Le jour où je me suis rendu compte que je n’avais plus tout à fait 20 ans ( ni plus exactement 30)

S’il faut traditionnellement un pèse-personne pour savoir si l’on renouvellera cette année encore son abonnement au cours de Zumba de son quartier, une soirée un peu arrosée et une journée de travail dans la foulée suffisent pour déterminer, avec l’exactitude du carbone 14, son âge : lorsque son réveil ressemble (en pire) à celui des finalistes de Kho Lanta au 42ème jour et la journée qui suit à l’épreuve des poteaux. Car il faut se rendre à l’évidence, en baissant les armes et refermant les pots de crème anti-rides : il en va de l’âge comme des saisons, il passe…mais à l’inverse des premières, les feuilles mortes de nos automnes sont encore là au mois de juillet suivant et ont une fâcheuse tendance à rendre un peu moins fluide notre brasse coulée. Mais des solutions existent. La plus radicale de toute consiste évidemment à nier l’évidence, à se penser encore (et toujours) jeune et se comporter comme tel. C’est alors oublier qu’il y encore bien pire que de devenir vieux : c’est de vouloir "faire jeune", attitude dont la simple évocation, fait trembler les plus hardis membres de la brigade du bon goût. On ne compte donc plus les "Je ne me suis jamais senti aussi jeune ! " dans la bouche de ceux dont l’âge leur permet tout à la fois de savoir qui était Sim et que le groupe "Emile et Images" n’est en réalité que la fusion de l’ex-chanteur de Gold et du groupe à l’origine du tube "Les démons de minuit". Ceux qui se sont lancés dans un grand écart acrobatique et franchement embarrassant entre la Soupe au choux et Gravity.
Une autre solution, dont je suis partisan, consiste simplement à déplacer le curseur. En réalité, notre désarroi vient de la définition que l’on donne de la jeunesse. Et si nous décidions que cette définition obéit aux mêmes règles que celles qui s’appliquent aux critères physiques exigés chez notre partenaire potentiel lors d’une soirée : passé 3h du matin, le relativisme et la lucidité entrent en scène au moment même où l’exigence et l’amour propre se retirent à pas feutrés en coulisse. Bref, si le problème de l’âge se sera jamais tant d’accepter de devenir vieux que de se souvenir, qu’un jour, nous avons été jeune, restons toutefois dignement sur le terrain jusqu’au jour où nous déciderons de rejoindre discrètement, et avant que l’arbitre ne siffle la fin de la partie, les vestiaires.
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