Plus fort que Champignac !
On connait le comte de Champignac, personnage de BD inventé par Franquin, et qui grâce aux champignons, a mis au point quelques inventions remarquables : produire de la lumière, faire fondre une armée entière, donner une force considérable à n’importe quel humain, décupler l’intelligence de celui-ci...
Il pourrait bien être dépassé sous peu car, en effet, le champignon s’invite dans beaucoup de domaines scientifiques auxquels on ne s’attendait pas, c’est la mycotechnologie. lien
On connait près de 90 000 espèces de champignons, mais leur nombre est estimé à plusieurs millions.
On connaissait déjà son importance pour le vin, la bière, le pain, le fromage…, puisque ce sont des champignons qui permettent la production de ces produits de base, et qui ont aussi permis la fabrication de la pénicilline et des antibiotiques.
Ajoutons pour l’anecdote que l’effet antabuse provoqué par le coprin noir d’encre permet aux alcooliques de se guérir de leur addiction. lien
Les champignons sont aussi la garantie de santé d’un arbre, car ils se nourrissent de leurs exsudats racinaires, ces excréments que l’arbre rejette par ses racines, et nourrissent à leur tour l’arbre lorsqu’ils meurent. lien
Mais aujourd’hui, les champignons vont aller beaucoup plus loin : ils peuvent s’attaquer à la pollution, aux radiations nucléaires, purifier et régénérer les sols, permettre la production d’insecticides biodégradables, créer de nouveaux matériaux, et de nouveaux médicaments.
C’est ce qu’affirmait Idriss L.Aberkane dans un article récent paru dans « le Point ». n°2201
Eben Bayer et Gavin McIntyre avait utilisé, il y a déjà 15 ans le mycélium du champignon pour produire un bioplastique révolutionnaire qui sert à protéger les objets fragiles comme les écrans plasma, ou au transport des meubles... lien
Ce jeune chef d’entreprise de 26 ans développe ainsi dans sa petite entreprise de 60 employés crée à Green Island, à New York, tout une gamme de matériaux à base de mycélium de champignons, polymère naturel, pouvant remplacer le polystyrène, biodégradable, renouvelable, ininflammable et permettant ainsi de se passer du pétrole, ce qui lui a permis de remporter un prix de 750 000 $. lien
Ainsi un cube de 33 cm de coté remplace 1,5 litre de pétrole, ce qui représente une notable économie. vidéo
Dans le domaine de la santé, de grosses avancées sont faites, et comme le déplore Thomas Falzone, président de GFVS (société suisse pour les champignons vitaux) regrette que « les vertus des champignons médicinaux nous sont malheureusement peu connues en Europe » alors qu’en Asie, cette connaissance est inscrite dans leur culture, puisqu’il y a plus de 2000 ans qu’ils sont utilisés pour guérir.
On savait déjà que les champignons étaient riches en protéine, et sources importantes de vitamines : la vitamine D qui rend le calcium disponible dans le sang, la B5 qui optimalise l’énergie des aliments que nous ingérons, la B2 qui contribue à la croissance et à la réparation des tissus, la B3 qui participe entre autres au processus de formation de l’ADN et de caroténoïdes, riches en canthaxanthine, un antioxydant. lien
le Lentinane, substance tirée du Shiitake, ce champignon que l’on trouve dans la cuisine asiatique sous le nom de « champignon parfumé », (lien) ou le Ganodermin, issu du Ganoderme luisant, sont utilisés dans les thérapies anticancéreuses au Japon, car comme l’affirme Reinhard Saller : (directeur de l’institut de médecine naturelle de l’hôpital universitaire de Zurich) : « ces substances soutiennent le système immunitaire et peuvent ainsi restreindre la croissance des tumeurs et des métastases ». lien
Mais ce Ganoderme luisant n’agit pas seulement pour soigner le cancer, mais aussi l’asthme, la sénilité, la fatigue chronique, l’hypothyroïdie, la bronchite chronique, les hépatites infectieuses, l’ostéoporose, le diabète, l’arthrite, les poumons, les muscles, et les fonctions sexuelles. lien
Quand au Shiitake, grâce à son AHCC (Active Hexose Correlated Compond) il serait capable de détruire le virus du papillomavirus humain et donc de prévenir le cancer du col de l’utérus. lien
L’autre bonne nouvelle est que le Shiitake se cultive très facilement, y compris dans sa propre cuisine. lien
Intéressons nous maintenant à Paul Stamets, ce célèbre mycologiste, qui annonce à la cantonade : « il faut investir dans les champignons », convaincu qu’il pourrait sauver le monde, et qui lutte pour mettre un terme à la mauvaise réputation dont ils sont l’objet.
