Les trois singes de la sagesse 三猿
J’ai eu du pot ce mardi 24 novembre 2009 à 18h30,à La Bellevilloise. Didier Migaud (Député socialiste et Président de la commission des
Finances de l’Assemblée Nationale) et Michel Rocard (Ancien Premier
Ministre et Coprésident de la commission sur le Grand Emprunt) débattaient à propos du Grand Emprunt.
Les trois protagonistes, et je me demande pourquoi, avaient une gestuelle synchrone, chorégraphique si je puis dire, ponctuée par le crépitement des flash des photographes de presse.
La photographie réserve parfois de
jolie moment introspectif et ludique auquel je voudrai vous convier amis lecteurs. N’y voyait pas une moquerie à l’endroit des
sujets photographiés, plutôt un clin d’œil culturel, une réminiscence
de mon trajet de photographe, une rime photographique.
N’importe quelle chose peut amorcer un souvenir. Pour l’écrivain Marcel Proust ce fut une madeleine trempée dans une tasse de thé, qui soudainement éveilla quelques instants d’une scène de son enfance.
De la même manière, la chorégraphie gestuelles des trois protagonistes, Michel Rocard, Olivier Ferrand (président de Terra Nova) et François Bazin (journaliste du Nouvel Observateur), qui débattait alors ce soir là sur le Grand Emprunt m’évoqua un souvenir, celui des trois singes de la sagesse. Alors que j’habitais au Japon entre 2002 et 2008, j’avais photographié dans le sanctuaire de Nikkō Tōshō-gū (Japon), trois singes sculptés sur le fronton boisé d’un temple shintō en 2004.
Les « singes de la sagesse » ont chacun une pose distinctive liée à la perception des choses : le premier les oreilles, le second la bouche et le troisième les yeux. Ils forment une sorte de maxime picturale qui a trait à la médisance : « Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal ».
En japonais, les trois singes sont respectivement appelés Mizaru (見猿) pour l’aveugle, Kikazaru (聞か猿) pour le sourd, et Iwazaru (言わ猿) pour le muet. Au Japon, on interprète vertueusement leur gestuelles en ces termes : « je ne dis pas ce qu’il ne faut pas dire », « je ne vois pas ce qu’il ne faut pas voir », et enfin « je n’entends pas ce qu’il ne faut pas entendre ».
L’analogie devient vraiment amusante lorsque l’on constate que celui qui ne peux entendre ou parler est un politicien et que celui qui ne peut pas voir est un journaliste.
Photographie et texte : Serge-Henri Bouvet
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