Terry Riley, la musique répétitive
J’ai découvert la musique étrange et envoûtante de Terry Riley dans une minuscule salle de concert parisienne au milieu des années 70.
Je crois bien que Pandit Prân Nath - à moins que ce ne soit Ravi Shankar - était de la partie, mais je n’en mettrais pas ma main au feu.

Le genre de musique totalement déconcertante, mais qui ne s’oublie pas, eu égard à l’ambiance assez pré-new age du récital et à son improbable durée. Pétard et duvet de rigueur à l’époque.
Inventeur du sampling avant l’heure, Terry Riley propose une musique hypnotique de type répétitive. En tournée, il travaillait à l’aide d’un harmonium rafistolé et d’un saxophone connecté à un enregistreur magnétique permettant de repasser en boucle un sample musical avec un effet retard (effet dit de "tape-delayed").
Mais c’est au piano qu’il invente et compose sa fameuse musique répétitive. Une explication peut-être à ce fameux courant minimaliste apparu en 1964, dont il est présenté comme l‘un des pionniers, bien que lui-même se situe plus clairement dans le courant psychédélique.
Titulaire d’un Master of Art de l’Université de Berkeley, Terry Riley a puisé une bonne partie de son influence dans la musique contemporaine expérimentale incarnée par La Monte Young et dans le répertoire indien, et plus précisément dans le chant classique indien de Pandit Prân Nath aux côtés duquel il se produira d’ailleurs dans bon nombre de concerts, après un long séjour initiatique en Inde.
Au début des années 60, sa route croisa à Paris celle de David Allen, le fondateur du mythique Soft Machine et celle de Chet Baker.
L’influence des deux est d’ailleurs palpable sur certains des morceaux de Terry Riley.
L’album In C ("en do majeur"), un opus écrit en 1964 sous acide, reste son meilleur fait d’arme, une musique adoptée immédiatement par les adeptes des premières nocturnes stroboscopiques.
Comme tant d’autres dans la période haute du psychédélisme, Terry Riley aura donc expérimenté le LSD. On peut se demander d’ailleurs qui du LSD ou de Terry Riley tient la baguette. Les deux peut-être ?
Dans les années 80, Terry Riley sera contacté par la Nasa pour composer pour la navette Voyager. Il est vrai qu’un opus comme Poppy Nogood and the Phantom Band n’aurait pas dépareillé dans un film comme 2001 Odyssée de l’espace.
Aujourd’hui âgé de plus de 70 ans, Terry Riley promène sa dégaine de grand prêtre dans les festivals de musique contemporaine ou mutante, où ses apparitions font sensation, auprès de la jeune génération notamment.
La particularité de la musique répétitive de Terry Riley est de nous procurer cette sensation unique de se sentir aspiré dans le tourbillon de ses notes et de s’y trouver comme dans son bain et, ceci, sans aucun adjuvant chimique.
Assez rare pour être signalé et... sans danger donc !
A voir aussi pour les curieux l’excellent reportage de l’émission Tracks :
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