Corot ouvre les vannes
Jusqu’à la fin août, le département des côtes d’armor ouvrira quelques vannes précieuses au barrage de la Rance (usine marémotrice) afin que le public puisse être aspergé par un dense brouillard vaseux, certes temporaire, mais dans l’esprit des eaux vives et épaisses.
Corot est le préposé aux vannes numéro 2,3,4 et 9 du barrage de la Rance. il faut dire que dès son plus jeune âge il avait acquis le don de tourner les manivelles grâce à sa tante Hortense.
Car pour son anniversaire Tante Hortense avait eu l’idée de lui offrir un tourniquet. Ce qui eu pour effet de le faire tournoyer de joie comme une toupie et de se ramasser la figure étourdi vers le côté en friche du jardin familial jusqu’à la rivière en contrebas. Ce jour là,Tante Hortense se ramassa une engueulade sévère. L’incident aurait pu rester sans suite si seulement l’année suivante elle ne lui avait pas offert cette infernale toupie multicolore en souvenir de l’année précedente et qui tournoyait cent fois plus vite que Corot ne pouvait l’imaginer sous des couleurs d’arc en ciel provoquant chez le petit tétanisé par cette vision et raidi comme un piquet de clôture électrique parcouru de spasmes, un sérieux strabisme à l’œil gauche.
Tante Hortense se prit la porte en pleine poire et sa toupie dans l’oignon avant de quitter définitivement la maison familiale du petit Corot.
Malgré une enfance difficile, le petit Corot qui pouvait en vouloir à la terre entière et en particulier à sa tante semble n’avoir eu qu’une seule obsession à la fin de ses études primaires :
Réussir enfin à écraser d’un coup de talon un autre pied que le sien.
Plus tard, il acheta la bétaillère du père Duglantier , une bétaillère défoncée par les chaussées mal entretenues de la région. C’est en lorgnant malencontreusement sur la berline du voisin garé juste à côté qu’il cru acquérir la voiture de ses rêves. Ce fut sa première méprise dans sa vie d’adulte. La seconde fut sa demande en mariage avec la même méprise.... du faire valoir de Lulu la coquine. Relatif faire valoir quand on a vu Lulu (soit dit en passant) !
Avec Corot, il fallait toujours prévoir un possible échappatoire ; en quelque sorte un refuge lorsque vous l’entendiez arriver. Fernand, le garagiste avait bien compris qu’un échappement troué était un gage de sécurité pour les habitants. Et lorsque Corot changeait son pot celui-ci était percé d’un trou neuf. Fernand lui avait même repeint sa voiture en jaune vif, d’un jaune très vif. La teinte convenait à Corot puisqu’il la trouvait chargé d’une poésie champêtre. Mais l »avantage majeur pour Corot était un meilleur repérage de son véhicule. Car le samedi était pour lui un jour maudit sur les parkings des super marchés de la région. Imaginez lorsqu’il devait arpenter les allées de long en travers et de travers en large pendant des heures avant de retrouver son véhicule .Parfois , il lui fallait attendre la fermeture des super marchés.
Tout était confus en lui. Sa chevelure évoquait les reflets bouillonnants des vagues fracassées sur les rochers de la côte. Cette rais sur le côté qu’il a toujours cru rectiligne et qui était en fait de travers et teintées de sel par les papillotantes nuées des embruns côtiers. La légèreté du regard de Corot était traversé par l’esprit même de son regard au point que l’on pouvait se croire de profil en captant son regard.
C’est donc, au barrage de la Rance, que la tournure expressive de l’esprit Corot, ni lourd ni monumental, esprit ouvert sur les vannes et surtout bien tourné vers le sens des flèches gravés dans la fonte des manivelles a trouvé son refuge en s’exprimant.
Corot vous aspergera tous les jours à marée haute. Ne ratez surtout pas les marées d’équinoxes, c’est du grand spectacle et c’est gratuit.
Gasty
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