Que regarder ce soir ?
Demandez le programme ....
Est-ce l'effet de la nostalgie, du gavage médiatique, de l'usure du temps sur la curiosité ou bien encore la lassitude devant la magie évaporée du petit écran mais choisir un programme devient impossible de manière inversement proportionnelle à la quantité des propositions à notre disposition.
Plus l'offre est grande , plus affligeante se fait la médiocrité des programmes . Les séries ont la part belle et j'avoue mon peu d'appétence pour ce genre qui désire enchaîner sa proie aux frasques de héros si peu crédibles. Je n'ai rien à faire de ces personnages que jamais je ne croiserai dans la vie réelle. Je ne suis pas une ménagère de cinquante ans : il est clair que les diffuseurs ne se préoccupent pas de moi. Les dialogues sont plats, les situations pitoyables, les acteurs si peu convaincants.
Les films disparaissent des chaînes : c'est du moins le sentiment que me donne la lecture fastidieuse de ces nouveaux labyrinthes que sont devenus les magazines de télévision. Il faut être expert en balistique pour se repérer dans cette avalanche de sigles, de numéros, de codes et d'indications. Le pauvre téléspectateur occasionnel n'a aucune chance de comprendre à quelle enseigne se vouer et, quand il repère une offre alléchante, il découvre, à son grand regret, qu'il ne bénéficie pas de l'abonnement adéquat. Il lui reste éventuellement des navets ou des films vus et revus jusqu'à la nausée.
Le théâtre, tout comme le spectacle vivant, ne semble pas trouver grâce auprès des diffuseurs. C'est le vide sidéral pour l'art, l'intelligence, la création et la réflexion. Autant de qualités qui doivent effrayer les vendeurs d'espace publicitaire. Si vous voulez découvrir de nouveaux talents, si vous aimez les auteurs classiques, si vous avez envie de vous enthousiasmer pour autre chose que des produits factices, des chanteurs ou des chanteuses choisis sur catalogue, vous devez aller au spectacle ; la télévision ne défend que la médiocrité et les intermittents à la mode Medef.
Les débats, les émissions culturelles, les rencontres entre un témoin et un journaliste qui s'intéresse plus à son client qu'à lui-même, sont repoussés aux heures de fin de soirée. Seuls les insomniaques ont la possibilité de s'instruire sur leur petit écran. Je sais que l'on va me dire que j'ai toujours la possibilité d'enregistrer ce qui devrait me séduire. Mais, avouons que faire cette démarche, ce serait accorder bien trop d'importance à cette télévision qui n'est qu'un bouche-trou occasionnel, une distraction d'opportunité.
Le sport pourrait constituer un spectacle acceptable s'il ne fallait pas supporter les commentaires insipides et niaiseux des journalistes sportifs, ces êtres décérébrés qui hurlent pour n'importe quoi, s'enthousiasment sur commande et vous imposent des propos d'une banalité consternante quand ce n'est pas d'un chauvinisme honteux. Le sport s'est, en plus, vendu aux chaînes payantes : il a fait allégeance avec les puissances de l'argent et décidé de se blottir dans les bras du Qatar. C'en est trop pour moi !
Alors, je renonce à passer ma soirée à me farcir l'autocélébration du cinéma après celle de la musique. La télévision en effet s'est spécialisée dans ce type de programmes qui n'ont rien à montrer, rien à apprendre, rien à fournir d'autre que le spectacle de la congratulation feinte, de l'émotion sur commande, de bons mots préparés dans les coulisses. Plus ce monde est douloureux, plus ceux qui échappent aux difficultés du quotidien doivent rire et s'exclamer, sortir des fadaises et des truismes pour divertir le bon peuple à assoupir. C'est à vomir !
Il y a bien longtemps que la télévision ne sert plus à rassembler une grande majorité de Français autour d'un programme commun. Elle s'est multipliée dans les familles au point de s'imposer dans toutes les pièces d'une maison moderne. Nous sommes des dinosaures avec notre unique écran de petite taille … Pire même, elle trône en majesté dans la maison et se refuse à se taire quand des visiteurs font irruption. Bavarde impénitente, elle couvre de son bruit insupportable, de sa vaine jacasserie , les éventuelles conversations !
Devenue d'une insigne médiocrité, elle n'accueille que des gens triés selon des critères d'aseptisation et d'anesthésie de la conscience collective, quant elle déverse son flot d'une nullité incroyable, submergé, perdant pied, je ne trouve mon salut que dans la fuite, renonçant une fois de plus à m'abrutir avec mes semblables. C'est ainsi que devant l'écran vide de tout mouvement, je me replonge, avec une délectation sans pareille, dans la lecture de mon roman du moment. Rien ne remplace un bon livre, ce plaisir à nul autre pareil. Bonne nuit les amis, je vous laisse à vos émissions indigestes.
Littératurement vôtre.
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