce ! »- mais cette fois, le drame est d’une tout autre nature et inquiète grandement les professionnels de la niaiserie festive.
Le mardi 14 février, Saint Valentin et les goujats, les malotrus, les gougnafiers, les imbéciles et autres étranges spécimens de la gent masculine aux très faibles capacités intellectuelles, vont préférer à leurs belles, leurs merveilleuses, leurs si tendres compagnes, une troupe de jeunes hommes exposant leurs gambettes sans aucune pudeur. Le basculement de cette société vers une exhibition planétaire des pulsions les plus primaires est en marche.
Pour que ce tournant dans l’histoire de l’humanité ait pu se faire, il a fallu le financement et la complicité des princes du pétrole, des puissances de l'argent et des médias de la futilité. La fesse doit reculer devant la cuisse ; l’aile est préférée aux délicieux « becs » des amoureux. Les pauvres compagnes de ces affreux lurons les verront alors se vautrer sur des canapés en compagnie de comparses aussi mal rasés qu’eux. Beaucoup d'hommes auront ainsi viré leur cuti et préféreront ce soir-là s’ébattre avec leurs semblables plutôt qu’en compagnie de leur compagne.
La bière et la pizza remplaceront les délicates bulles de champagne et les petits fours savamment mitonnés par les spécialistes des produits surgelés de premier prix. L’amour fera un four et un coup de froid s'établira dans les relations hommes-femmes en fin de soirée. Le grand écran plat sera préféré à la table ronde agrémentée de bougies ; le tête-à-tête sera supplanté par le tête-à-queue des plaisirs égoïstes de l’homme.
Il n’y aura donc pas de Saint Valentin qui tienne quand le sort des vingt-deux jeunes gens en short se jouera devant les caméras de télévision et quelques millions de spectateurs et téléspectateurs admiratifs et fanatisés. Mesdames, n’attendez pas que votre goujat de compagnon vous invite ce soir-là au restaurant : il aura bien mieux à faire que de vous adresser œillades et compliments ; le match de coupe d’Europe de football entre le PSG et Barcelone sera son seul sujet d’inquiétude.
Je vous invite à mieux choisir la prochaine fois, à éviter ces êtres décervelés et braillards. L’amour peut être, certes, aveugle, mais il doit aussi être sourd et d’une immense patience pour supporter de tels personnages. Il doit bien y avoir dans le pays de galants personnages capables de vous inviter et de ne pas vous conduire dans ces restaurants infâmes où la télévision tient lieu de conversation. S’il le faut, faites ménage à trois ou bien à plus, même si les postulants sont rares. De toute manière, ce sera bien mieux que la partie fine de votre gougnafier de copain avec ses vingt-deux idoles.
Cathartiquement vôtre.
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