Le vent finit toujours par tomber
Jeter un voile pudique sur cet instant.
Des humains pensaient souffler le vent pour enchanter leurs semblables quand celui-ci les prit de court et se retourna contre eux. Si l'adage conseille de ne jamais jouer avec le feu, il convient de se montrer circonspect quand il s'agit de côtoyer l’irascible Éole au pied de son olympe.
Il arrive parfois à ce dieu tant redouté des marins, de monter sur une échelle constituée de douze barreaux pour montrer de quel grain il se chauffe. C'est alors un grand avis de tempête pour qui entend affronter les éléments déchaînés.
Plus souffle le vent, plus il se pense invincible. Il fait tourner les têtes, balaie tout sur son passage. Il soulève les jupons quand il se veut fripon, il décoiffe les passants quand il se montre insolent, il bouscule les bonnes manières, renverse les arbres et fait couler les bateaux, déracine les arbres, emporte tout dans ses colères. Le vent a des emportements que nul ne peut maîtriser. Il se fait tempête, tornade, typhon ou bien cyclone avant que de finir par se dégonfler comme une vessie crevée, à bout de furie, ayant épuisé sa fureur destructrice, il disparaît comme par enchantement.
Alors d'un seul coup, la paix revient après le grand désordre, le tumulte des éléments, le désespoir des humains. Chacun reprend son souffle tandis que le vent a rendu son dernier soupir. La nature s'ébroue pour reprendre ses esprits et faire place à nouveau aux chants des oiseaux et aux bruits de l'eau qui coule paisiblement. Celui qui avait tout chamboulé a cessé de mettre à sa merci la nature.
Le vent finit toujours par tomber de son piédestal cessant d'agiter voiles et girouettes, drapeaux et manches à air. Il disparaît sur la pointe des pieds après avoir semé la pagaille avec ses gros sabots. Il faut bien lui reconnaître que tôt ou tard, il manque de souffle et doit reprendre haleine.
Les souffleurs de vent, ceux qui profitaient de l'aubaine pour se faire entendre, semer leur grain de sel ou bien de sable, se retrouvent soudainement le bec dans l'eau. La fête est terminée, ils doivent se faire discrets en attendant de retrouver une autre formation. Les éléments furent un temps favorable, les portant avec vigueur. Aujourd'hui ils doivent faire profil bas.
Ainsi il en va pour tout chose ici-bas. Après la pluie le beau temps, après l'orage une accalmie chargée d'électricité, après la tempête un coin de ciel bleu. Il suffit d'un peu de patience. Tout passe, tout lasse avant que de renaître sous une autre forme. Le vent ne fait pas exception à la règle.
La métaphore brouille les pistes, elle a cette délicatesse de ne pas lever le voile sur ce qui a coupé la chique à deux larrons qui ne sont plus en foire. Il suffit simplement de lire entre les lignes pour éventuellement donner du sens à ces quelques mots. Le mieux est de n'en dire pas plus, de tirer sa révérence pour aller claironner sur tous les tons que la fin justifie le chagrin.
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