RD Congo : des « chats sorciers » dans les villages
Le chat, animal domestique, est souvent utilisé, par de nombreuses familles congolaises pour nuire à la vie de leur voisins du village. Sa présence nocturne dans les parcelles voisines présage, pour des populations superstitieuses, une mort certaine d’un des membres de la famille.
Le chat, compagnon de la maison , animal adulé par de
nombreuses familles sous d’autres cieux, surtout en Occident ; animal aussi
choyé dans des familles riches en RD Congo, mais, dans les villages, la présence
d’un chat dans une famille suscite beaucoup de suspicion pour leurs propriétaires.
Avec la crise économique qui frappe le pays, la présence des
tels animaux dans une famille ne constituerait pas seulement, dit-on, un
certain mode de vie ou la recherche d’un compagnon à la maison, mais aussi
un moyen et un instrument de nuire à son entourage. Quand une famille ne
parvient pas à se nourrir, comment pourrait-elle nourrir ces animaux ? Nul
doute, pour les habitants crédules, que la présence de ce genre d’animaux
dans la maison ne serve qu’à cacher la sorcellerie et nuise aux voisins.
Dans presque tous les villages à travers la RD Congo, les
gens sont unanimes, malgré les coutumes différentes et tribus différentes, pour dire que
la présence des chats dans les maisons ne sert qu’à causer du tort à son voisinage.
Quand un enfant ou un membre de la famille est malade, il suffit qu’un chat
s’introduise dans une parcelle pour que le désespoir s’installe dans toute la
famille.
Souvent la personne malade ne survit pas au passage du chat
pendant la nuit. Certains chats imitent les pleurs et cris des enfants pendant
leur passage dans les parcelles des maisons et les pleurs nocturnes des enfants
présagent une mort certaine des enfants souvent à bas âge.
Dans le village de Mwenga, au Sud-Kivu, à 100 km de la ville
de Bukavu, certaines familles se sont organisées pour couper les arbres de
leurs parcelles ou pour boucher les passages aux alentours de leurs maisons
afin d’empêcher, en vain, aux chats de s’immobiliser longtemps sur leurs
parcelles et qu’ainsi ils soient vus facilement et capturés. Les chats se déplacent
maintenant sur les toits des maisons en tôles galvanisées et, pendant leur
passage, les familles ont l’impression que la maison va s’écrouler. Parfois,
les familles croient que ce sont les voleurs de nuit qui sont sur les toits,
alors que ce sont ces chats sorciers. Leur passage fait beaucoup de bruit pour
un animal qui pèse à peine 3 kg et qui suscite de fortes angoisses dans les
familles visitées. On dirait un homme sur un toit en train de danser. D’ailleurs,
le lendemain, tous les habitants du village laissent entendre qu’ils n’ont pas
dormi à cause des bruits de ces petits animaux sur leurs maisons. Ce passage
des chats provoquent souvent des insomnies chez les enfants pendant des nuits
entières ; il arrive même que les enfants perdent leur concentration en classe
parce qu’ils ont passé des nuits entières sans dormir. Si le passage de ces
chats n’arrive pas à causer la mort, comme disent les habitants des villages,
leur passage provoque souvent des maladies non compréhensibles pour de
nombreuses familles notamment des oreilles bouchées pour toute la vie, des
femmes qui n’arrivent plus à concevoir et avoir d’autres enfants, des hommes
qui attrapent de maux de tête interminables, des familles dont les enfants
deviennent malades régulièrement, des jeunes gens qui deviennent fous, des
familles dont les champs ne produisent plus de bonnes récoltes, des membres de
familles qui s’entredéchirent pour des histoires banales. Comme il est
difficile de savoir qui cherche qui et qui veut qui, les suspicions ne cessent
d’être dirigées vers les familles propriétaires des chats, accusées souvent de
nuire à leur entourage. Les habitants de certains villages en RD Congo ont
pris la décision de ne considérer, désormais, les chats comme un animal
domestique de compagnie, mais comme gibier à manger, afin d’empêcher certaines
personnes du village, de continuer à visiter leurs voisins pendant la nuit à
travers ces animaux de compagnie. Désormais, les chats qui traînent pendant les
nuits en dehors de leurs maisons sont considérés comme gibier et finissent
dans la plupart des cas dans les marmites des habitants du village. Une façon
pour les habitants du village de limiter la nuisance des certaines personnes
qui se déguisent en chat pour faire du mal à leur entourage. Dorénavant, il
vaut mieux ne pas posséder un chat chez soi, pour ne pas s’attirer les foudres
des voisins lorsqu’ un enfant ou un membre d’une famille vient de mourir. Les
habitants des villages pensent que la disparition des chats dans les villages
fera mettre au grand jour les véritables sorciers qui empêchent à de nombreuses
familles de retrouver la paix et la tranquillité pendant la nuit.
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