Carla m’a tuer
Avant, je me gavais du matin jusqu’au soir de chocolats divers et variés. Noir ou blanc, au lait ou aux noisettes, aux noix de Pécan ou aux raisins, en tablettes, en œufs de Pâques ou en poissons d’avril, tout était bon pour moi. Et pis, ça stimulait ma libido bien plus qu’un poster de Loana en string.

Avant, je me jetais sur tout ce qui portait jupon, des politiques plus ou moins expertes, des conseillères plus ou moins techniques, des plumitives plus ou moins douées et aussi des commerçantes plus ou moins achalandées. Parfois, je roulais même en Ferrari, c’est dire…
Avant je lisais Pif le chien, la série Harlequin et Guillaume Musso. Je me matais des chouettes toiles comme Mon curé chez les nudistes, Les bidasses en folie ou encore On a retrouvé la cinquième compagnie. J’adorais le théâtre et ses grands comédiens comme Jean Lefebvre, Jacques Balutin et Bernard Tapie. J’écoutais en boucle Les mariés de Vendée, Les filles de mon pays et J’ai gardé l’accent.
Avant j’avais des petites poignées d’amour que le Paris-Match de mon ami Lagardère s’escrimait à gommer. Un petit ventre rond que mon cacao chéri et aussi les pizzas quatre-fromages avaient sculpté au fil du temps. Avant je sortais tous les soirs jusqu’à plus d’heures avec mes potes Brice, Christian, Didier, Enrico, Johnny, et Patrick. Une vraie vie de patachon, quoi !
Certes, je ne buvais que de l’eau minérale. Pas par hygiène de vie mais parce que la moindre goutte de raisin fermenté me rendrait patraque. Remember mon premier G20 après mon entrevue avec Vladimir. J’étais pas beau à voir. Qu’importe, tout cela appartient désormais au passé. Maintenant à l’ordre du jour, c’est régime sans sel et serrage de ceinture. Exit les confiseries bonjour la salade crue. Plus musculation du périnée pour assurer au pieu et footing à midi sous un cagnard d’enfer quitte à avoir un malaise cardiaque, vagal, lipothymique. Rayons la mention inutile… Bon, remarque bien, ce genre de petits pépins, ça fait grimper dans les sondages !
Merci à, l’hâlé adorateur de Rolex de m’avoir présenté l’âme sœur au cours d’un repas entre amis. Ce jour-là, il aurait mieux fait de manger son chien, le publivore. A cause d’elle, je suis particulièrement affûté et je ressemble plus à un coureur du Tour de France qu’à un président. C’est pas moi c’est Balkany qui le dit. A cause d’elle, je m’endors sur Antonioni, Bergman ou bien Jean-Luc Godard. Je lis en diagonale des trucs indigestes comme Borges, Cohen et même L’Ulysse de Joyce. A l’occasion, je dois même faire le bellâtre devant les lectrices de Femmes Actuelles. Le soir, je reste enfermé dans ce bunker qu’est devenu l’Elysée, cerné par les gardes du corps et par ma garde-chiourme.
Quand elle m’emmène en ville, c’est pour me faire subir des opéras à rallonge, des trucs branchouilles façon Julien Doré et des choses auxquelles on comprend rien genre Eugène Ionesco ou pire Michel Vinaver, vous savez le dabe d’Anouk Grimberg. A New York, j’ai même dû applaudir à tout rompre le massacre par ma belle de Blowin in the wind, un hymne contestataire. Chaque jour que Dieu fait, je prie tous les saints encore en service pour qu’elle ne me traîne pas en Avignon. Ce serait le festival de l’ennui, le pompon de la lassitude, le nec plus ultra du rasoir. Je sais pas pourquoi, je sens subrepticement que ça me pend au nez. Après tout, la Cité des Papes, ce n’est pas très loin du Cap Nègre…
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