Vacances pas chères : osez le camping sauvage !
Il y a des vacances qui ne coûtent presque rien et qui peuvent être particulièrement jouissives. C'est le cas du camping sauvage. Bon, il y a bien quelques inconvénients, je vous l'accorde. Le premier étant une faible tolérance des autorités. Ce qui ne signifie pas pour autant interdiction pure et simple, comme on le croit bien souvent...
Le camping « sauvage », c'est autorisé
J'ai lu à peu près tout et n'importe quoi à ce sujet, un texte destiné à contrer les installations sauvages des gens du voyage ayant achevé de semer la confusion. En réalité, comme l'indique l'article R*11-41 du code de l'urbanisme, « Le camping est librement pratiqué, hors de l'emprise des routes et voies publiques (.) avec l'accord de celui qui a la jouissance du sol, sous réserve, le cas échéant, de l'opposition du propriétaire. ». Il est donc autorisé, sauf sur les routes et voie publiques et sur les propriétés privées, si vous n'avez pas l'accord du propriétaire.
L'article suivant énumère néanmoins une série de restrictions supplémentaires : le camping est aussi interdit dans les bois, forêts et parcs classés comme espaces naturels à conserver ; sur les sites classés ou inscrits dans les zones de protection du patrimoine et des sites (n'espérez pas camper à la pointe du raz sans être inquiété .) ; sur ou à proximité des sites et monuments classés comme historiques ; au bord de la mer ; à proximité des points de captage d'eau potable.. Et enfin dans toutes les zones où le camping est interdit par arrêté préfectoral.
Into the wild ! Le petit point bleu, au centre, c'est notre campement !
Cela fait beaucoup de restriction mais, somme toute, ça nous laisse quand même pas mal de surface pour planter nos tentes !
Malheureusement les élus locaux n'aiment guère les campeurs, accusés de dégrader l'environnement et de favoriser l'insécurité. C'est pourquoi de nombreuses communes prennent des arrêtés interdisant le camping sur tout ou partie du territoire communal. Or, la plupart de ces arrêtés sont illégaux. L'article R*111-43, du même code de l'urbanisme, détermine dans quelles conditions les maires peuvent réglementer le camping hors zone aménagée :
Premièrement, ils sont tenus de respecter une procédure : les zones interdites doivent être identifiées dans les documents d'urbanisme ; si ce n'est pas le cas, les maires peuvent prendre un arrêté mais ils doivent requérir l'avis de la commission départementale d'action touristique.
Deuxièmement, les maires doivent justifier précisément l'interdiction. Le texte précise que le camping peut être interdit si cette activité « est de nature à porter atteinte à la salubrité, à la sécurité ou à la tranquillité publique, aux paysages naturels ou urbains, à la conservation des perspectives monumentales, à la conservation des milieux naturels ou à l'exercice des activités agricoles et forestières ». Ce qui laisse beaucoup de choix aux élus. Ils doivent néanmoins faire un choix crédible.
Troisièmement, l'interdiction ne peut-être générale ; elle ne peut porter que sur certaines zones de la commune, précisément circonscrites. En outre, ces interdictions doivent être portées à la connaissance du public, par voie d'affichage en mairie et les zones interdites signalées par des panneaux à leurs points d'accès habituels.
Lorsque ces contraintes ne sont pas respectées, ce qui est très fréquent, les procès verbaux éventuellement dressés par les agents de ces collectivités sont illégaux et devraient être purement et simplement annulés.
Une organisation « béton »
Si l'aventure du camping sauvage vous tente, soyez très bien organisé, sans quoi vous allez transformer vos vacances en cauchemar. Voici quelques conseils :
Couchage : évitez tous les systèmes gonflables. Quelque soit leur qualité, ils finissent toujours par se crever. Les lits de camp sont idéals, mais assez lourds et encombrants. Si vous avez des contraintes de poids, les tapis de gym en mousse feront l'affaire . Achetez les de très bonne qualité et ils dureront une éternité. Si vous trouvez que c'est trop dur, mettez en deux, l'un sur l'autre. Ajoutez une ou deux rabanes sous vos couchages.
