Le Petit Nicolas au stade
Le prince et son valet
Jamais le Parc des Princes n'aura autant mérité son nom de baptême (quoi ? J'ai blasphémé ?). Dimanche soir, jour de cataclysme électoral durant lequel jamais le vote fasciste n'aura obtenu autant de voix en France, un ancien président de la République, notre petit Nicolas, n'a rien trouvé de plus urgent que d'aller faire allégeance à ses chers amis qataris. Il est vrai que ceux-ci sont d'une rare générosité avec lui depuis qu'il a usé de son immense influence pour que la Coupe du Monde de football se déroule dans cette merveilleuse contrée des droits de l'homme et du travailleur.
L'homme, qui rappelons-le, n'est pas encore candidat à la présidence de la Fifa mais bien à celle de notre république bananière, ne pouvait se permettre de manquer ce match au suspense insupportable : PSG – LYON. Il est vrai que les menaces qui pesaient alors sur le pays étaient de bien peu d'importance comparées à cette rencontre dramatique à nulle autre pareille.
Assis à la droite (comment pourrait-il en être autrement ?) du Prince, notre petit Nicolas pouvait ainsi bénéficier de quelques images sur la chaîne cryptée sans avoir besoin de se fendre d'un commentaire intelligent, ce qui en ce moment est au-dessus de ses forces. Il est vrai que sa tactique suicidaire du « Ni-Ni » n'en fait pas un fin stratège. Il peut donner des conseils éclairés sur le football mais certes pas sur la politique nationale.
Alors notre expert du ballon rond s'est fait plaisir. Il aime les batailles sans risque, les confrontations totalement déséquilibrées. Nous l'avions remarqué lors de la dernière campagne présidentielle où il avait enfreint toutes les règles et utilisé un budget disproportionné et illégal pour mener le combat. Nous retrouvons un cas de figure analogue sur cette pelouse avec une équipe construite avec un budget sans commune mesure avec celui de ses pauvres adversaires. La glorieuse incertitude du sport ou de la politique ; quelle foutaise !
Le petit Nicolas n'aime pas que l'on respecte les règles, il n'aime pas l'esprit chevaleresque. Ce personnage est à sa place dans ces tribunes de l'indécence auprès de gens qui ont joué un rôle obscur dans le financement du terrorisme. Mais à quoi bon s'embarrasser de morale quand on se fait spécialiste des casseroles et des affaires en bandes organisées ? L'indécence est son univers.
Le petit Nicolas se rêvait footballeur professionnel, vedette admirée et adulée, riche à millions et un peu plus encore si possible, spécialiste des tacles par derrière, des coups bas et du tirage du maillot. Il jubile quand il est dans les tribunes, quand il entend la foule scander des slogans douteux. Il est à sa place parmi la France qui ne pense pas ! C'est celle qui risque de lui redonner son sceptre.
Les élections ? Une bagatelle, une farce, une mascarade. Ici, c'est l'argent qui décide de tout, du vainqueur, des acteurs, des spectateurs. Un monde parfait selon la lecture curieuse que ce petit homme a sur la vie. Alors, à côté de son ami, il a vibré sans avoir à expliquer son comportement, sans justifier l'injustifiable d'une stratégie politique suicidaire et humainement indéfendable.
Le stade de la porte d'Auteuil est sur le territoire électoral de cette petite peste de Valérie qui a osé s'opposer à lui. Pire encore, la demoiselle a emporté la mise, gagné cette région pour lui faire la nique (c'est son sponsor ?). De colère, il donne un carton Rouge à Nathalie, quand on est ami du Qatar, on n'aime guère les femmes. Il lui faut oublier cet affront, se griser des buts et des rumeurs de la foule. Le petit Nicolas ne veut plus rien entendre d'autre que des applaudissements. C'est sa drogue. Ici, il est chez lui !
Demain, le petit Nicolas tentera de faire oublier tous ses errements et ses fautes. Il va nous gratifier de belles grimaces, de phrases assassines, il va jeter de l'huile sur le feu, attiser les braises que d'autres, plus intelligents ou plus soucieux de la démocratie, ont cherché à étouffer. Pour lui, rien n'est plus jouissif que la politique du pire. Avec ses amis riches des milliards du pétrole, il va se relancer à l'assaut de son trône. Prince et président, voilà un joli duo pour aller au stade.
Le petit Nicolas est le plus bel exemple de ce qui se fait de pire dans la classe politique. Fort heureusement pour lui, il n'est plus seul. Le premier ministre actuel cherche à le copier en tout et y réussit fort bien. Un duo d'entraîneurs, voilà sans doute ce qu'il nous faut pour faire reculer les menaces de l'heure, la peste brune, le choléra terroriste. Dans les gradins, les gens applaudissent à tout rompre une victoire sans gloire. Le petit Nicolas rêve que c'est la sienne et Manuel attend son heure sur le banc des remplaçants potentiels. Lui aussi aime se rendre au stade. Que Dieu nous préserve d'un président amateur de foot !
Footballistiquement leur.
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