De Bayrou à Accoyer, le délire comme style politique en 2012 ?

Peu à peu, mes pensées se laissent imprégner d’une tonalité gnostique me conduisant à voir les événements et entendre les paroles avec un sens qui parfois, s’exacerbe en risquant d’égarer mon esprit. Néanmoins, un gars qui se réclame de l’héritage chrétien et néoplatonicien ne devrait pas regretter d’entrer dans un univers gnostique. Il y a des pièges et il faut les déjouer. Le manichéisme est un piège dans lequel saint Augustin est entré pour en ressortir assez vite. La gnose est parfois trompeuse mais l’erreur n’est-elle pas un passage obligé vers la vérité ? Les cathares furent dans l’erreur et ils ne furent pas pardonnés par les autorités ecclésiales veillant à la conformité théologale. L’hérésie cathare repose sur une gnose manichéiste conduisant à voir le monde charnel comme mauvais. Il est suggéré à l’homme de ne plus se reproduire. La pratique de la gnose amène la pensée à s’élever vers le ciel métaphysique de l’universel et de laisser des écrits fulgurant pour la postérité, ou bien à entrer dans une vision étriquée et s’abîmer dans l’égarement sectaire. La gnose serait-elle si ambivalente ? Je n’en sais rien mais je propose une hypothèse de travail. Quand la gnose livre une intuition sur les choses, il faut qu’elle déploie les raisons de son intuition afin de vérifier si l’intuition se tient. Etrange sentiment. J’ai l’impression d’avoir inventé un cartésianisme gnostique, qui s’avère distinct du cartésianisme méthodique visant à découper un problème pour le résoudre. En fait, le cartésianisme gnostique vise à découper une solution issue de l’intuition gnostique pour voir si elle pose un problème.
Allez, je passe aux travaux pratiques. Mon intuition concerne les propos et intentions politiques exprimée dans ce début de campagne. A entendre les ténors des partis, j’ai comme l’impression que ces gens sont pris dans une sorte de délire, une perte de contact avec la réalité et la raison. A la limite, ça fait peur de les entendre. Heureusement, la structure de la société fait que les affaires sont gérées non seulement par les partis mais aussi des professionnels qui ont les pieds sur terre. Bien souvent, je préfère ne pas voir la vérité et apprécier les prestations politiciennes pour ce qu’elles recèlent de genre grotesque et comique. A ce titre, le petit journal de Canal plus s’avère être un moment d’utilité publique incontestable. La politique inquiète alors pour ne pas se pourrir la vie, autant adhérer au parti d’en rire !
Qu’il y a-t-il de délirant chez Bernard Accoyer, le président de l’Assemblée ? Eh bien c’est sa dernière saillie qui a suscité un tollé pour le parti socialiste qui s’est basé sur un sous-entendu à peine caché dans cette formule qui pour un observateur de la politique, devrait surprendre car Accoyer est connu pour sa rigueur et son honnêteté intellectuelle. Pourquoi alors parler d’un tournant mal négocié en 2012 dont les conséquences pourraient être comparables à celle d’une guerre. Ce qui est incohérent et inconsistant. Accoyer fait sans doute allusion à une mauvaise gestion par le pouvoir élu en 2012. Ce qui conduirait un appauvrissement supplémentaire. Mais autant que je sache, un appauvrissement n’a rien à voir avec les destructions consécutives à une guerre. Même si par le passé, des guerres ont conduit les nations à la ruine, notamment l’Allemagne après 1918. Tout ceci n’est pas sérieux. Si guerre il y a, c’est une guerre civile à bas bruit, menée par les différents partis qui s’envoient des missiles verbaux pas toujours tendres. Ainsi qu’une « guerre économique » menée par les classes dirigeantes contre les populations.
Et François Bayrou ? Son idée c’est de placer le centre au pouvoir suprême et de conduire une politique avec une union nationale. Cette éventualité est une aberration. Qui repose sur un mythe créé de toutes pièces par Bayrou, le mythe de la neutralité de sa démarche, de sa personne et son Modem. Le centre n’a jamais été neutre sous la cinquième république. On sait très bien que dans les années 1970 et 1980, la formation à laquelle appartenait Bayrou faisait alliance avec la droite gaulliste. C’était le bon vieux temps de l’UDR et l’UDF. En face, le programme commun. En 1974, la France a élu Giscard, le candidat progressiste et libéral. En 1981, ce fut le tour de Mitterrand, candidat progressiste et étatiste. Par la suite, on a assisté à une bipolarisation progressive avec un PS et une UMP se partageant le pouvoir, laissant quelques miettes aux formations d’appui, Verts, communistes, ancien et nouveau centre. En 2012, le projet de Bayrou ressemble bien à une rêverie. Qui vire à la duperie mais qui semble crédible car les médias sont focalisés sur la présidentielle, comme si c’était la champion ligue, reléguant les élections législatives au rand de ligue deux. Or, c’est de cette seconde élection que va sortir le gouvernement et l’on voit mal comment un François Bayrou pourrait rassembler des formations qui s’opposent et semblent se détester si l’on en juge par les vacheries envoyées de part et d’autre. Et il n’y a pas que cela. Il reste une différence droite gauche dans la conception de la politique sociale, ce qui rend ingérable et inconcevable un gouvernement d’union nationale. Imaginons Bayrou à l’Elysée en mai 2012, la formation de son premier gouvernement et le bordel qui va en résulter lors des législatives car il faudra bien que le Modem case quelques candidats pour avoir des députés. Et au final, un pataquès monumental et une Assemblée où le gouvernement pourrait être introuvable. N’est-ce pas génial ? Les Belges pourraient se moquer de nous mais c’est inquiétant, au vu de la crise sociale qui s’étend et de la nécessité d’un gouvernement qui sache faire les bon choix. Crise veut dire décision d’après l’étymologie hellène. Une crise est aussi le moment où un système à l’opportunité de se transformer. Comment croire que Bayrou pourrait conduire la France et l’Europe vers un nouveau modèle ?
J’ai le sentiment un doux délire hante la classe politique et par exemple ceux qui comme Marine le Pen imaginent quitter l’euro. La dégradation de la note française ne va certainement pas arranger les choses. Consommer français n’est pas la solution malgré ce qu’en dit Bayrou qui vit apparemment dans un monde économique imaginaire. Le gnostique contemporain n’ira pas jusqu’à dire que la société est le mal et qu’il faut quitter ce monde. Ce n’est rien qu’une crise et une fin de civilisation qui fait tourner les pensées, conduisant quelques-uns à s’égarer. Après tout, un regard esthétique pourrait trouver dans ce chaos et ce galimatias généralisé un zeste de poésie. Finalement, il y a beaucoup d’hérétiques qui ne croient plus en la politique, ou du moins ne font pas confiance à ceux qui briguent l’investiture suprême. François Hollande me paraît être celui qui tient le mieux la route pour un bout de chemin après 2012. Le temps est gris. Mais d’ici quelques heures, je vais allumer la télé pour voir le petit journal. Juste une formule, fuckin’ politics, lis’ning good rock’ n’ roll.
Et n’oubliez pas, le cartésianisme dans ses versions méthodique et gnostique. Découper un problèmes en éléments pour trouver une solution. Découper une solution en élément pour trouver s’il y a un problème.
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON