“Fils de la Nation” de Jean-Marie Le Pen
Jean-Marie Le Pen nous livre finalement ses mémoires. Il était temps. Une forte tête qui a été depuis toujours instrumentalisée par les blocs gouvernementaux gauche-droite confondues, afin de l'empêcher à n'importe quel prix de jouer un rôle politique majeur en France.
La discrimination dont il a toujours été l'objet a fait de lui un homme “diabolisé” par le front commun des gouvernants. Cela continue aujourd'hui, bien qu'à la retraite et ayant atteint l'âge de 89 ans.
On peut se demander si ce “diable d' homme” jovial et bon parleur est aussi dangereux qu'on le laisse entendre ? Au point de mériter un tel ostracisme toute sa vie durant ? Cet acharnement continuel attise la curiosité d'en savoir plus sur cet homme qui échappe à toute formatation. Qui est-il ?
D'après ses mémoires, Il a eu une vie peu commune : pupille de la Nation à la mort de son père à la guerre dès 1942, il fit des études universitaires de droit à Paris où il obtientra une Licence en 1948 puis plus tardivement en reprenant ses études interrompues pour travailler, un Master en Sciences Politiques en 1971. Il fut élu président de la Corpo de Droit (l'association des étudiants de l' époque) dès 1949 et devint le directeur éditorial du journal corporatif “La Basoche” jusqu'en 1951.
En février 1953, il sollicita le soutien du président de la République Vincent Auriol afin d'organiser le déplacement d'étudiants volontaires pour porter assistance aux populations sinistrées lors d'inondations aux Pays Bas. Parallèlement à ses études, sa bourse d'études ne suffisant pas à le faire vivre, il travailla partout où il trouva un emploi : marin-pêcheur, mineur de fond, métreur d'appartements, facteur...
il participa à la guerre d' Indochine en 1954, où il fut sous-lieutenant dans le 1 er régiment étranger de parachutistes, sous les ordres de Hélie de Saint-Marc. En octobre 1956, il quitta pour six mois les bancs de l'Assemblée Nationale pour s'engager dans son ancienne unité avec lequel il participa comme chef de section au débarquement à Port Fouad en Égypte puis à la bataille d'Alger.
Il fut remarqué par le général Massu pour avoir enterré des soldats musulmans selon leur rite au lieu de les jeter à la mer. En 1970, le leader du FLN Krim Belkacem lui confia que ce geste lui a évité d'être tué par les fellaghas. En 1956 il est présenté à Pierre Poujade par le président des Anciens d'Indochine. Il postule alors aux élections législatives du 2 janvier 1956 et fut élu à 27 ans, l'un des plus jeunes députés de son temps. C'est le début de sa carrière politique...Par contre, l'aventure de la fondation du FN suivra dans le deuxième tome.
L'écriture est savoureuse, sans langue de bois, imagée : un régal. Quelques extraits :
à propos de la deuxième guerre mondiale : “ Il m'apparut vite que pour les gaullistes de micro, l'ennemi était à Vichy plus qu' à Berlin. Les Français parlaient aux Français pour leur enseigner plus la haine du Maréchal que celle d'Hitler. J'en fus atterré. (…) La raison en était pourtant simple : il fallait que De Gaulle abaissat Pétain pour monter lui-même. La défaite avait été l'occasion pour tous de communier dans l'exécration d'un régime qui avait déclaré la guerre et l'avait perdue sans l'avoir préparée”.
Sur la naissance du terrorisme d'Etat : “La Convention de Genève. Lors de la Grande Guerre, elle fut à peu près respectée, et la proportion des morts fut de plus de 80% de militaires et de moins de 20% de civils. Ce fait remarquable était le signe d'un grand progrès moral obtenu par le patient effort de siècles de civilisation. Eh bien la Seconde Guerre mondiale mit par terre ce bel édifice grâce à trois inventions occidentales, le camp de concentration (lancé par les Anglais au Transvaal en Afrique du Sud, utilisé massivement par les bolchéviques puis les nationaux-socialistes) le bombardement de terreur des villes (lançé par Churchill, utilisé surtout par les Anglais et les Américains) et la guerre des partisans (menée massivement sur le front de l'Est, dans les Balkans et un peu en France et en Belgique). (…) Les bombardements des grandes villes furent proprement terroristes, en ce qu'ils visaient des civils pour obtenir un but politique. On a bombardé Tokyo, Dresde ou Hiroshima non pour en tirer un bénéfice militaire mais pour casser la résistance des gouvernements via les peuples, commettant ainsi un crime contre l'humanité.”
Expliquant le Poujadisme : “Au milieu des années 50 se déroula une révolution qui allait faire disparaître assez vite non seulement la plupart des commerçants et artisans, mais aussi les paysans, c'est à dire la France traditionnelle des travailleurs indépendants au profit d'une armée de salariés et de fonctionnaires. (…) La révolution sociale et mentale que les technocrates menaient par l'impôt devait engendrer en matière de commerce les géants de la grande distribution. Pierre Poujade se révolta contre l'Etat qui spolait les petits au proft des gros.(...). D'une part c'est l'agriculture industrielle et la grande distribution qui sont aujourd'hui obsolètes, alors que le bio, le raisonné, le commerce de proximité, les circuits courts ont montré leur intérêt : le coût social de prétendus progrès des années 50 et 60 n'a pas fini d'être calculé. D'autre part, le fiscalisme (…) est (…) la matrice de l' Etat policier.”
Sur la trahison du Général de Gaulle en Algérie : “Partout, les musulmans qui se rallient en masse posent une question : Mon lieutenant, est ce que c'est sûr que la France va rester ? La question est légitime : ils ont besoin d'une garantie. Pour s'engager aux côtés de la France, il faut qu'ils soient sûr qu'on ne va pas les laisser tomber aux mains de l'ennemi, comme ce fut le cas en Indochine. (…) Mais la réponse est tout aussi claire. Le général de Gaulle (…) a été net. Il a répondu à l'appel de la population d'Algérie. Je vous ai compris. Vive l'Algérie Française.”. Et il explique : “Une des raisons pour lesquels nos amis américains avaient hâte que nous lachions l' Algérie est que la France avait découvert du pétrole et du gaz dans le Sahara. La prospection avait commencé avant-guerre et abouti en 1953 et les forages commençaient : le premier puit découvert le 15 Juin 1956 à Hassi Messaoud, était mis en exploitation le 6 janvier 1958. (…) Les recherches avaient demandé des investissements colossaux et l'effort soutenu de nos techniciens dans des conditions extrêmement pénibles, mais la récompense était là. (..) cela signifiait la fin de notre dépendance énergétique à laquelle les “sept soeurs”, les “majors companies” anglo-saxonnes, nous soumettaient depuis 50 ans. C'est pour nous spolier des pétroles d'Irak que les anglais avaient violé après la Grande Guerre les accords Sykes-Picot, il n'était donc pas probable que les Etats-Unis qui étaient désormais avec l' URSS les nouveaux maîtres du monde, nous laissent jouir en paix de notre indépendance énergétique et des fruits de nos travaux au Sahara.” Visiblement, la “perfide Albion” restera pour toujours perfide. JMLP conclut : “ Tout ce qui a suivi, les déceptions, le désespoir, les rébellions, les abandons, la fuite des pieds noirs pour échapper au massacre, la rébellion de l'armée, l' OAS, l'abandon des Harkis etc.. tout cela découle de la trahison du général De Gaulle”.
Sur Mai 68 : “Avec son slogan directeur, il est interdit d'interdire, elle a plongé la civilisation européenne dans un bain d'acide où nous sommes restés durant toutes les années 70, puis au fil des années 80, on a sorti la plaque, on l'a essuyée et la gravure à l'eau-forte est apparue, l'image de la nouvelle civilisation, avec sa nouvelle morale, sa nouvelle esthétique, ses nouveaux fondements politiques, dans lequel nous vivons. Le monde ancien, l'homme ancien, ont été dissous, et se dessinent maintenant l'homme nouveau et ses valeurs nouvelles. Aux héros et aux saints qu'on nous montrait en exemple a succédé l'écocitoyen LGBT friendly et phobophobe, ouvert au vivre ensemble, au culte de la terre mère, qui ne fume pas, accueille le migrant et se prépare à rouler en voiture autonome. (…) Avec Mai 68, pour la première fois, une révolution française ne se proposa rien de grand, rien de sacré. Elle postulait l'avènement du médiocre”.
Pour conclure sur lui-même :“La politique après tout, ce n'était peut être pas absolument mon truc. J'étais plutôt, comment dire ? Une vigie, une sentinelle, un lanceur d'alerte, un chien de tête qui flaire la crevasse où court l'attelage, un emmerdeur, un prophète ? Une voix, qui crie dans le désert jusqu'à qu'il se remplisse”.
"Fils de la Nation" a été publié par les éditions Muller alors que toutes les grandes maisons d'édition ont fait preuve de l'habituel ostracisme :
https://www.les4verites.com/politique/memoires-de-pen-50-ans-dhistoire
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