Ils sont assimilés à ces moisissures qui poussent un peu partout, à ces maladies qui se développent entre nos doigts de pieds, et ailleurs, et pour lui, nous allons bientôt quitter l’ère industrielle pour entrer dans celle des champignons. lien
En effet, Philippe Silar, généticien et spécialiste de la microbiologie, s’intéresse aux propriétés chimiques uniques des champignons, qui grâce à leurs enzymes détoxifiantes, sont en mesure de nettoyer les sols pollués car si leur action la plus connue est de dégrader et digérer les matières mortes grâce à leurs enzymes, le Podospora Anserina, qui est étudié par le laboratoire de Philippe Silar, libère une enzyme spéciale qui réagit en présence de l’aniline, cette substance dont les dérivés se trouvent dans les polluants organiques provenant de l’industrie chimique (pesticides, médicaments).
Les essais réalisés par le laboratoire ont démontré qu’une décontamination très efficace des sols pollués pouvait être réalisée en un temps record…quelques heures.
Or le Podospora Anserba fait partie des 2000 champignons présents principalement dans les excréments des animaux herbivores, ce qui proposer à Philippe Silar une méthode ancestrale : « au lieu de débuter une production industrielle, on pourrait simplement commencer par traiter les champs pollués avec du crottin de cheval, par exemple, puisque le champignon est présent dans les excréments. il suffirait d’introduire un peu de ces champignons dans la nourriture et ils seraient fonctionnels une fois rejetés. C’est une solution facile ».lien
Un autre découvreur a pour nom Paolo Lugari.
En conjuguant les effets d’un pin des Caraïbes et d’un champignon, il a réussi à faire reverdir des milliers d’hectares de désert en Colombie.
Son projet commencé dans les années 80, et son chantier de régénération des forêts à Las Gaviotas et comme l’écrit Richard E.White, professeur émérite de l’astronomie au Smith College de Northampton, dans le Massachusetts : « le rêve éveillé de Lugari et ses collègues colombiens brille comme une lueur d’espoir dans un monde troublé ». lien
C’est cette même approche qui a été effectué au Maroc, grâce à Rachida Nouaïm, professeur spécialiste en agroforesterie, qui a réussi à réimplanter des arganiers, après des tentatives infructueuses portant sur des dizaines de milliers de plants, ayant constaté la nécessité de lier des champignons mycorhiziens à ces plants pour assurer la reprise des arbres et le succès de cette culture. lien
Quand on sait l’importance du marché lié à l’huile d’argan, l’une des huiles les plus chères du monde, et parmi les plus essentielles pour notre santé, on comprend l’enthousiasme des populations touchées par cette réussite.
Jusqu’à 350 € le litre, il y a de quoi faire remonter sérieusement le niveau de vie des habitants de ces contrées arides souvent frappées par la précarité. lien
On pourrait aller encore un peu plus loin avec les champignons, car d’une certaine manière, ils interviennent dans un nouveau procédé : la fabrication de carburant à partir de phytoplancton, expérience réussie à Alicante et qui donne toute satisfaction depuis 2010.
Or le lichen est un peu « le champignon de la mer », car par sa présence, il permet aux végétaux plus exigeants de se développer. lien
Le lichen, doit son apparition il y a 600 millions d’années aux gouttelettes d’eau apportées par le vent : des micro-algues grâce à leur chlorophylle absorbent le gaz carbonique de l’air et par photosynthèse fournissent aux champignons la nourriture carbonée dont ils ont besoin. lien
Cette étonnante association entre un champignon et une algue s’appelle une symbiose, principe que l’on retrouve aussi avec la plupart des autres champignons.
Or c’est a peu près ce qui se passe à Alicante ou se trouve la première usine au monde de biocarburant à base d’algues laquelle n’a besoin que de 3 éléments : du phytoplancton, du CO² et un bon ensoleillement.
Elle prélève le CO² dans une cimenterie proche, et produit 230 000 barils/an, au prix de 30 € le baril (lien) soit moitié moins cher que le prix du baril traditionnel. lien
Les 32 cimenteries françaises sont autant de sites qui permettraient ce type d’installation, et pourraient produire plus de 7 millions de barils/an. lien
Comme on le voit, le champignon est en train de faire une entrée fracassante dans notre monde, car non seulement, il participe à l’amélioration de notre santé, mais il économise du pétrole, fertilise des terres arides, dépollue les sols, et ce n’est peut-être pas fini, car comme disait mon vieil ami africain : « la forêt qui pousse fait moins de bruit que l’arbre qui tombe ».
L’image illustrant l’article vient de « blogues.lapresse.ca »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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