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Accueil du site > Culture & Loisirs > L’été léger > Avel le regard tourné vers les cieux

Avel le regard tourné vers les cieux

À bout de souffle.

Il s'appelait Avel, un curieux prénom venu d'un ailleurs dont on ne savait rien sur nos rives. Il interrogeait tout autant par ce drôle de blase que par son étrange manière de marcher ou de parler en ayant toujours le regard tourné vers les cieux, comme s'il guettait un signal ou cherchait à comprendre les mystères de la nature. Il inquiétait tout autant qu'il fascinait car on lui prêtait d'étranges pouvoirs qu'il mettait parfois au service de qui le sollicitait.

C'était un taiseux, un curieux personnage dont la compagnie n'avait rien d'agréable. Chacun ressentait à son contact comme une mystérieuse impression, un sentiment de malaise, de trouble tout autant que de bien-être intérieur. Ce paradoxe n'avait échappé à personne, on le disait sorcier, ce qui n'étonnait guère dans ce pays où l’on n’hésitait jamais à recourir aux birettes.

Avel agissait cependant d'une toute autre manière pour soulager les maux. Il apposait ses mains sur la partie douloureuse sans rien dire. Une puissante vague de chaleur émanait de lui pour se diffuser sur la zone sensible. Après un long moment sans bouger, il refermait ses mains tandis que le mal semblait s'extirper du souffreteux pour venir s’emprisonner entre ses paumes. Puis d'un geste aussi inquiétant qu'énigmatique, il les jetait en l'air dans un grand mouvement de débarras.

Il était encore capable de trouver de l'eau sous terre sans nul recours à une baguette de coudrier ou bien de repousser un mauvais sort pour qui une chouette avait été clouée devant sa maison. C'est ainsi qu'en dépit de son étrange et singulière manière d'être, son commerce était accepté des autochtones bien qu'il ne fut pas un des leurs. L'homme en effet taillait la route, ne restait jamais en place, allait toujours là où le vent le mène.

C'est d'ailleurs cette manière d'être qui mit la puce à l'oreille à un voiturier plus avisé que les autres qui avait jadis fréquenté les navigateurs au long cours. Lui avait eu vent de l'existence de personnages énigmatiques que tous les boscots recherchaient avec empressement. Des équipiers pas vraiment comme les autres à qui du reste on ne demandait nulle manœuvre.

Quand la bonne fortune en mettait un sur la route d'un navire, on s'empressait de l'embarquer et de le choyer durant le voyage. L'autre n'avait alors qu'à siffler de temps à autre quand le besoin s'en faisait sentir, que l'équipage manquait d'entrain et de labeur. C'est alors que le vent se mettait de la partie pour remettre chacun à l'ouvrage. Ces êtres d'exception se nommaient les Leveurs de vent.

Pour le voiturier, Avel était de ceux-là bien qu'il ne fréquenta pas la mer océane mais simplement les rives de la Loire et ses affluents. L'homme devait ignorer cette compétence dont il n'avait jamais sans doute observé la matérialisation. Il allait sur les chemins, usant ses semelles sans jamais se soucier de hisser la grand-voile, se contentant de mettre les bouts quand sa présence sentait par trop le souffre.

Le marin se mit en demeure de convaincre le vagabond de monter à son bord sans n'avoir rien d'autre à faire que siffloter de temps à autre soi-disant pour donner du cœur à l'ouvrage à l'équipage. La demande était plaisante pour un terrien qui avait toujours regardé les gens de l'eau avec une certaine envie. Avel accepta de vivre cette expérience le temps qu'elle l'amusera avant que de reprendre sa liberté pour d'autres aventures.

Il fit ce qu'on lui avait mandé, sifflant sans cesse sur le pont bien que cette activité fût jugée maléfique par des marins toujours très superstitieux. Le résultat ne fut pas à la hauteur des attentes du voiturier c'est le moins que l'on puisse dire quoique les pouvoirs du sorcier prirent au pied de la lettre les attentes du marinier. Tout l'équipage fut pris de maux de ventre terribles accompagnés de flatulences à rendre fous les malheureux.

Tous les vents ne sont pas porteurs surtout sur une rivière connue pour ses inquiétants culs de grève. Il convient de ne jamais vouloir commander au temps, c'est la plus sage décision qui soit. Avel reprit son bâton de vagabond et s'en retourna à terre non sans avoir calmé les douleurs de ceux qui furent ses compagnons lors de son bref passage en coup de vent.


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4 réactions à cet article    


  • juluch juluch 14 septembre 11:43

    Il portait bien son nom !!


    • C'est Nabum C’est Nabum 14 septembre 21:25

      @juluch

      C’est moi qui choisis les prénoms


    • V_Parlier V_Parlier 14 septembre 18:10

      Pourquoi il y a des lambeaux de drapeaux que j’ai déjà trop vus sur l’image d’illustration ?

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