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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Un froid de canard…

Un froid de canard…

 

Et pourtant ils ont le feu aux fesses.

 

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Les chiens ne m'en voudront pas mais il est temps de redorer l'image de nos amis les canards tandis que les premiers semblent réclamer à cor et à cri l'exclusivité du mauvais temps. Si aujourd'hui nos amis à quatre pattes sont des animaux de compagnie qui en cas d'intempéries, partagent la demeure de leurs maîtres, il en était tout autrement autrefois. Les malheureux devaient subir pluie, neige, gel en restant dehors comme des âmes en peine. C'est ce qui a du leur forger un caractère à leur image.

Les canards sauvages, qui n'ont jamais été des enfants du bon dieu, quant à eux doivent subir les mauvaises conditions sans la moindre prise de bec avec le grand créateur. Nulle demeure ne leur offre d'abri quand le froid entre dans la danse. Pourtant, contrairement à l'idée reçue, il ne leur arrive jamais de se trouver les pattes prisonnières de la glace, cette pensée saugrenue récoltant aisément la palme de la stupidité. Il convient de rayer d'un trait de plume cette mauvaise interprétation.

C'est nécessairement vers une autre explication que doit nous mener notre indispensable investigation. Canard et chien se donnant alors la patte pour être de concert, les malheureuses victimes de pratiques qui les opposent dans un duel à l'issue mortelle pour l'une des deux espèces.L'équité n'étant nullement de mise dans ce duel à armes inégales. Les uns et les autres n'ayant en l'occasion rien demandé pour se trouver au centre d'une activité qui se déroule aussi quand les conditions climatiques sont exécrables.

Le canard se chasse à l'affût. Le prédateur humain, honteux sans doute de son noir dessein, se dissimule sournoisement dans une cabane en bois, postée sur l'étang, la rivière ou le lac qu'on nomme « tonne ». Le problème avec cette pratique cynégétique c'est qu'elle est de loin la plus immobile de toutes celles qui visent à mettre du plomb dans la tête à un tiers. Quoique fort bien équipé de vêtements chauds et confortables, le chasseur disposant ainsi d'un avantage conséquent par rapport aux autres animaux, le malheureux sent venir l'engourdissement et l'onglée par grand froid malgré tout ce qu'il peut avaler pour lutter contre l'hypothermie quoique ici, il ne s'agisse nullement d'une traque à l’hippopotame ....

Certains diront alors de manière quelque peu graveleuse qu'ils se les gèlent, affirmation présomptueuse qui attesterait d'attributs qui doivent leur manquer pour se lancer dans une pratique qui cumule les pièges sournois. Mais ne jetons pas de l'huile sur le feu, les esprits risqueraient de s'échauffer sur un sujet aussi sensible.

Ce sont donc nos amis les humains munis d'un fusil qui souffrent de ce froid à pied (à fusil) fendre. Ce fameux froid de canard ne concerne pas le palmipède qui lui, tout au contraire, se trouve sous le feu de ceux qui grelottent. Le renversement des rôles est saisissant d'autant plus, que comble de fourberie, des appeaux sonores singeant des compères à l'arrêt attirent les futures victimes, qui viennent tenter l'aventure d'une rencontre plaisante.

Une fois posés à proximité de ce leurre, ils ont chauds aux plumes dans la mesure où le sang qui coule provoque provisoirement une douce quiétude avant que l'engourdissement mortel ne les saisisse. C'est alors aux chiens d'entrer en action mais également dans l'eau glacée pour aller porter leurs trophées à ceux qui ne se mouillent en aucune façon.

Fort de ces explications, un tantinet de mauvaise foi, et reprenant la balle au bond, nous devrions retenir la leçon et ne plus jamais évoquer cette expression fallacieuse. Il conviendrait de dire désormais « qu'il fait un froid de chasse aux canards ».

Avec un tel billet, je risque fort à mon tour, de me retrouver le bec dans l'eau et ne plus jamais être convié à animer la fête de la Sange à Sully-sur-Loire, le grand rendez-vous festif des chasseurs et des pêcheurs de tous poils qui se tient début septembre, justement pour éviter si possible le temps de chien et le froid de canard. Mais je continue d'explorer le sens des mots, n'en déplaise à ceux qui ont la gâchette plus facile que la maîtrise de la langue.

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11 réactions à cet article    


  • juluch juluch 11 janvier 16:07

    Apres les canidés, les palmipèdes...

    A l’orange je préconise ne déplaise à Donald... le neveu de Picsou bien sur.

     smiley

    A quand le loup Nabum...


    • C'est Nabum C’est Nabum 11 janvier 20:23

      @juluch

      $souvent il a eu son conte


    • babelouest babelouest 13 janvier 06:30

      Eh ! Nabum m’en bouche un COIN !

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