Réserve d'eau : c'est ce qui manque le plus vite. Des mini-jerricans de 10 litres en plastique sont parfaits et peu onéreux. Prenez autant d'eau que vous pourrez en transporter. Vous pourrez éventuellement utiliser l'eau d'une rivière, d'un lac ou d'une source pour la cuisine, mais il faudra toujours la faire bouillir. Même si elle est fraîche et claire une eau prélevée dans la nature peu toujours être bactériologiquement polluée.
Réchaud à gaz : il est très souvent interdit de faire du feu en été. L'idéal pour faire chauffer l'eau et la nourriture est un réchaud à gaz, équipé d'une assez grosse bonbonne. Pour ne pas la vider en trois jours, il est impératif que vous le protégiez des mouvements d'air en l'entourant d'un paravent de bonnes dimensions. Pour ma part j'ai fabriqué un objet pliant avec trois morceaux de tôle légère.
Choix du lieu : ne vous installez jamais trop près d'une rivière. Des orages soudains, même lointains, peuvent entraîner une crue soudaine et vous mettre en difficulté, voire même en danger. De plus l'humidité sera vraiment ennuyeuse dès la tombée de la nuit. Arrangez vous quand même pour n'être pas trop loin d'un plan d'eau propre ou d'un ruisseau. Evitez comme la peste les creux qui se transformeront en mare à la première grosse pluie. Ne vous installez pas non plus au pied de parois rocheuses d'où des pierres pourraient se détacher. Enfin, évitez la proximité des arbres de très grande taille, qui ont une fâcheuse tendance à attirer la foudre en cas d'orage.
Sécurité : seuls et endormis dans nos petites tentes, nous sommes vulnérables. Evitez les zones à tourisme de masse, comme la côte méditerranéenne, qui attire en été beaucoup de voleurs et de vagabonds. Les régions isolées et peu accessibles sont en général sans danger. Le nombre est une bonne protection. Si vous êtes une douzaine, vous risquerez moins d'être ennuyé qu'à trois. Pour ma part j'emmène toujours un pistolet à plomb de 4,5 mn. C'est un modèle à répétition et à gaz qui ne risque pas de blesser gravement mais qui fait sans doute assez mal à quelques mètres de distance. Par ailleurs, je mets en place, avec l'aide des enfants qui nous accompagnent, un système composé de deux ou trois alarmes sonores à déclenchement par tirette (on en trouve dans les magasins d'électronique). Il suffit d'un peu de fil de pêche, de cordelette, de pitons à fixer sur les arbres ou les piquets pour laisser coulisser le fil, de quelques élastiques (pour amortir la tension sur la tirette). Piéger le passage jusqu'au campement en interposant une barrière de fil de pêche invisible est un jeu d'enfants. Et d'ailleurs, les enfants adorent ça !
Conserver le froid : c'est une préoccupation importante, surtout lorsqu'on se trouve dans un endroit très chaud, comme le sud de la France en été. Voici quelques infos utiles :
Premièrement, employez des glaciaires de bonne qualité, bien plus efficaces que les produits d'entrée de gamme des supermarchés. Elles sont malheureusement beaucoup plus chères (environ 70 € pour un modèle de 25 litres). Les sacs isothermes et glacières souples ne conviennent pas pour le camping.
Plutôt que d'emporter des accumulateurs de froid, véritables poids morts, mettez dans vos glaciaires des bouteilles d'eau congelées, qui serviront de réserve d'eau à boire. Vous pourrez en acheter dans tous les campings, dans les épiceries proches des lieux touristiques, dans certains supermarchés. Assurez-vous qu'il s'agit bien d'eau potable.
Trouvez pour vos glacières un lieu où elles seront à l'ombre la plupart du temps. S'il fait très chaud, vous pouvez utiliser cette technique qui a fait ses preuves : prenez de vieilles serviettes de bains, mouillez-les et recouvrez les glaciaires avec. L'évaporation de l'eau les rafraîchira. Pensez à les remouiller régulièrement.
Le laissez jamais une glaciaire ouverte inutilement. Dès que vous en avez sorti ce dont vous avez besoin, remettez le couvercle.
