Nicolas Le Petit sur les traces d’Alexandre Le Grand
Le président Nicolas Sarkozy dont on connaît l’ambition sans limite et l’omnipotence, afin de mettre en œuvre sa politique de civilisation, lance l’Union pour la Méditerranée pour pacifier le monde et fonder un vaste Empire colonial néo-macédonien libéral.
Nicolas Le Petit, à ne pas confondre avec le petit Nicolas de Sempé et notre regretté René Goscinny, personnage autrement plus amusant et sympathique, fut nommé président de tous les Français en mai 2007, soit environ trois quarts d’heures après J.-C. (Jacques Chirac). Il fut plébiscité par la plèbe et consacré par Monseigneur Gens-People Ier en sa sainte ville de Neuilly-sur-Seine, dès la sortie de sa turne.
Depuis, dévoré par l’ambition et la jalousie, il n’a de cesse de trouver un modèle à dépasser dans la glorieuse histoire du monde. Il a hésité longtemps entre les différents empereurs que l’histoire nous a infligés. César, Charlemagne, Bonaparte… Il faut avouer que nous penchions pour Napoléon, eu égard à sa taille, son caractère de cochon, son goût immodéré pour les femmes et son hyperactivité ulcérante.
C’était trop simple et comme il aime frapper là où on ne l’attend pas, il a choisi Alexandre Le Grand dont l’empire, le plus grand que le monde ait connu, s’étendait de la Méditerranée à l’Indus. Gageons que Nicolas le revendique jusqu’à l’indu.
Vous m’objecterez que la comparaison avec l’Empire d’Alexandre Le Grand ne tient pas, car il manque l’immense civilisation Perse. A quoi, je vous répondrais que ce n’est qu’un début. Nicolas n’est encore que sur les traces de son modèle. Certains observateurs pensent à ce titre, que l’UPM relève d’une stratégie d’isolement de l’Iran qui facilitera par la suite son ralliement à l’Union.
De plus, en superficie, les pays d’Afrique du Nord compensent largement le royaume Perse.
Dorénavant, son désir le plus cher est d’être sacré Empereur de la Méditerranée par le très Saint Pape Arazzi à Jérusalem. Cette nouvelle croisade s’appelle l’Union pour la Méditerranée (UPM) dont l’annonce n’a pas manqué de surprendre. Mme Angéla Merkel a failli s’étrangler en buvant cette tasse d’eau saumâtre. Flairant un mauvais coup de ce trublion pour l’Europe, elle cria à la traîtrise et les relations avec la France de froides devinrent glaciales. Les partenaires européens qui ne possèdent pas d’ouverture sur la Méditerranée étaient floués.
Qu’à cela ne tienne, Nicolas Le Petit, qui allait justement présider l’Europe des 27 pendant les six prochains mois, saisit l’occasion d’annexer à son futur Empire, le Saint Empire romain germanique et au-delà. Comment réaliser cet exploit, digne des douze travaux d’Hercule ?
Par l’effet d’un réchauffement diplomatique, et non climatique. Il brisa la glace entre l’Allemagne et la France et en déclencha la fonte. La brusque montée des eaux qui s’ensuivit submergea le traité de Nice et envahit les terres pour remonter rapidement du Rhône au Rhin et par là gagner toute la Communauté européenne. Une telle grande marée pour une mer habituellement si calme, il y avait vraiment de quoi se marrer.
Par ce miracle, qui lui donnera par la suite le caractère divin nécessaire au sacre d’un empereur, les 27 pays de la Communauté européenne eurent enfin un pied dans l’eau de la Méditerranée. Après tout, ils y venaient souvent passer leurs vacances d’été.
Les 27 pays de l’Union européenne furent donc conviés au sommet de l’Union pour la Méditerranée à Paris. On imagine que, s’il s’agissait de l’Union pour la sauvegarde de la langue de Molière, nos partenaires européens ne se seraient pas sentis trahis de ne pas être invités.
Voyant cela, la Turquie, dont Nicolas durant sa première campagne disait qu’elle n’entrerait pas dans l’Union Européenne pour la bonne raison qu’elle se trouvait au Moyen-Orient (mis à part un orteil), en perdit sa géographie. Elle qui craignait être conviée en tant qu’ex-candidate à l’UE ! Allez comprendre ?
Le Libyen colonel Kadhafi a refusé l’invitation quand il a appris que toute l’Europe était intégrée. Il considère que l’équilibre est rompu et que l’UPM va fragiliser l’Union africaine et la Ligue des pays arabes dont il fait partie. Un peu plus et il nous faisait sa Merkel pour que toute l’Afrique s’invite à un bain de pieds dans l’azuréenne Méditerranée rendant plus problématique sa dépollution. Ouf, on a eu chaud ! En réalité, Kadhafi qui pensait être un interlocuteur privilégié s’est rendu compte que Nicolas Le Petit n’aimait personne que lui-même.
L’UPM compterait 43 membres et regrouperait 765 millions de personnes, mais, il faut bien l’avouer, c’est une sacrée Macédoine.
Différence de taille entre Alexandre et Nicolas, hormis les mensurations au garrot, ce dernier n’est pas un militaire, mais un avocat affairiste, et ce n’est donc pas par les armes, mais par la roublardise qu’il entend bâtir son empire. Un empire économique, commercial et financier. La stratégie de Nicolas Le Petit est d’impliquer financièrement les Etats sud-méditerranéens, pour le moins farouches et belliqueux, dans des projets d’intérêt commun en jouant sur leur cupidité pour les mettre dans sa poche (une autre façon de s’en mettre plein les fouilles), les rendre dépendants. Car, si l’argent est le nerf de la guerre, il peut parfois être aussi le fil conducteur de la paix. L’Histoire nous dira s’il avait raison.
D’autres soupçonnent que la finalité de l’UPM soit d’intégrer « l’empire d’essence » des pays producteurs de pétrole.
Le premier sommet de l’UPM a donc eu lieu à la veille de la Fête nationale, le dimanche 13 juillet 2008 au Grand Palais. Une quarantaine de chefs d’Etat y assistèrent, dont ceux des 27 de l’UE. Sacrée réunion de bienfaiteurs de l’humanité où l’on pouvait rencontrer, outre les dangereux réformateurs libéraux de l’UE, des dictateurs sur la voie de la rédemption, des terroristes repentis, des intégristes religieux et autres extrémistes en tout genre. Certains étaient d’ailleurs encore officiellement en guerre, comme Israël et la Syrie. Une sorte de réunion d’anciens alcooliques qui se seraient soudainement mis à l’eau de mer pour se désintoxiquer définitivement.
Ce sommet avait pour objectif d’exposer les grands projets à la base de cette Union méditerranéenne. Un des projets majeurs de l’UPM est la dépollution de la Méditerranée. Nous restons tous agréablement surpris que l’avenir de sa faune et de sa flore puisse toucher des chefs d’Etat habituellement peu enclins à se préoccuper de l’avenir de leurs congénères. Les droits des poissons seraient-ils plus importants que les droits de l’homme ? Les chemins de la rédemption prennent parfois des détours improbables et les voies du Seigneur sont impénétrables. Cette dépollution a pour objet principal de redonner leur appétit légendaire aux barracudas du port d’Alexandrie qui dépérissent à force de manger du poisson hydrocarburé. Quelques bulles devraient améliorer leur digestion, mais le coût de la réoxigénation de cette mer au bord de l’asphyxie est estimé à deux milliards de rots… Oups pardon, d’euros ! Un travail titanesque dont la mise en œuvre sera délicate.
Le deuxième projet d’importance, la création d’Autoroutes maritimes, bien que risquant d’entrer rapidement en contradiction avec le premier, devrait davantage les motiver, car il s’agit de fluidifier les transports commerciaux entre les deux rives de la Méditerranée ce qui devrait rapporter quelques bénéfices. Verra-t-on la création d’une deux fois deux voies navigables avec mer-plein central, pour permettre les dépassements en toute sécurité ? Il y a fort à parier que nous verrons surtout la mise en place de stations-services Total… off-shore, bien sûr.
Mais gare aux péages et aux radars automatiques de détection « anti-dégazage » en pleine mer.
