Leurs pierres valent plus que nos vies
En une seule journée, près d’un milliard d’euros ont été récoltés pour reconstruire Notre Dame... et pendant ce temps, des centaines de sans-abris, Quasimodos de notre temps, meurent dans l’indifférence quasi générale.
Les milliardaires du pays ont tiré les premiers, et dans une quasi surenchère, des dizaines de millions affluent pour sauver le monument historique...
Notre Dame d’Alep, témoins de 1300 ans d’histoire n’a pas eu cette chance, détruite sous un tapis de bombes, dont certaines étaient probablement françaises,...et ne sera probablement jamais reconstruite.
Les Pinault, Arnault, et autres Bettencourt ont déjà débloqué un demi-milliard d’euros, suivis par d’autres grands industriels...lien
Sauf que finalement, c’est l’état qui fait une mauvaise opération, puisque les généreux donateurs vont pouvoir déduire 70% de leurs dons des impôts dont ils devaient s’acquitter, faisant finalement une bonne affaire au détriment de l’état. lien
D’autant qu’un ex ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon en l’occurrence, demandait à ce que cette déduction aille jusqu’à 90%, et que l’état fasse voter de toute urgence une loi allant dans ce sens. lien
Il est revenu sur sa demande, découvrant que les dons avoisinent déjà le milliard d’euros, somme déjà suffisante. lien
Mais, dans les rues avoisinantes, et depuis des dizaines d’années, de pauvres bougres meurent chaque année dans l’indifférence de nombreux nantis.
Pourtant Macron avait promis que, dès la 1ère année de son mandat, plus personne ne vivrait dans la rue. lien
Rien que pour la capitale, 3622 SDF ont été dénombrés en février 2019... alors que l’année vient tout juste de commencer...ils étaient 3035 en 2018, terrible augmentation donc, qui ne laisse augurer rien de bon pour la suite... lien
Ajoutons que sur ces 3622 SDF, 566 sont morts dans la rue en 2018. lien
Encore une promesse qu’il faudra donc ranger dans le tiroir des déceptions...
Une autre promesse qui fait débat, c’est celle que vient de faire Macron, au sujet de la reconstruction de la cathédrale dévastée : tout doit être fini pour les jeux olympiques, donc dans moins de 5 ans.
En effet, au-delà des affirmations optimistes qui assurent que l’essentiel a été sauvé, d’autres, plus sérieusement, s’inquiètent de l’état actuel du bâtiment, affirmant que certains secteurs ont été sérieusement dégradés, et menacent de s’effondrer, entrainant dans leur chute, d’autres parties du bâtiment.
Pour de nombreux experts, c’est mission impossible...à commencer par Alexandre Gady, historien du patrimoine qui a déclaré : « 5 ans, c’est un temps politique, ce n’est pas très sérieux... ».
François Jouanneau, architecte des bâtiments de France enfonce le clou, en déclarant « avec l’eau et la chaleur, la structure a été fragilisée (...) avant tout, il faut prendre des mesures d’urgence pour protéger et conserver l’ensemble de l’édifice. C’est indispensable pour éviter que le désastre ne s’étende pas davantage. (...) une fois l’ensemble sec et stabilisé, il faudra diagnostiquer point par point toute la structure et la maçonnerie, les pierres et le mortier ».
Philippe Bélaval, président du centre des monuments nationaux, y va de son grain de sel : « avant de déterminer le programme des travaux, ce sera la phase la plus longue : s’assurer de la stabilité du monument ». lien
Selon François Govent, inspecteur général des monuments historiques, rien que pour la définition du projet et l’établissement du programme des travaux, il faut compter jusqu’à deux ans.
Rappelons que cette étape ne pourra s’enclencher que lorsque la stabilisation de l’ensemble du bâtiment aura été faite.
D’ailleurs selon Franck Riester, l’actuel ministre de la culture, la reconstruction pourrait s’échelonner entre 10 et 15 ans...Stéphane Bern est encore moins optimiste, envisageant de 10 à 20 ans.
D’abord parce que l’expérience prouve que, pour des cas similaires, il a fallu bien plus de temps pour reconstruire des bâtiments dévastés de ce genre.
Alexandre Gady tente une comparaison avec le plus grand chantier d’Europe, celui du château de Lunéville, lequel a subi un incendie, rappelant qu’il a été lancé en 2003, et n'est toujours pas achevé...16 ans donc. lien
Et puis, est-ce bien sérieux de baser la durée de reconstruction sur la tenue des jeux olympiques ?...vitesse et précipitation ne font pas bon ménage.
Il semble bien que la promesse lancée avec gravité par Macron manque donc sérieusement de discernement.
Il en ira peut-être tout autant pour les résultats du « grand débat »... dont on sait déjà le contenu, puisque même si le Président a retardé son allocution, le texte de celle-ci avait déjà été envoyé aux médias.
On sait déjà que le fameux RIC, demande prioritaire des débatteurs, a été retoqué, puisqu’il serait limité aux seules localités, et en tout cas pas à l’ensemble du pays. lien
En bref on peut déjà conclure que les revendications des Gilets Jaunes ont tout simplement été occultées. lien
En ces temps de graves incendies, est-ce bien sérieux de remettre de l’huile sur le feu ?
Mais revenons à Notre Dame.
Sans tomber dans une théorie du complot, un homme s’interroge sur cet incendie, et cet homme n’est pas n’importe qui, puisqu’il s’agit de l’architecte Benjamin Mouton, ancien architecte en chef de Notre Dame de Paris qui a œuvré sur le chantier de la cathédrale pendant 13 ans, afin de la mettre aux normes sécuritaires.
Interrogé par Pujadas sur la chaîne LCI, il se perd en conjecture et à la question : « est-ce que vous avez été surpris que ce feu se soit propagé si rapidement »...il répond : « tout à fait, incompréhensible !, c’est du très vieux chêne, et il a brûlé comme une allumette, comme si c’était une autre essence !, je ne comprends pas ! la propagation est extrêmement curieuse... des chênes vieux de 800 ans, ça ne brûle pas si facilement (...) toute l’installation électrique avait été remise aux normes, et la question d’un court-circuit doit être tout à fait écartée (...) des alarmes incendies ont été installées, reliées directement aux pompiers (...) deux hommes étaient présents en permanence, jour et nuit, pour aller voir dès qu’il y a une alerte, prévenant les pompiers dès que le doute est levé (...) je suis quand même assez stupéfait ». lien
Or on se souvient qu’une première alarme avait été entendue vers 18h 30... inquiétant le prêtre qui prêchait à ce moment, demandant aux fidèles de sortir, puis se reprenant en les rappelant, convaincu apparemment que c’était une fausse alarme... car les agents de sécurité n’avaient pas constaté de fumée... alarme qui allait de nouveau se déclencher 23 minutes après, provoquant la fuite de tous les fidèles. lien
Quelqu’un lèvera-t-il un jour ces zones d’ombre ?
On ne peut pas réécrire l’histoire, mais que ce serait-il passé si la 1ère alarme avait été prise au sérieux ?
L’incendie aurait-il pu être stoppé ?
Car comme dit mon vieil ami africain : « le sage n’arrache pas ce que le sot a planté ».
Le dessin illustrant l’article est de Lacombe
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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