Douches et toilettes : allez dans la nature pour faire ses besoins est une difficulté au début mais on s'y fait. Toutefois, si le chargement n'est pas un problème, offrez-vous des WC chimiques de camping. Les premiers prix sont à moins de 70 €. Pour la toilette, les douches de camping solaires sont épatantes. Ces vessies de caoutchouc noire emmagasinent la chaleur dans la journée. Le soir, on les pend à une branche d'arbre et on se lave sous un filet d'eau chaude (attention, parfois même brûlante !). On trouve des vessies de 20 litres à moins de 7 euros.
Tentes de pêcheurs : ces mini-tentes, qui coûtent une dizaine d'euros, font d'excellents placards. Vous y mettrez notamment la nourriture « sèche » (biscuits, sucre, pain, pâtes, etc) à l'abri des insectes.
Quelques outils vraiment utiles : une pelle (genre pelle de l'armée, courte, solide et pliante). Une hachette et/ou une petite scie, si vous devez couper du bois ; des outils multi-usages (couteau, pince, ciseaux.) ; de la cordelette en nylon à profusion, des bâches de diverses tailles, une massette pour planter les sardines des tentes, si le terrain est pierreux ; des éclairages à LED, rechargeables sur la batterie de la voiture et/ou solaire, des casiers pliants en plastique.
Le bon vieux feu de camp est bien agréable ! Ici au milieu du mois de mai, dans la Drôme. Mais attention aux incendies !
Feu de camp
Voilà un sujet délicat. Que serait en effet le camping sauvage sans le bon vieux feu de camp, autour duquel on se rassemble, une fois la nuit tombée ? D'un autre coté, la sécurité doit primer et de nombreux arrêtés préfectoraux interdisent de faire du feu durant des périodes estivales et parfois au-delà. Pour vous renseigner, saisissez dans votre moteur de recherche habituel une requête du type « feu réglementation département ». En cas d'échec, essayez les mots clef « préfectoral », « arrêté », « prévention incendie » et « emploi du feu ». Vous devriez trouver facilement un tableau résumant les pratiques autorisées, celles qui sont limitées et celles qui sont interdites et ce durant les différentes périodes de l'année. Prenons le cas du Var, un département régulièrement dévasté par les incendies. Du premier octobre au 31 mai, vous pouvez faire un « feu de cuisson » dans la campagne, mais seulement si vous êtes sur votre propriété. Pour les campeurs, c'est niet toute l'année ! Du premier juin au 30 septembre, vous n'avez même pas le droit de fumer une cigarette !
En pratique, sauf dans les départements sujets à incendies, vous bénéficierez d'une certaine tolérance dans les périodes autorisés pour les ayants-droit. A condition toutefois d'avoir pris les précautions indispensables : foyer sur un sol peu propice à la propagation du feu, sable, terre ou eau à proximité pour éteindre un éventuel début d'incendie, absence de vent (si les grosses branches ou les troncs sont agités, il y a trop de vent pour faire du feu).
Dans les départements humides et frais, comme les Ardennes ou la Meuse, où les feux de camp ne constituant pas un problème important, il sera peut-être difficile de trouver une information fiable sur Internet. Dans ce cas, appeler la préfecture du département. Dans ces régions, même si l'allumage d'un feu est interdit en juillet/août, vous pouvez espérer une certaine tolérance, à condition d'avoir pris les précautions d'usage.
Si vous êtes pris à faire du feu dans une période d'interdiction, la sanction pourra être une amende de 135 à 230 €. Rien de bien méchant, mais attention : si vous avez causé ne serais-ce qu'un début d'incendie, vous risquez une amende de plusieurs milliers d'euros et même une peine de prison. Soyez donc prudent.
Le camping sauvage est aussi l'occasion de rencontrer de nombreux animaux. Surtout tôt le matin ou à la tombée de la nuit. Ce papillon a été surpris dans son sommeil, vers 6 heures du matin. J'ai pu approcher l'objectif à moins de deux centimètres pour le photographier.
Pour en savoir plus, visitez mon site Internet « Comme Robinson dans la crise » à cette page :
http://robinson-dans-la-crise.franceserv.fr/camping-sauvage.html
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