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Hervé de Montalzat

« Je vais vous guider » sur le marché de Saint-Antonin-Noble-Val

Il s'appelle Hervé de la classe 75/02 comme il s'est présenté spontanément. Il vit seul dans sa ferme avec ses poules et ses lapins lui qui jadis produisait des melons, bons vous verriez comme ! Il vit sa retraite en allant de ci de là, retrouver l'ambiance des marchés où il écoulait sa production. Je l'ai croisé dans un de ces marchés qui sont l'honneur de ce pays, un lieu chamarré, bruyant où la foule des estivants se mêle aimablement avec les gens du pays.

Il est neuf heures trente et déjà la foule se presse dans les ruelles étroites de Saint-Antonin-Noble-Val. Il faut jouer des coudes pour se frayer un passage ; chacun ayant pris les devants pour faire les commissions avant les fortes chaleurs promises pour la journée. Le marché est à la hauteur de ce somptueux village lové contre les gorges de l'Aveyron. Rues en pentes, pavées, halle, monuments très anciens, petits ruelles transversales et tunnels couverts donnent un charme incomparable dans ce qui constitue un des plus beaux marchés de France.

Les odeurs et les étals sont à la hauteur de l'écrin dans lequel se déroule cette formidable symphonie des sens. Toute la richesse de la production du Sud-Ouest se trouve ici mêlée aux incontournables propositions pour piéger les touristes. C'est la loi du genre et chacun finalement aime à se faire prendre à ce petit jeu pervers.

Pour éviter de m'égarer dans mes choix, j'interpelle un homme de belle taille, portant fièrement le chapeau de Caussade, la moustache avantageuse et le sourire rayonnant. Il s'offre à me servir de guide et durant plus d'une heure va me mener de producteurs en producteurs, parmi ceux qui furent il n'y a pas si longtemps ses collègues forains.

Tout en nous frayant un passage dans la cohue, nous devisons de choses et d'autres, de son métier, de ses passions, de sa vie de célibataire endurci. Soudain au détour d'une librairie : « Le tracteur savant », Hervé me décrit sa pièce de collection, un vieil engin ayant appartenu à son grand-père estampillé « Société Française », les incomparables tracteurs sortis des ateliers de Vierzon.

C'est alors l'occasion rêvée d'effectuer un double débrayage pour passer du coq à l'âne, du musée dans cette ville en bord de Cher et de canal de Berry au rugby, du port à la musique, de la musique à son fils tout en évoquant la huche dans laquelle il garde toute la semaine l'imposante miche de seigle qui se vend ici moitié moins cher qu'en ville.

Nous sommes en pays de connaissance quand le terroir colle aux sabots et à la langue. Lui en occitan, moi en berrichon, nous provoquons parfois un petit embouteillage dans la circulation piétonnière. L'occasion faisant toujours le larron, c'est devant un verre de rouge et en dépit d'une heure qui n'est pas encore apéritive, que nous poursuivons le tour d'horizon de la ruralité en bandoulière.

Il me raconte son regret de n'avoir jamais appris à jouer de l'accordéon, je lui offre un conte en échange. Il me parle de son fils qui fait du sport par procuration, lui qui avait rêvé de faire du judo bien que ce ne fut pas possible à l'époque pour lui. De temps à autre, une ombre passe, celle de sa vie désormais de célibataire qui supporte vaille que vaille une solitude pesante.

Puis sa bonhommie reprend le dessus et il poursuit la narration de ses anecdotes, parsemées de quelques petites histoires égrillardes pour le plaisir de montrer qu'il a de l'humour. Je ne vois pas le temps passer même si je porte à bout de bras un cageot de brugnons doublé d'une couche de tomates à vous damner.

L'heure avançant, il fallut bien nous séparer en nous promettant de nous retrouver à pareille époque au marché de Saint-Antonin un dimanche ou bien celui de Caussade un lundi. Ainsi va la vie quand on prend le temps de parler à un inconnu qui l'est beaucoup moins d'une heure après.

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12 réactions à cet article    


  • chat maigre chat maigre 20 août 19:03

    Salut Nabum,

    moi c’est 97/04 j’étais un des derniers, je ne voulais pas y aller mais j’ai fini par signer un VSL de 3 mois, un belle école de la vie le service militaire smiley

    j’ai toujours adoré les marché, c’est convivial et les gens se retrouvent plus ou moins par hasard et prennent encore le temps de discuter 

    Nous à Marseillan c’est le mardi matin, le marché n’est pas super et on peut trouver mieux pour faire ses emplettes mais niveau convivialité c’est un des meilleurs de la région !!

    On a le fromager du marché couvert qui a un petit bar comptoir donnant sur l’extérieur, quelques tables et Jade coquillages en face pour les huitres smiley

    il faut vraiment que j’ai un impératif pour loupé mes 6 huitres et mon verre de blanc de 10h et le plus dur c’est de réussir à partir avant 11h sinon on se retrouve plongé dans l’ambiance et c’est difficile de refuser les verres offerts sans vexer personne smiley

    le marché c’est un peu comme lire Nabum, il y a toujours un petit goût d’enfance qui remonte smiley


    • C'est Nabum C’est Nabum 20 août 20:42

      @chat maigre

      Que c’est gentil, ce gout d’enfance ...
      Je suis né sur un marché
      ça laisse des traces

      Marché, foire et fêtes foraines furent mes compagnons

      Alors ceci explique cela


    • alainandré 20 août 19:22

      Merci C’est Nabum pour cet article sur Saint Antonin (à mon époque on n’avait pas ajouté Noble Val qui plus tard était destiné aux touristes) ; Natif de 20 kms de Saint Antonin (toujours sans Noble-Val) j’y allais trainer mes espadrilles. Ton article me rappelle ma jeunesse, très loin malheureusement.


      • C'est Nabum C’est Nabum 20 août 20:43

        @alainandré

        Je suis touché

        Laissons donc ce Noble Val et allons à l’essentiel
        Ce marché est vraiment formidable


      • ricoxy ricoxy 20 août 23:37

         

        Bonjour Nabum,

         

        J’ai moi-même vécu près de la Loire, entre Nevers et Bourges. Les marchés de villages, je connais. Il y avait un couple, elle tenant une auberge (on y mangeait divinement bien), et lui était conteur. Je me souviens d’une des ses histoires, celle d’un type complètement bourré qui suivait son enterrement. Le conte s’appelait Défunt moué. Il est même passé sur FR3. Mais ça, c’était la vie avant...

         


        • C'est Nabum C’est Nabum 21 août 07:58

          @ricoxy

          Vous me mettez l’eau de vie à la bouche

          je m’en vais quérir la chose

          Merci


        • juluch juluch 21 août 14:40

          Vous etes tombé sur un bavard il etait d’ou exactement cet occitan ?? smiley


          • C'est Nabum C’est Nabum 21 août 15:17

            @juluch

            Je l’ai indiqué dans le titre


          • juluch juluch 21 août 20:36

            @C’est Nabum

            oups !!!!


          • C'est Nabum C’est Nabum 21 août 21:46

            @juluch

            de rien


          • sylviadandrieux 21 août 21:21

            Saint Antonin Noble Val, souvenirs lointains ensoleillés.

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