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Accueil du site > Culture & Loisirs > Extraits d’ouvrages > L’historiographe du royaume — Maël Renouard

L’historiographe du royaume — Maël Renouard

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Le roman se déroule au Maroc, il commence au milieu des années 1940 (à l’époque du protectorat français) et se termine au début des années 1970 (au commencement de la répression des opposants politiques). On en apprend beaucoup sur l’histoire marocaine récente même si c’est une fiction.
Abderahmane, le narrateur, a fait ses études au Collège royal, dans la même classe que le futur Hassan II.
On sait peu de choses sur Abderrahmane avant qu’il n’entre dans l’établissement, simplement qu’il est d’origine modeste. 
Poursuivre ses études au Collège royal, c’est avoir un avenir tout tracé  ; du moins, c’est ce que pense le nouveau condisciple du prince. Encore faut-il avoir de bonnes relations avec son souverain. Mais qu’est-ce que cela veut dire exactement  ? Être loyal suffit-il  ? Il semble que non, Abderrahmane a été d’une fidélité sans faille  ; le roi l’a pourtant exilé.
Une fable sur ce que signifie loyauté dans un contexte de pouvoir absolu.
Ce livre est tellement convaincant qu’on se demande qui l’a écrit, un proche du roi Hassan II ? Il n’en est rien. Un premier roman très réussi de Maël Renouard qui a poussé très loin ses recherches.

La genèse du livre

Créer un personnage d’historien et de poète permettait à Maël Renouard de mettre en évidence l’histoire riche et complexe du Maroc.
Mais, au fait pourquoi un historiographe  ?
Historiographe : personne chargée officiellement de rédiger l’histoire d’un roi ou d’une époque ou encore d’un royaume.
Voltaire (1694 – 1778) a été brièvement historiographe de France, Chateaubriand (1768 – 1848) le fut également du roi Louis XVIII. Pour retrouver le style de ces époques, Maël Renouard s’est plongé dans les œuvres de Saint-Simon, de Voltaire et puis dans les Mille et une nuits.
Le résultat donne un style classique, agréable à lire.

Extraits

Incipit :

«  Je fus en grâce autant qu’en disgrâce. De l’un ou l’autre état les causes me furent souvent inconnues.  »

Extrait :

«  Je restai fort longtemps avant d’être reçu. On a dit, plus tard, que les attentes infligées par le souverain à ses visiteurs suivaient une codification précise. Une attente inférieure à deux heures était tenue pour brève et signifiait que la faveur royale était à peu près intacte. Trois ou quatre heures infligées à la patience de l’hôte devaient lui faire comprendre que le roi était mécontent, mais qu’un retour en grâce demeurait possible. Au-delà de quatre heures, il était admis que le visiteur se trouvait dans l’antichambre de la disgrâce.  À l’époque dont je parle, l’intronisation était trop récente pour qu’on eût eu le temps de mettre en système cette jurisprudence. Je fus peut-être l’un des premiers à l’expérimenter, à mes dépens. Mais j’ai oublié combien de temps exactement avait duré mon attente — un peu plus ou un peu moins de quatre heures. Je n’y avais pas pris garde, puisque j’ignorais qu’il y eût une règle.
Quand j’entrai enfin, je fus déçu de voir que je ne serais pas seul avec le roi. Il y avait à ses côtés un vieux conseiller qui faisait partie du précédent cabinet royal, et qui ne m’aimait guère. Le roi parla  ; il était singulièrement volubile. Il raconta la guerre d’Ifni, trois ans auparavant  ; elle était sa victoire. Il était alors le chef d’état-major des armées de son père. Il dit sa fierté d’avoir repris Tarfaya aux Espagnols et sa volonté d’en faire un avant-poste du nouveau Maroc. J’acquiesçai. Je voulus rappeler qu’en notre adolescence son goût pour la vie militaire était déjà remarqué de ses camarades de classe : je me retins en songeant que cette manière de rappeler une familiarité ancienne entre nous lui déplairait sans doute, maintenant que son accession au trône avait élargi à l’infini la distance qui nous séparait.  »

 

Mon avis sur le livre

J’ai beaucoup aimé cette fable sur le pouvoir, le style de l’auteur ainsi que cette plongée dans l’histoire du Maroc. Même si j’aurais aimé en savoir plus sur l’enfance du narrateur, même si des questions restent sans réponses, c’est un livre de cette rentrée littéraire à lire.
 

Sources : L’historiographe du royaume — Maël Renouard


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