Pédaler dans la choucroute

Le jarret défaillant …

Nous sommes ici redevables aux cyclistes qui ont toujours eu l'art d'user d'un langage fleuri et imagé et grâce aux rois de la pédale, nous pouvons user de cette belle expression pour laquelle je vais devoir patauger dans un océan de perplexité pour en tirer matière à chronique. Le risque est grand de rester collé au goudron. Je relève le défi sans bien savoir où je vais.

Me faudra-t-il changer de braquet ou bien faire l'andouille pour parvenir à mes fins sans dérailler ? Le défi semble de taille et j'entends me mettre en selle sans tarder pour le nez au vent, parcourir avec Paulette tous les possibles que nous offre cette belle formule idiomatique dussé-je connaître l'enfer tel un forçat de la route.

Pédaler ici, suppose de ne pas confier à une quelconque assistance électrique ou nucléaire le plaisir d'aller de l'avant pour baigner dans la saumure. Il convient alors de rester sur les dents, de bien caler ses pieds et surtout de ne pas se tromper de sens de rotation. Avoir la jambe alerte semble un impératif d'autant plus qu'il convient de se rendre prestement en Alsace.

Au pays des cigognes, avoir de grands compas facilitera sans nulle doute le déplacement à condition d'avoir un coup dans l'aile. Encore ne faut-il pas tomber dans les choux, surtout s'ils sont paumés. Je sais, je m'égare à tenter de vous mettre sur le chemin de la lactofermentation, ce pot alsacien qui dope le légume pour améliorer ses performances digestives.

Le tubercule cher à Parmentier devra sucer les roues pour parvenir à se glisser dans le peloton en compagnie de saucisses, jarrets, petit salés et autres délices charcutiers. Pas question ici d'aller en chasse patate pour boucher le trou, vous risqueriez de rester sur votre faim. Quant à mettre de la bière dans votre bidon, tout dépendra de votre degré de motivation.

Attention cependant à ne pas vous lancer dans l'aventure par forte chaleur. Si le bitume croûte, que fera le chou ? On peut s'interroger tandis que pour vous faire lanterner, je mets les pieds dans le plat en ajoutant une queue de cochon. Sa forme en tire-bouchon permettra de faire la grande boucle autour du ballon d'Alsace, un verre à la main pour ce merveilleux sport de chambre à air…

Illustrant à merveille le sujet de cette laborieuse chronique, je pédale véritablement dans la choucroute pour parvenir à mes fins et vous faire toucher du doigt de pied le sens de la formule. Il convient alors de s'étonner que la faim justifie ici les moyens ce qui risque de ne pas vous transporter d'aise. On pourrait alors sauver la face en abandonnant la bicyclette au profit d'un pédalo qui autoriserait le lecteur à préférer une choucroute de la mer.

Au creux de la vague, le coup de pompe permettrait de rester à flot tandis que sans garder la chambre, vous n'aurez pas besoin de tuba pour avoir l'air. Ne plus rien avoir dans les socquettes n'empêche nullement d'hériter d'une paire de palmes pour qui en connaît un rayon. Il s'agira alors de terminer l'épreuve en roue libre, d'écrire n'importe quoi sans que l'indispensable moutarde ne vous monte au nez.

À défaut de roue, au terme de ce pensum, vous vous sucerez les doigts en achevant ce périple vélocipédique en ajoutant quelques grains de poivre et de genièvre pour la bonne bouche. Ne vous restera plus qu'à franchir la lignée d'arrivée en levant les bras au ciel sans rien avoir compris de ce texte qui s'achève en queue de poisson.

Je crains à la relecture d'être quelque peu sorti du cadre, de m'être fait la belle par rapport au projet initial qui à vrai dire, était des plus flou. Ma langue a sans doute fourché et c'est les mains sur les cocottes que j'entends éviter les nids de poules qui jalonnent mon parcours sur les petits chemins de terre. Faute d'avoir fait le tour de la question, je mets ici pied à terre avec la fille du facteur. Jetons un voile sur la fin de cet épisode avant que nous ne nous prenions notre pied de cochon dans les roues.

Tableaux de Vladimir Egorovic Makovsky

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