Parce que la Loire !
La semaine du bonimenteur

Petites brèves ligériennes …
Ma vie se déroule désormais entre un travail que je subis sans enthousiasme ni satisfaction en cette fin d'année et une rivière qui ne cesse de me rouler des œillades. Je passe le plus clair de mon temps libre en compagnie de cette passion dévorante. Je me laisse engloutir avec délectation. La belle dame Liger me tend les bras, je succombe avec un bonheur à ces appels du pied. Chaque jour ou presque, une petite histoire à vous conter !
Lundi, il y a un gros chantier. Les bateaux de bois demandent un entretien incessant. Ils vieillissent bien trop vite à notre goût, prennent l'eau du ciel et pas seulement, pourrissent en certains endroits. Il faut refaire le pont, colmater une fissure, changer une bordée. À Orléans, tout se complique car nous ne disposons pas d'une cale pour sortir nos vieilles embarcations pour les soigner sur place. C'est ainsi qu'il faut faire avec, faire avec les moyens du bord !
Mardi, une visite chez l'ami Casimir, chansonnier de Loire. Mélodiste de talent, chanteur crooner, il met en musique quelques petits textes que j'ai commis sur la rivière. Je suis à chaque fois ému et admiratif de son travail. Ces mots que j'avais glissés sur le clavier prennent vie. La chanson, c'est vraiment miraculeux. Naturellement, ce sont des textes qui naviguent sur l'eau et l'histoire, les sentiments et la farce marinière. C'est si agréable que nous envisageons désormais d'enregistrer un CD. Une folie sans doute !
Pour redescendre sur terre, une petite balade, rien que pour le plaisir. Il n'y a rien d'extraordinaire mais la dame nous fait de l'œil avec ses grosses eaux. Quelques minutes sur l'onde pour oublier les soucis de la journée de travail ou calmer l'exaltation provoquée par les chansons. C'est un bol d'air, quelques instants qui abolissent le temps et la vie trépidante de ces temps chagrins. La rivière, ses hôtes, le vent et les flots qui grondent, du bonheur pour tout oublier !
Mercredi, oh bonheur gourmand, le vent souffle à l'ouest. Les messages se succèdent : « Ça Galarne ! ». En langage marinier, l'invite est explicite. Il faut bien vite se retrouver sur le quai pour lever le torchon. Je ne peux me soustraire à cet appel du large. C'est plus fort que moi, un retour en enfance, un petit brin de folie. Un bon grain rince ma précipitation mais ne m'arrête nullement.
Nous nous retrouvons une fois encore à batailler avec la dame, à chercher la bonne risée pour passer sous nos ponts. La Loire est haute, nous n'avons pas même pris la peine de vérifier la côte. Insouciants, nous filons toute voile gonflée. Est-ce que nous allons passer ? Il est trop tard pour reculer, nous passons grâce à quelques centimètres qui nous sauvent de la grosse catastrophe. La vidéo du capitaine fait le tour des amis.
Jeudi, notre bonheur fait grise mine. Le bateau des chalandiers : « Le Marigny » doit quitter le quai. Nous savons qu'une cane couve sous le pont. Nos amis doivent pourtant déplacer leur belle toue cabanée. Après quelques manœuvres empruntées, le Marigny prend le large. La mère couveuse s'envole, affolée. Le bateau s'éloigne … Quelques minutes plus tard, sur le quai, monsieur et madame canard traînent leur misère. Nous les voyons tourner en rond là où se tenait leur abri. Nous en avons mal pour eux. Qui peut prétendre que les animaux n'ont pas de sentiment ?
Vendredi, repas au restaurant de Loire. Nathalie a pris une de mes élèves en stage. Je me fais servir par cette jeune fille qui découvre le métier. Elle est nerveuse à l'idée de s'occuper de son professeur. C'est normal, elle est jeune, elle n'a aucune expérience. Elle a aussi beaucoup de mal avec l'orthographe. Ma commande est illisible, il lui faudra absolument faire des progrès si elle veut embrasser ce métier qui semble vraiment lui plaire …
Vendredi encore, je me retrouve derrière un microphone. « L'écho des mariniers » sur France Bleu Orléans enregistre une série de numéros pour son rendez-vous hebdomadaire. J'évoque, à propos du Festival du mot de la Charité, le folle aventure de la base d'hydravions en cette ville de 1925 à 1939. Une dernière histoire de Loire avant le long sommeil de la seconde moitié du vingtième siècle. Un récit épique ça va de soi !
Samedi, nous embarquons pour conduire des promeneurs au marché. Le canal rouvre ses portes, pardon son écluse. Nous y retrouvons nos amis de Combleux, venus pour l'occasion. Après de long mois de travaux pour renforcer les berges côté Loire, le canal retrouve un peu de vie. Nous ne pouvions manquer cette occasion. Faire le marché en bateau est un vrai plaisir, chacun nous fait le meilleur accueil.
L'après-midi, c'est une nouvelle équipée sur la Loire. Nous embarquons un groupe de passagers qui s'est inscrit pour découvrir les herbes sauvages comestibles de nos îles. Nathalie est une experte dans ce domaine, elle est à l'initiative de cette belle sortie. Je glisse quelques histoires sur le bateau avant de laisser notre docteur es écologie prendre le relais à terre.
Dimanche, un groupe cosmopolite de scientifiques venu en symposium au BRGM, est à notre programme. Ils ont choisi de prendre un apéritif sur une terrasse des bords de Loire et nous les conduisons par petits groupes de 12 personnes à la découverte de la rivière. Le bonheur du partage, le plaisir de la convivialité, c'est ce qui nous pousse à rester ainsi sans cesse en contact avec cette magnifique rivière. Tout ceci que pour la beauté du geste, l'envie de communiquer notre passion.
Voilà une semaine de Loire, une semaine un peu plus chargée que les autres. C'est un plaisir sans cesse recommencé. Une passion que nous vivons à côté de nos activités professionnelles. Si vous voulez vivre un petit moment avec nous, venez nous rejoindre. On vous attend sur le bord de notre quai. À bientôt !
Hebdomadairement vôtre.
19 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON