Les mystères de l’île Tristan
C’est une île bleue accrochée à l’océan. On y vient à pied uniquement quand la marée le permet. Peuplée de poètes, de pirates et de personnages légendaires. L’île Tristan, quand on l’a, on fait tout pour la garder, quand on ne l’a pas, on fait tout, comme les Anglais, pour l’obtenir.

C’est une toute petite île bretonne, située dans la baie de Douarnenez, à 50 mètres seulement de la côte. On y accède à pied uniquement durant les grandes marées, ce qui fut le cas lors du week des 28-29 mars 2009. L’île Tristan est le lieu mythique qui abrita les amours de Tristan et Iseult, d’où son nom. Fin du XVIe siècle, le Brigand La Fontenelle l’habita aussi. Il en fit sa forteresse. Qui sait, peut-être l’habite-t-il toujours d’ailleurs...Au début du XXème siècle, la famille du poète Jean Richepin s’en fait la propriétaire. Depuis 1911, elle a été rachetée par le Conservatoire du littoral pour être soigneusement préservée mais elle conserve son cachet très mystérieux et les légendes de ses habitants successifs courent encore...
Outre les histoires à faire frémir ou à faire rêver, les visiteurs y trouvent un véritable jardin exotique de 7 hectares, constitué grâce à la famille Richepin, dont les membres rapportaient de leurs voyages des plantes et des arbres du monde entier.
Ce dernier week end de mars, plus de 2.000 personnes se sont rendues sur cette terre mythique. Le coefficient des marées ayant rendu possible une opération porte ouverte...sur le fabuleux et l’inconnu ! On est toujours étonné de croiser sur ce petit bout de terre tant de paysages différents et tant d’édiifces anciens : fortin, tombeau, maisons.
Poser le pied sur l’île Tristan, c’est partir à l’aventure comme les héros de l’île mystérieuse de Jules Verne. L’île offre aussi un panorama unique : une vue à 360° sur la baie de Douarnenez et ses environs.
Le lieu a bien sûr inspiré poètes et écrivains. Jean Markale en parle dans son "Guide de la Bretagne mystérieuse" (Éditions Tchou, Paris, 1989). Même Jean Failler, le célèbre auteur quimpérois de polars s’en est inspiré pour "Le seigneur de l’île Tristan".
La légende la plus belle est peut-être celle des amours de Tristan et Yseult. Une légende de la mythologie celtique bretonne raconte que Tristan, neveu du roi de Cornouaille, Marc’h (= cheval en breton), tomba amoureux d’Iseult, la fiancée du roi et dut se cacher toute sa vie pour fuir la colère royale et vivre sa passion avec sa belle, selon certaines versions. L’île abriterait encore la tombe des deux toutereaux, à condition qu’on la trouve : elle serait dissimulée sous deux arbres enlacés. Une autre légende prétend que l’île serait la partie émergée de la légendaire cité d’Ys, cité celtique engloutie par l’océan.
Lors de la Guerre de Succession de Bretagne (1341-1365), l’île est le théâtre d’un combat mettant en scène des personnages historiques également acteurs du Combat des Trente : Charles de Blois, Jeanne de Penthièvre...Après la défaite de Mauron, les partisans de Charles de Blois pensent qu’il leur faut traiter avec le roi d’Angleterre Edouard III pour obtenir la délivrance de leur duc. Les Etats de Bretagne, réunis à Dinan en novembre 1352, conseillent à son épouse, Jeanne de Penthièvre, de nommer une ambassade. Charles de Blois part pour la Bretagne après Pâques, laissant ses trois enfants en otages. Il va chercher l’argent pour la rançon et obtenir les dispenses matrimoniales. Il débarque à l’Île Tristan, dans la baie de Douarnenez, tenue par les Anglais. Il revient à Londres mais quelques jours plus tard, un courrier apprend la nouvelle du massacre total des 300 soldats de la garnison de l’île Tristan. La négociation est rompue et Charles de Blois ne sera finalement libéré que bien plus tard et contre 700 000 florins. Les raisons du massacre de l’île Tristan restent un mystère.
Légende : repaire du brigand Guy Eder de La Fontenelle.
Au 16ème siècle, le brigand Guy Eder de la Fontenelle choisit ce site. A la tête d’une petite armée de mercenaires, il profite des troubles occasionnés par les guerres de la Ligue pour mettre à sac les campagnes. Il aime se réserver des abris bien protégés d’où il lance des raids ravageurs. Il n’hésite pas à démolir une partie de la ville voisine de Douarnenez pour bâtir sa forteresse.
XIXème siècle. Le propriétaire, monsieur de Pennanros, ne veut pas lâcher son île malgré une décision ministérielle du 28 décembre 1854 d’établir un fanal sur l’île Tristan, en face du port de Douarnenez. Il fallut se résoudre à l’expropriation qui se fît par décret de l’Empereur le 19 avril 1856.
Les Anglais qui avaient occupé l’île pendant la Guerre de Cent Ans (voir ci-dessus), veulent reprendre ce bout de terre bretonne. C’est ce que nous révèle le journal Le Télégramme le 12 janvier 2009. La fondation anglaise Landmark-Trust veut l’acquérir pour aménager des gîtes voire des chambres d’hôtes dans la maison de maître. En Bretagne, beaucoup s’opposent à ce projet toursitique et commercial.
En attendant, le conservatoire du littoral en est toujours le propriétaire et offre sur son site une visite virtuelle qui permet de se rendre compte de la richesse botanique et animalière de l’île.
Les photos du week end sur l’île prises par Le Télégramme sont visibles ici. .
Visites : renseignements pratiques.
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