« Ce n’est pas lorsque l’on a fait dans sa culotte qu’il faut serrer les fesses. »
« Qué pa no chiado di ta malina
Panique à bord, tous les capitaines de corvettes et les équipages se précipitent vers les radeaux de sauvetage tandis qu'une mer démontée depuis belle lurette menace enfin de couler tous les bâtiments de cette marine marchande de pacotille. Pourtant, depuis fort longtemps, les cornes de brume lancent leur lugubre plainte tandis que les radars ne cessent d'annoncer des bas-fonds depuis fort longtemps.
C'est justement ce péril qui avait jusque-là permis de faire monter les enchères pour continuer joyeusement à naviguer à vue sans jamais changer de cap. Décisions après décisions, mensonges après mensonges, la houle a grossi, le vent a forci, le ciel s'est chargé de lourds nuages et quelques rats avaient quitté les différents navires.
Celui qu'on prenait pour un corsaire d'opérette avec son bandeau sur l'œil avait laissé la place à cette charmante mainate femelle qui avait grandi sous son aile tutélaire. La peur continuant alors d'éviter un danger qui d'approches en approches se faisait plus pressent. Puis à bord du navire pirate, un jeune loup de mer prit la barre tandis que d'autres embarcations arboraient elles aussi le drapeau à tête de mort afin de cerner d'avantage la flotte marchande.
À bord du convoi, on se tirait à boulet rouge, les uns sur les autres, espérant envoyer par le fond le rival sans se soucier de la sourde menace qui ne cessait de s'approcher. Les querelles intestines finirent pas avoir un effet désastreux sur la flore intestinale de tous les équipages. La pétaudière se fit alors sur le pont chacun vomissant ou conchiant son voisin.
C'est dans ce vacarme assourdissant et profitant de la méchante fumée provoquée par la traversée transatlantique d'une flamme que l'abordage a eu lieu en haute mer. Ce fut un coup de maître tant le chahut au sein des différents équipages n'avait pas permis de voir venir la menace en dépit des cartes marines qui ne prédisaient rien de bon.
C'est alors qu'avec les pirates sur le pont, les différents capitaines eurent l'idée soudaine de changer de cap, de regrouper leurs forces et de tenter de faire front. Les lois de la guerre navale sont pourtant formelles, dans pareil cas, il est bien trop tard pour empêcher de couler les bâtiments sabordés par leurs responsables.
C'est alors, que fuyant en montant précipitamment dans des chaloupes alors que quelques hommes d'équipage faisaient défection, se laissant attirer par les sirènes des vainqueurs et les promesses futures de butin, tous jurèrent sur leurs grands dieux qu'ils allaient constituer une invincible armada pour reprendre la main et leur navire amiral.
Pensée absurde puisque l'amiral dans un geste sublime avait de son plein gré et devançant tout son monde, sauté à pieds joints dans les flots déchaînés. