Paradoxes emmêlés
La balle au bond d'une touche.
Il est un sport qui se gargarise de mots, d'expressions et d'excès en tous genres. Découvrir cet univers c'est d'abord se heurter à la complexité de ses règles et usages tout autant que s'étonner de l'excentricité de ses adeptes et la déraison de ses débordements. Il peut ainsi provoquer le rejet ou tout au contraire susciter une passion folle. Chaussons des mules pour entrer dans ce monde aussi interlope qu'ovale.
L'évolution du jeu s'autorise même de nouvelles formules qui aiment à se jouer de la métaphore. C'est ainsi que dans le trafic, certains tentent de franchir la ligne avant que d'être stoppé net par un bouchon tandis que d'autres débordent en prenant les extérieurs tout en faisant en sorte d'éviter les collisions.
On nous dit également que pour éclairer le jeu, la chandelle s'impose alors qu'une partie de ping-pong risque fort d'étirer les lignes afin de parvenir à percer les rideaux dans le désordre. Le béotien ne comprend rien alors à ce discours qui trouble les esprits et provoque de temps à autres des commotions cérébrales.
Ensuite, il y a lieu de s'interroger sur ces drôles de lascars qui placent la fourchette au niveau des yeux tandis que la cuillère se place dans les talons pourvu qu'ils soient au niveau de l'estomac. Dans un tel cas de figure, il n'est pas simple d'accepter que la troisième mi-temps puisse être l'incontournable rendez-vous de ces sportifs qui placent la convivialité au rang de valeurs incontournables.
On touche alors la mêlée qui s'évertue à pondre un ballon afin que les gazelles puissent l'exploiter de manière optimum. Nous avons là un cas de figure qui pose problème pour qui entend ne pas battre en neige des adversaires qui sortent de leur coquille. Le rugbyman est alors dans une posture équivoque qui fait de lui un représentant du coq qui monte sur ses ergots et de la poule qui pond un ballon à bonifier.
La touche elle aussi sème le trouble dans le vocabulaire ordinaire puisque le lifteur reste les pieds sur terre tandis que le sauteur est propulsé en l'air pour s'emparer de l'éteuf. On peut alors s'interroger sur cette façon de saisir au bond un ballon qui s'offre ainsi au plus gourmand. S'envoyer en l'air est alors une manière de se donner au plus coquin.
La mêlée quant à elle est l'expression absolue de ce qui met en péril la parturiente avant de pondre un ballon propre à une ouverture plaisante. Le demi de mêlée quoique frêle s'inscrit dans la cohorte des trois quarts qui laissent la part du lion au gros mais néanmoins introduit les débats par la poussée des bourriques qui s'offrent un duel sans merci pour pondre un bon ballon aux gazelles disposées à éclairer les débats.
Comble de toute chose, l'éteuf qui sert d'enjeu pour le belligérant n'est pas rond. Prendre alors la balle au bond devient fort complexe d'autant plus que les faux rebonds sont plus nombreux que ceux qui vont dans le sens attendu. L'ovalité constitue ici la quadrature d'un cercle qui se moque d'en connaître un rayon tout en prenant cette vessie pour une lanterne...
Les règles de ce jeu sont définitivement obscures et désespérément énigmatiques. Le directeur du jeu a le plus souvent des décisions qui coupent le sifflet des observateurs des joutes qui opposent deux adversaires prêts à en découdre. Pourvu que la cabane ne tombe pas sur le chien alors que les cochons sont dans le maïs, tout va pour le mieux dans ce monde qui réglera véritablement ses contentieux lors d'une troisième mi-temps qui se déroulera loin des regards inquisiteurs des béotiens ordinaires.
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON