Mourir ou rire
Le rire on le sait est l’arme fatale capable de déstabiliser n’importe quel pouvoir à tendance autoritaire…
C’est ce que confirme un livre récent sous la plume d’Alya Aglan : le rire ou la vie
On apprend dans ce livre que l’humour n’était pas un vain mot pour la résistance, ainsi ils avaient fait un montage représentant le dictateur allemand en enfant, lequel s’interrogeait : « et si je leur demandais pardon… ? »
L’auteure rappelle aussi le rôle déterminant de Pierre Dac, qui on le sait, avait rejoint la résistance à Londres pour animer « une résistance radiophonique », avec son célèbre « radio Paris ment, radio Paris est allemand ». lien
En effet, celui qui était une figure de la résistance grâce a ses interventions sur Radio Londres, n’oubliait pas de rappeler que l’humour, comme élégance du désespoir, était une manière de garder la tête haute, mais aussi l’arme blanche des hommes désarmés, faisant comprendre que le rire était l’ennemi mortel de toute dictature. lien
Mais à tout seigneur, tout honneur, comment passer sous silence le film de François Ruffin, réalisateur de « merci Patron », césar en 2017 du meilleur film documentaire, dans lequel Bernard Arnaud, le célèbre milliardaire, est piégé ?
Le film, authentique succès populaire atteignant en 4 mois de diffusion les 500 000 entrées en salle, met en scène une famille de Poix du Nord, la famille KLur, dont le père et la mère, licenciés par le groupe LVMH , ont tout perdu, suite à la délocalisation de l’entreprise sous-traitante Ecce, fabricants de costumes Kenzo.
Ruffin mettra en scène un stratagème afin de piéger le milliardaire..lien
Pour rester dans le cinéma, on ne peut faire l’impasse sur Charlie Chaplin qui se moqua cruellement d’Hitler dans son célèbre « le Dictateur ». lien
Chaplin aimait à rappeler : « le seul moyen de survivre à nos maux, c’est précisemment d’en rire ».
D’un acteur à l’autre, quid du regretté Coluche, dont on sait aujourd’hui que la mort n’était pas accidentelle, ainsi que je l’ai prouvé dans un article ancien ?
Il n’était pas le dernier à manier l’humour cruel au sujet des politiques.
« je ferais remarquer aux politiques qui me prennent pour un rigolo que ce n’est pas moi qui ait commencé » aimait-il à rappeler…
il avait aussi déclaré : « la moitié des hommes politiques sont des bons à rien, les autres sont prêts à tout ». lien
Au passage, rappelons que le chauffeur du camion, un certain Ardisson, (qui s'était inventé comme le père de l’animateur bien connu) responsable de sa mort est lui aussi décédé récemment sans avoir soulagé sa conscience. lien
Et aujourd’hui, qui donc utilise l’humour pour se moquer des politiques ?
Un certain Philippe Caverivière, chroniqueur dans « laGrandeSemaine » a proposé quelques anecdotes assez croustillantes sur Ciotti, Bardella, Attal, Dupont-Aignan…lien
Mais les politiques eux-mêmes sont-il capables d’auto-dérision, ou tout simplement d’humour ?
On se souvient peut-être de la répartie de Chirac qu’un homme traitait de « connard », lui répondait : « enchanté, moi, c’est Jacques Chirac ». lien
D’autres petites phrases de nos hommes politiques méritent le détour…
De Balkany, qui se prétendait « l’homme le plus honnête du monde », à Dati qui affirmait : « je n’ai jamais cherché à attirer l’attention », en passant par Séguin qui prétendait « ce n’est pas parce que les caisses sont vides qu’elles sont inépuisables », les exemples ne manquent pas de ces politiques non dénués d’humour...parfois à leur dépens. Lien
Question humour, Jean Lassalle n’est pas le dernier à en faire usage. Lien
Et cet humour passe les frontières, si l’on se souvient que Churchill affirmait sans rire « une pomme par jour éloigne le médecin...si on vise bien ».
En ces temps ou Macron prétend imposer un premier ministre, alors que sa majorité est morte et enterrée, l’humour n’est-il pas toujours le bienvenu ?
D’autant que le 4 aout dernier, c’était l’anniversaire de l’abolition des privilèges, alors que bizarrement, les médias sont unaniment discrets sur le sujet...
Comme l’écrivait un internaute taquin : « quand on est élu président par une minorité, il faut s’attendre à être viré par une majorité ».
...et comme dit mon vieil ami africain : « les dents ont beau rire, le cœur sait la blessure qu’il porte ».
le dessin illustrant l’article est de Chappatte
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
articles anciens
Quand la réalité tue la rumeur
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