Candidats …
Le miroir aux alouettes …
Une nouvelle course à l'échalote agite le Landerneau et nos belles circonscriptions, toutes découpées de manière savante afin de diluer les mécontents chroniques dans un flot de naïfs, de profiteurs et de complices. C'est l'art de noyer le poison de la contestation sociale, la manière de faire prendre des vessies pour des lanternes de la lucidité qui sont mis en évidence pour cet héritage du grand Charles Pasqua, le maître de l'entourloupe.
Dans ce contexte, il y a beaucoup d'appelés et bien peu d'élus. Les premiers viennent, naïvement sans doute, faire acte de présence pour un témoignage qui en la circonstance, risque de rester lettre morte sur une profession de foi qui ne sera pas même parcourue. Que de dépenses inutiles pour une élection durant laquelle, le débat est totalement absent.
Les seconds, les moins nombreux, sont les envoyés spécieux des partis qui comptent bien sur leur notoriété pour empocher la mise, gagner le cocotier et engranger des subsides à venir au nom d'une loi du financement des partis politiques qui est par essence totalement inégalitaire et injuste. Pour ceux-là, c'est d'abord la course à l'ego par le truchement d'une incessante présence sur le terrain.
Être partout à la fois et surtout en concomitance avec le correspondant du journal local, telle est la compétence essentielle qui sera exigée du postulant. Il convient d'éplucher le programme des festivités en ces mois de mai et de juin, riches en occasion d'afficher sa trombine pour démontrer un don d’ubiquité qui est la marque de fabrique de cette caste de flagorneurs.
Partout, faire l'éloge des organisateurs, des élus, des bénévoles, des citoyens qui sont l'honneur de la ruralité ou du territoire. Le même discours, sans cesse ajusté au contexte, le même sourire enjoué, la même fraîcheur pour ne pas afficher la lassitude à jouer ainsi les girouettes ou les filles de l'air. Il convient de démontrer de l'enthousiasme pour tout ce qui se passe et surtout de se montrer sur des clichés qui alimenteront les réseaux sociaux, la nouvelle instance de la démocratie élective.
Les candidats sont donc réduits, tout à la fois par la nécessité d'une élection sans ferveur populaire et de leur propre volonté à ce jeu de dupe où la seule nécessité est de passer pour une tête de gondole, un produit marketing qu'il convient de mettre en avant. Les législatives sont devenues un vote à la gueule du client et pour bien se vendre, il faut s'afficher.
Je plains sincèrement ces candidats, mannequins pitoyables qui courent le cliché, la poignée de main et le bon mot sans jamais aborder les sujets de l'heure ni évoquer les grands enjeux de notre époque. Ils se contentent de sourire, de faire risette, de se montrer enjoués pour donner la meilleure image possible.
Par surprenant qu'une fois élus, ils conservent ce rôle de représentation, cette faculté à parader dans leur circonscription tout en se faisant tout petit dans l’hémicycle. Ce ne sont que des pantins obéissants, de gentils godillots qui aiment à marcher au pas, une fois rendus dans la grande maison où ils couleront des heures languissantes.
L'essentiel est ailleurs, sur le terrain. C'est là qu'ils devront démontrer leur immense vacuité en poursuivant inlassablement cette course au cliché, rentrant alors en concurrence avec des adversaires plus redoutables encore, des gens baignés depuis longtemps dans l'art de se trouver au bon endroit : les sénateurs.
Alors, quand vous glisserez votre bulletin dans l'urne, essayez pour une fois de ne pas vous fier aux apparences - elles sont toujours trompeuses- ni de considérer des réputations souvent fabriquées de toute pièce. Osez la lecture et l'analyse des professions de foi sans croire un seul instant à leur sincérité. L'exercice est délicat et le choix qui s'offre à nous, risque fort d'être aussi vain que dérisoire.
À contre-cliché.
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