Ensuite fut abordée la création de la grande Autoroute du Maghreb arabe, par l’interconnexion des autoroutes de Mauritanie, d’Algérie, de Tunisie et de Libye, pour améliorer les transports terrestres, notamment le caravaning très prisé dans cette région. Ce projet permettrait d’augmenter la vitesse de croisière des vaisseaux du désert et, en outre, limiterait les nuisances sonores dues aux chiens qui ne cessent d’aboyer durant le passage des caravanes, ce qui devient insupportable aux riverains. Bien entendu, la Trans-Maghreb Express, véritable invitation à un voyage digne des mille et une nuits, nécessitera également l’installation de quelques stations-services Total dans les oasis traversées.
Enfin, le développement de l’énergie solaire fut évoqué tant il est vrai que le soleil ne manque pas autour de la Méditerranée et que se serait dommage de ne pas exploiter cette manne céleste. L’intérêt de ce dernier projet ne saute pas aux yeux. Les pays producteurs de pétrole n’ont pas de besoins évidents, ni en énergie de chauffage des habitations que pour chauffer l’eau du bain ? Les pays d’Europe leur rachèteraient cette énergie électrique, ce qui va à l’encontre de l’autonomie énergétique tant recherchée. S’agit-il de recouvrir les déserts de panneaux solaires pour les rendre enfin utiles à quelque chose ? Pourquoi pas des éoliennes ? Ne tombons pas dans le panneau, il s’agit surtout de détourner certains pays de la voie du nucléaire que l’Iran a choisi avec les dangers pour la sécurité internationale que cela comporte ?
Toujours est-il que la question du financement de ces projets pharaoniques n’a pas été résolue et que ce sommet demeure celui des bonnes intentions. Mais ce nouveau défi confirme que Nicolas Le Petit veut apparaître comme l’homme de l’Union des bonnes volontés. Après l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), l’Union sacrée pour le Liban où il avait réussi à emmener tous les chefs des partis politiques qui comptent en France dans un grand élan pacificateur, la présente Union pour la Méditerranée (UPM) et l’Union pour le pouvoir d’achat… Ah ! Non, cette dernière n’est pas encore à l’ordre du jour de notre champion du « Purchasing Power » ! Il nous reste toujours le PMU pour tenter d’arrondir nos fins de mois difficiles. En vérité, comme pour ce qui est de sa politique de large ouverture à gauche, il n’a de cesse de faire l’union autour de lui et pour son propre compte.
Sa devise pourrait être « Un pour Tout, Tous pour Moi ! » (Non, non ! Je n’ai pas dit « nain partout, tous pourris ! » bande de petits malins).
Malheureusement Nicolas Le Petit et sa nouvelle croisade semblent incompris par les siens. Pas simple d’être un pro fêté en son pays. Les Français sont fiers d’avoir refait le monde en 1789 et portés haut et fort les valeurs de la République démocratique et des droits de l’homme tel un flambeau éclairant le monde pour lui monter la voie, un peu comme le flambeau olympique… Sic ! Aujourd’hui, ils se sentent comme « compromis ». Et puisque chose promise, chose due, ils se demandent comment ils vont se faire… duper ?
Ils en veulent à Nicolas et sont légitimement inquiets des suites de ce projet d’UPM qu’ils ne comprennent pas ! Ils redoutent peut-être de devoir renoncer à leur goût prononcé pour la caricature et la franche déconnade. Mais ce qu’ils craignent par-dessus tout est d’être un jour dans l’obligation d’ôter leurs chaussures à l’entrée des mairies. Pourquoi cette angoisse me direz-vous ? Probablement à cause de leur hygiène douteuse.
C’est pourquoi ils râlent et ruent dans les brancards à tous propos, sans attendre d’en savoir plus, et honnissent Nicolas tant il est vrai que « cons promis, conspuent ! »
Mais la question essentielle, celle qui passionne les foules sentimentales, demeure :
« Est-ce que l’Empereur Nicolas Le Petit fera de son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, la nouvelle Cléopâtre ? » Patience ! Nous le saurons bientôt.
Attendons la suite de cette sagace saga.
T. REX
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