Les reptiles-hydres existaient déjà au Mésozoïque
Vous connaissez l’Hydre de Lerne, cet animal mythique aux multiples têtes qui repoussaient en se dédoublant lorsqu’on les coupait, et que vainquit Hercule, signant l’un de ses célèbres douze travaux. Ce monstre fut peut-être inspiré par les reptiles bicéphales (lézards et serpents, essentiellement), spécimens anormaux dont l’existence est mentionnée depuis Aristote. L’Hydre inspira également les naturalistes pour désigner un animal apparenté aux méduses et aux anémones de mer, aux facultés de régénération évoquant celles des têtes du monstre mythologique éponyme.
Or, voici qu’un fossile extraordinaire d’un animal du Mésozoïque (ère secondaire) apparenté de loin aux lézards prouve de façon irréfutable que des reptiles bicéphales existent depuis la nuit des temps. L’histoire de ce fossile exceptionnel d’un animal qui l’est moins - Sinohydrosaurus, c’est son nom, est relativement fréquent dans les dépôts lacustres chinois datant de quelque 120 millions d’années- vous est contée par l’un de ses descripteurs, le paléontologiste Eric Buffetaut, dans un article dont vous trouverez le lien ici. Eric Buffetaut y expose de manière plaisante et concise non seulement l’histoire naturelle de cet animal, mais aussi l’histoire policière du fossile : il fallut en effet s’assurer qu’il ne constituait pas l’un de ces canulars (en anglais : hoax) dont le milieu paléontologiste est parfois victime, compte tenu de sa provenance de régions pauvres où la commercialisation d’un fossile étonnant présente des avantages pécuniaires évidents.
Si les reptiles bicéphales frappent l’imagination, il faut
tout de même noter qu’ils ne constituent qu’une forme particulière de jumeaux
siamois. Des cas similaires existent dans toutes sortes de groupes animaux, y
compris les mammifères. Chez l’homme, les monstres à deux têtes (dont l’une
généralement réduite, celle du jumeau mineur) étaient exhibés dans les foires
au XIXe siècle durant leur vie généralement très brève (de nos jours, ils
sont opérés à la naissance). Mais la relative plasticité physiologique des
reptiles permet chez eux la cohabitation de deux têtes parfaitement
équivalentes, et donc de deux centres de contrôle sur un même individu,
l’espérance de vie étant même relativement élevée en captivité. On en vient
irrésistiblement à se demander si ces deux têtes effectuent aisément leurs
choix quotidiens, ou si elles se chamaillent constamment, à l’instar de celles
du géant tricéphale qui barra la route à Lancelot dans l’inoubliable Sacré Graal des Monty Python.
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