Combat d’Ormoy-Villiers. (11 Juin 1940)
Le 11 Juin, à 10 heures, la 2e section de la 2e compagnie du 30e bataillon de chasseurs à pied arrive, après une marche de nuit de 40 kilomètres, à la station de chemin de fer d'Ormoy-Villiers, qu'elle reçoit la mission d'occuper et défendre.
La station forme un point d'appui en saillant sur la ligne principale. La section s'organise aussitôt. Elle est renforcée d'un groupe de mitrailleuses et d'un canon de 25.
Dès 15 heures, les chars ennemis apparaissent. Ils avancent avec prudence, reconnaissant l'emplacement de la défense ; ils en évaluent la puissance et repartent sans plus insister. A 16 heures un violent bombardement d'artillerie se déclenche. Bientôt l'infanterie allemande entre en ligne. Elle représente l’effectif d'un bataillon.
L'adjudant-chef Fournier, avec un sang froid parfait, laisse l'ennemi progresser jusqu'à proximité de la station et ouvre brusquement un feu brutal. Les pertes ennemies sont considérables. L'attaque s'arrête net, brisée de front.
Cependant les troupes allemandes, sur le flanc gauche de la section, ont réussit à déborder la défense. Des patrouilles ennemies s'infiltrent dans le village à l'arrière des défenseurs. La section fait front dans toutes les directions. Formée en carré elle tient sans défaillance, entretenant un feu intense et tenant l'ennemi en respect, bien qu'elle soit encerclée.
Déjà la contre-attaque se dessine. Le groupe franc du 30e bataillon de chasseurs à pied accourt à la rescousse pour dégager les camarades encerclés. Sous les ordres du lieutenant Godinot il atteint le village, y pénètre.
Tout à coup le lieutenant Godinot se trouve face à face avec une patrouille ennemie commandée par un lieutenant. Un rapide duel au pistolet s'engage entre les deux officiers. Atteint à coté du cœur le chef allemand s'écroule . Le groupe franc fait deux soldats prisonniers. Les autres se replient. Le village est dégagé.
A présent la nuit est tombée. Aux créneaux, derrière les barricades, dissimulés aux fenêtres des maisons, les chasseurs veillent.
Soudain, dans l'obscurité, des détonations éclatent ; aussitôt de partout la fusillade crépite. Elle dure un certain temps, puis s'éteint, renseignements pris c'est un tank ennemi qui, profitant de l'obscurité totale, s'est avancé jusqu'à l'endroit où le canon 25 est en batterie. Il a mitraillé à bout portant les servants, en tuant un et en blessant deux. Mais la réaction a été immédiate, l'ennemi n'insiste pas.
Le reste de la nuit se passe dans un calme relatif, coupé de temps à autres d'alertes et de fusillades.
Dans la journée du 12 l'attaque reprend. Pendant toute la journée, cramponnés à la position, les chasseurs de la 2e section résistent à tous les assauts de troupes infiniment supérieures en nombre et en armement. Le bombardement ne peut rien contre obstination. Deux fois la section se trouve à nouveau presque complètement encerclée. Elle continue à faire feu de toutes ses armes sans la moindre idée de repli. L'ennemi, visiblement, commence à désespérer de passer. Devant les maisons écroulées, les murs en ruine, où tient toujours la section, plus de cinq cents cadavres à présent sont couchés. Et de nouveau la nuit tombe.
Quant à 22 heures elle reçoit l'ordre de se replier, la section de l'adjudant-chef Fournier évacue la position, elle se retire dans le plus grand ordre. Elle ne laisse ni un homme, ni un blessé, ni une arme entre les mains de l'ennemi.
Pendant 36 heures la 2e section de la 2e compagnie du 30e bataillon de chasseurs a pied a tenu sa position. Grâce a sa résistance héroïque, le dispositif du bataillon n'a pas été entamé d'un pouce. Elle s'est montrée digne des traditions de l'arme.
Extrait tiré du livre « Mémorial de France », faits d'armes recueillis pas André-Paul Antoine.
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