L’Apocalypse, Architecture en mouvement, Jacques Ellul
« Car tout est grâce. Là est le message central de cette Apocalypse. »
Jacques Ellul est avant tout connu pour sa critique de nos sociétés techniciennes, moins pour son travail d’exégèse. C’est pourtant une dimension clé de son travail, lui que l’on connaît par ailleurs comme un spécialiste de l’œuvre de Marx. Encore un paradoxe concernant le visionnaire Ellul, ou du moins paradoxe si l’on reste à la surface de son œuvre et que l’on se plie à ce besoin contemporain de mettre tout un chacun dans des cases.
Inutile de préciser que n’importe quel homme libre, à la manière d’Ellul, non seulement crée sa propre case, mais n’hésite pas à en sortir, à la modeler, et à faire évoluer le prisme de son regard sur le monde, de sa relation au Tout.
Lorsque Jacques Ellul s’occupe de commenter l’Apocalypse, on est loin de divagations occultistes qui s’emmêlent dans une suite d’approximations confuses et d’intuitions parfois pertinentes, mais qui les entraînent souvent loin du texte. L’auteur évite tout aussi bien les travers d’une analyse symbolique/historique désincarnée réduisant l’énigmatique corpus de l’Apocalypse à une forme de pamphlet contre Rome un peu ampoulé, mais dans lequel on aurait tort de voir des dynamiques plus intemporelles.
Pour Ellul, la clé de lecture est claire, il s’agit du Christ et de l’Ecriture. Bien entendu, pour l’auteur de ‘’ La subversion du christianisme, le message évangélique est non seulement un message d’amour, mais aussi un message de liberté, un message littéralement révolutionnaire, y compris à notre époque.
L’Apocalypse, du grec apokálupsis (dévoilement, révélation) ne décrit pas la fin du monde, mais développe plutôt une dialectique entre temporel et éternel… C’est en cela un livre dynamique, une architecture en mouvement mettant en lumière des enjeux existentiels essentiels au-delà de la forme, au-delà de nos incarnations temporelles et des manifestations du Siècle que sont les pouvoirs politiques, les villes, la technique ou encore l’argent…
Pour avoir lu (mais rarement fini) plusieurs commentaires de l’Apocalypse, c’est la première fois que je lis des commentaires satisfaisant à la fois mon esprit critique/dialectique et mon intuition la plus intime… Sinon, j’ai toujours trouvé plus d’inspiration et de justesse dans le reggae par exemple ( 😉 ), que dans les commentaires de bien des hommes d’Eglise… Voici ci-dessous quelques extraits de l’ouvrage. J’ai essayé d’être à la fois le plus sélectif possible sans trop couper à travers les extraits choisis pour éviter que le texte perde son sens… « Que celui qui a des oreilles entende… »
- « Il y a redoublement constant des deux facteurs, qui sont traités en même temps, et c’est cela qui fait l’extrême difficulté de ce livre. C’est d’un côté la découverte de la signification de l’Evènement historique par rapport à l’Eternel (ce qui ne veut pas dire, le temps par rapport à l’éternité), d’un autre côté la confrontation des structures issues du sociologique (et que l’on désigne grâce à un code) avec les constances du Sens (qui sont issues du projet divin révélé en Jésus-Christ). Il y a donc une dialectique qui s’établit entre ces deux recherches (ou tendances), et c’est cette dialectique qui permet de comprendre à quel point l’Apocalypse est un livre théologique. »
- « Elle est donc, comme Jésus même, un livre dans l’histoire, et non pas hors de l ‘Histoire. (…) Et son thème théologique pourrait se ramener à la révélation que Jésus-Christ est maître de l’Histoire : elle n’oppose en rien un présent mauvais à un futur bon, elle révèle l’œuvre actuelle de Dieu, elle montre la victoire actuelle de Jésus-Christ. Elle ne propose aucune fuite dans le ciel, ni un espoir dans le miracle de Dieu pour nous sauver historiquement, mais le triomphe acquis. L’ère nouvelle est inaugurée par le règne du Christ, mais l’avènement du royaume s’accomplit dans le mystère. »
- « L’Apocalypse non seulement n’est pas une suite incohérente de visions qui se répètent, ni une série successive, mais un mouvement fondamentalement dialectique. C’est donc en même temps, comme nous le disions, une architecture (cinq parties organisées symétriquement) et une structure processive et très spécifiquement, un procès dialectique. »
- « Il n’est plus possible de considérer que Dieu est dans le ciel, et qu’il n’a qu’à y rester, et cela ne nous oblige à rien. Dieu est devenu présent au milieu de nous, irrécusable. Il n’est plus possible non plus de se révolter contre un Dieu qui n’est que Puissance, anonymat, pure volonté abstraite ; etc., révolte qui attesterait la liberté de l’homme, la dignité de l’homme en face d’un tyran, la grandeur de l’homme en face de celui qui veut le dominer… Justement ce Dieu est devenu le plus faible des hommes, a renoncé à agir par la contrainte, a témoigné de l’absolu de son amour : et c’est en face de cela que l’homme révèle vraiment, lui, qui il est. Tant qu’il se révoltait contre un oppresseur, il avait le beau rôle. Mais maintenant, il répond à l’amour par la haine, à la Non-Puissance par le déchaînement de sa Puissance, à la grâce par le triomphe de l’argent, au don par le rapt, à l’alliance par la guerre…, alors l’homme révèle effectivement ce qu’il est : et c’est là que réside son jugement. Car le centre du jugement c’est la révélation. A la révélation de Dieu en Jésus-Christ, répond la réalité de l’homme contre Jésus-Christ : tel est tout le jugement. »
- « Quand on parle, un peu à la légère, du jugement de Dieu, avec condamnation et damnation de certains hommes (…), on oublie complètement que ceci serait non pas l’expression de la justice de Dieu mais bien du succès des puissances infernales. Si Dieu condamne, il fait ce que lui suggère Châtan. »
- « En réalité, pour nous situer au niveau où s’établit fermement dès le départ l’auteur de l’Apocalypse (… le circonstanciel est seulement l’occasion de dénoter une réalité plus profonde, universelle et fondamentale), si la première bête s’incarne actuellement dans l’Etat Romain, sa symbolique ne s’y épuise pas dans cette allégorie simpliste. »
- A propos des deux bêtes : « Je n’hésiterai pas à dire que la première désigne la puissance, le pouvoir politique au sens global et universel. La seconde, la propagande, c’est-à-dire l’établissement d’une relation privilégiée exemplaire et magnifiée entre le pouvoir et l’homme. »
- « Or cette puissance de l’Etat lui est donnée par le dragon : v.4 : le dragon avait donné le pouvoir à la bête, et v.5 et 7 (il lui fut donné…) ; c’est-à-dire que ce pouvoir de l’Etat n’est pas d’ordre naturel, sociologique, naturaliste, il vient de la puissance du chaos, du destructeur ; si admirablement organisateur qu’il soit, il exprime toujours le tohu-bohu. Plus l’ordre étatique règne, plus c’est le désordre du dragon qui gagne. »
- « C’est en réalité non pas en tant que Seigneur absolu et Dieu inaccessible qu’il juge, mais en tant qu’homme : un des secrets les plus profonds de la Révélation, c’est que c’est finalement l’homme qui se juge lui-même, en Jésus-Christ. »
- « La révélation directe n’a de sens que comme un appel à témoin, pour engager un homme à porter l’attestation de la Vérité de Dieu parmi les autres. »
- « C’est-à-dire que, le nom étant la plus profonde réalité spirituelle d’un être, nous ne pouvons ni savoir comment elle est émise, d’où elle procède, ni même en quoi exactement elle est Parole de Dieu. Nous pouvons la recevoir, mais jamais la prouver. Nous pouvons y croire et savoir qu’elle est la vérité (fidèle et véritable) mais jamais la sentir dans sa profondeur spirituelle. Elle est en même temps révélée et cachée. »
- « D’un côté, je viens bientôt, de l’autre le Temps est proche. Cette dernière affirmation est relative au fait que le Royaume de Dieu est déjà là. Il est au milieu de vous et en vous. Quand nous disons que nous sommes dans les derniers temps nous ne disons pas que le nombre de jours qui nous sépare de la Fin du Monde est bref, mais que ces temps sont derniers qualitativement quelle que soit la durée. »
- « Que pourrait-il y avoir d’autre après que Dieu même commence à être en Tout en Tous, que le processus est enclenché qui aboutira nécessairement et sans dérogation, sans possibilité d’échappatoire, à l’accomplissement plénier dont parle précisément l’Apocalypse ? »
- « Le mal est au contraire décisivement écarté parce que Dieu est mort, et qu’après cela, le mal ne peut plus rien faire d’autre. Et un nouveau commencement est posé, parce que Jésus est ressuscité. Et après cela, il ne peut plus y avoir d’innovation décisive. Aucun autre commencement ne peut être posé. »
- « La liberté sera le produit final, mais au travers de la reconnaissance de la souveraineté de l’Agneau. Le sens de l’Histoire, c’est bien de déboucher sur la liberté. Mais une liberté qui n’est jamais le produit naturel des évènements. (…) C’est donc une liberté donnée par Dieu, non pas faite par l’homme, qui va être le signifié profond, en même temps que l’objectif de l’Histoire (…) Et ceci est confirmé par le fait que, encore une fois, il s’agit de l’Agneau, c’est-à-dire la non-puissance, la non-résistance à la mort. »
- « Mieux vaut cesser d’avoir une Eglise, que d’avoir l’Eglise des traditions, des bonnes œuvres, de l’institution sans amour de Dieu. »
- « Quand au nom nouveau, gravé sur la pierre blanche, il ne s’agit pas du nom d’individus, ni du nom de baptême, mais bien évidemment du Nom du Seigneur, connu individuellement comme vérité. »
- « Nous n’avons pas une relation permanente et immédiate avec Dieu. Nous avons eu des rencontres personnelles, nous avons vécu des interventions de Dieu dans notre vie, nous avons reçu la révélation de la vérité de sa parole, et nous avons à vivre d’un souvenir. »
- « Nous croyons que nous sommes chargés de faire vivre cette Parole morte, alors que c’est nous qui sommes morts, et que c’est la Parole qui reste vivante. »
- « Ainsi nous apprenons que le lorsque le conflit armé se produit, il y a toutes les raisons humaines, économiques, politiques, naturalistes que nous voulons, mais en plus il y a la décision du cheval rouge, de l’esprit de la guerre, de la ‘puissance spirituelle’ cachée dans le cœur de l’Histoire. La décision de l’homme et les facteurs politiques ne suffisent pas : une exousia, une puissance, un pouvoir symbolisé, personnalisé ici mais secret et immatériel agit aussi, et même détermine le reste. »
- « L’Histoire des hommes est faite de l’entremêlement du pouvoir politique, des pouvoirs économiques, des forces de la destruction, de la négation, de la mort et aussi de la Parole de Dieu. »
- « Tout est de l’homme, mais tout lui échappe en ce domaine. (…) Quel que soit l’avancement de la connaissance en économie, en polémologie, en médecine, il reste une part incommensurable d’inexplicable (et je ne dis pas seulement de momentanément inexpliqué), une marge dans laquelle s’inscrit l’intervention d’autre chose, que nous discernons assez vite comme indépendant de l’homme. »
- « Mais notre dialectique, celle de la Bible, se joue entre les puissances historiques et la puissance métahistorique qui s’historise. »
- « Par conséquent le témoignage, parce qu’il s’enracine en dehors du système monde, est la forme, et le lieu, et l’expression (la seule) de la liberté de l’Homme dans l’Histoire. En face et contre la puissance des forces à l’œuvre, dont nous avons vu la complexité et qui sont indépendantes de l’homme, par rapport à lui – l’homme est un bétail que l’on domine, exploite, affame et engage dans la guerre -, où est le rôle spécifique de l’homme ? Comment pourrait apparaître sa liberté ? Notre texte répond : uniquement dans le témoignage rendu à ce qui est justement inaccessible à ces puissances, ce qui vient du dehors du monde, ce qui introduit l’incertitude dans la certitude glorieuse du triomphe des puissants. Et cela se fait, ne peut se faire que par le témoignage rendu à Jésus-Christ. Quand l’homme est-il libre ? Exclusivement quand il porte ce témoignage, quand il assume le rôle de témoin, et pas plus. Le témoin n’entre dans aucun jeu ni politique ni économique ni mortel, il désigne ce qui est à l’extérieur et le rend actuel et présent. (…) Le témoin est donc celui qui parle dans ce monde en désignant le Tout Autre, et qui prie le Tout Autre en désignant et portant avec lui ce monde. »
- « La sainteté, c’est toujours un drame aussi pour le groupe dans lequel le saint apparaît. »
- « La où le péché abonde, la grâce surabonde. »
- « Par contre, il faut redire que l’allusion, évidente, aux plaies d’Egypte (il y a ici six fléaux qui sont identiques à ceux qui ont frappé l’Egypte, sur dix) est essentielle : le sens est le même, c’est la ‘mise au pied du mur’ avant la libération, l’appel dur à entendre adressé par Dieu pour que l’homme se convertisse, et le refus de se convertir qui provoque l’anéantissement de ce qui enchaîne, entrave, de ce qui rend esclave, aliène et réifie le peuple élu : mais maintenant le peuple élu est l’humanité entière. »
- « Ainsi l’homme est placé dans son jugement parce qu’il prétend juger Dieu. Non seulement il ne se libère pas de son aliénation, mais il se prétend juge de Dieu. Et c’est cela même qui le juge. (…) Par contre quand il blasphème, il manifeste à quel point il est loin de Dieu, c’est-à-dire qu’il proclame sa propre perdition, sa mort définitive. Mais attention : cela veut dire que cet homme n’est pas condamné, il se condamne lui-même. Et plus encore, cela veut dire non pas que l’homme est perdu, mais qu’il se déclare perdu, ce qui est tout autre chose. »
- « Dieu laisse l’œuvre de l’homme porter ses propres fruits : et cela est le jugement. L’homme supporte les conséquences de ce qu’il a fait. »
- « Babylone n’est pas le symbole de Rome ; c’est Rome, réalité historique, qui est transformée en symbole d’une réalité plus profonde et polymorphe, dont Babylone a été traditionnellement l’expression. (…) Rome est symbole actualisé, présence historique d’un phénomène permanent, complexe et multiple. »
- « Et il ne faut pas oublier que ceci désigne d’abord Babilani : la porte des Dieux, c’est-à-dire le lieu où ‘les dieux qui ne sont pas des dieux’, les semblants, les inverses, les séducteurs, pénètrent dans le monde humain et tendent à pervertir l’homme, à le divertir, à l’empêcher d’entendre l’appel adressé par le seul Père, par le Dieu qui est Amour. »
- « Et cette aliénation de l’homme, sa dépossession de lui-même est ici liée de façon tout ç fait claire à l’activité économique, au commerce et à l’enrichissement : c’est la richesse qui produit non seulement l’esclavage extérieur mais aussi l’aliénation dans l’économie et la sujétion par cette voie intérieure. »
- « Car le vrai jugement pour eux, dès ce moment c’est finalement de pouvoir dire : ‘Tout ceci étant anéanti, j’ai donc vécu pour rien. De toutes mes œuvres, de tous mes efforts, il ne restera rien’. C’est cela qui est le jugement sur les Rois et les Riches. »
- « Il y a donc une sorte de rencontre dans toue la série de jugements et des condamnations tels que nous les avons vus : d’abord l’homme qui est jugé, et passe au travers de sa grande mise en question ; puis l’œuvre de puissance de l »homme qui est un complexe, un mélange, un point de rencontre entre l’homme et les puissances, étant en même temps son œuvre (le pouvoir politique dans son historicité, l’argent, la ville…) ; puis les puissances qui ont inspiré cela, qui se sont incarnées là-dedans (les bêtes) ; puis celui qui a donné pouvoir et autorité aux bêtes, les a créées (le dragon) ; enfin ce qui a été le grand agent de l’histoire et qui est le Non-Sens de cette histoire et de la vie, la Mort, au nom de qui le dragon peut régner, ou plus exactement même qui est à l’origine du dragon, et sa seule qualification. Il y a donc un enchaînement rigoureux dans l’ordre des jugements et des condamnations qui nous sont ici décrits. »
- « Nous sommes, nous l’avons dit souvent, avec l’Apocalypse, en même temps dans l’Historique (mais qui sert le plus souvent seulement de tremplin, d’exemple, et de fournisseur de symboles) et dans le Méta ou le Transhistorique, et aussi dans ‘l’Eternité’, si tant est que ce mot puisse signifier quelque chose pour nous. »
- « L’œuvre de l’homme c’est le produit total de sa vie même. »
- « Ce n’est pas théologiquement possible qu’il y ait des hommes damnés. Cela voudrait dire d’un mot qu’il y a une limite externe à l’amour de Dieu. Seul le Néant est anéanti. Et dans la seconde mort il n’y a pas d’hommes, il n’y a pas de vies, il y a les œuvres mauvaises de l’homme, il y a la Satan et le Diable, il y a les incarnations (inventées par l’homme !) de ces puissances, il y a la Mort. Rien de plus. »
- « La cité de Dieu n’est pas au bout du progrès des hommes, au bout de l’histoire par une sorte d’accumulation des œuvres de l’homme ; à ce bout on ne trouve que Babylone. Nos œuvres ne sont donc pas une préparation linéaire et cumulative de la Jérusalem céleste. (…) Tout ce qui était bonheur, bien, beauté, c’est le transitoire, le passager. Tout était sous le signe de la souffrance et de la séparation : ce qui était le signe, non d’un pessimisme, mais du discernement de la réalité la plus profonde. »
- « La relation avec Dieu n’est pas non plus une relation connue d’avance, qui puisse être établie et définie clairement. Dieu établit avec chaque homme une relation nouvelle. La grâce établit dans chaque vie des moments nouveaux. Dieu pose dans l’histoire des commencements que l’homme ne peut prévoir (ainsi l’alliance ou l’Incarnation). Et l’Eternité, c’est une source jaillissante d’instants non prédéterminés, toujours frais, neufs, surprenants. C’est l’inattendu, l’imprévisible. Le Grand Jeu (celui des enfants !) c’est cela vivre. C’est cela que notre texte appelle la Vie. La réconciliation enfin réalisée avec celui qui est constamment le Nouveau. Impliquant un amour qui ne s’use pas, ne tombe pas dans l’habitude, toujours aussi plein, aussi émouvant, aussi surprenant qu’au premier jour. »
- « Même si l’homme arrivait à vaincre la mort physique, la mort spirituelle n’est pas à sa portée. Bien au contraire nous sommes avertis, que plus l’homme gagne le monde, plus il perd son ‘âme’ (son être). »
- « Car dans cette Nouvelle Jérusalem se rencontrent toutes les races, peuples, nations, tribus. Mais alors que la tendance était toujours à l ‘unité par disparition des diversités, maintenant l’unité paraît (en Dieu) dans la communion des diversités subsistantes, et la pluralité humaine est maintenue. Nous avons déjà rencontré plusieurs fois cette relation de l’harmonie de l’un et du multiple dans l’Apocalypse. »
- « Il n’y a pas d’autorité dirigeante. Il y a seulement et exclusivement l’Amour. C’est parce que chacun est avec chacun et avec tous dans une parfaite relation d’amour que toutes contraintes et toute ‘cause’ de cohésion sont anéanties. Car il n’y a plus de ‘cause’, cela est ainsi. Et c’est tout. Et il n’y a pas de répétition, car l’amour est invention permanente, constante ; et il n’y a pas de limite à la liberté, car l’amour est liberté, la liberté ne peut pas exister sans l’amour. »
- « L’homme n’a pas la vie en lui, par lui, il n’est pas la Vie, il n’a pas un Esprit créant et provoquant la vie : il reçoit la vie du vivant. Seul Dieu est le Vivant, l’Eternel, le ‘Je suis’, l’Etre, le donneur de Vie, ou de quelque nom que l’on veuille le nommer en ce sens. »
- « Dieu est toujours autre que nous ne pouvons le croire, le penser, l’imaginer. La Création, devant Dieu, reconnaît dans ce cantique que Dieu n’est pas elle, ni en elle, qu’il est celui qui à la fois est reconnu par la création (donc l’homme aussi) mais reconnu comme étant le Tout Autre (saint). »
- « La mention de toutes les créatures indique (…) que l’homme y est compris. Mas sans être différent. Il n’est pas ici la créature d’élection : le Salut acquis par Jésus-Christ s’adresse à toutes les créatures et non pas seulement à l’homme qui se prend pour roi. »
- « Le peuple est celui qui a traversé l’épreuve (combien redoutable !) de l’Histoire elle-même. Il est ce peuple caché, sans cesse menacé par toutes les forces de l’histoire, sociologiques, économiques, politiques, spirituelles. Il est mis en question en tant que peuple de Dieu : c’est cela l’épreuve. (…) le peuple de Dieu traverse l’épreuve de l’Histoire comme Israël a traversé la mer Rouge, acte qui très exactement l’a fait entrer dans l’histoire. »
- « Le terme qui est employé ici pour jugement est ‘Krisis’. Ce qui vient confirmer l’interprétation que nous donnions de ce jugement qui est séparation. (…) Ce qui est jugé, c’est seulement ce qui corrompait la Terre, ce qui faisait de cette création-ci du ‘terrestre’, et c’est seulement la violence, la haine contre ce qui témoignait de l’amour, ce qui se présentait avec la faiblesse de l’Agneau : quand on a vu que tel est le sens, le seul sens du jugement, alors on peut s’associer à la gloire rendue par la foule immense, même si l’épreuve temporelle dans laquelle on est plongé peut paraître terrible dans l’instant. »
- « Le Tout-Puissant (en tant que tel) a régné : ce règne, c’est, on vient de le voir, le jugement et la condamnation des puissances historiques. (…) L’Incarnation n’a pas été un instant fugace dans l’histoire, elle est le ‘Dorénavant’, pour tous. »
- « Il suffit d’avoir soif. Il suffit de vouloir cette eau vivifiante et d’y trouver gratuitement ce qui est exactement la réponse et la mesure, l’éclosion et la plénitude (en même temps), correspondant à la soif de chacun. »
- « Car tout est grâce. Là est le message central de cette Apocalypse. »
Source : https://unmultiple.wordpress.com/2023/03/03/lapocalypse-architecture-en-mouvement-jacques-ellul/
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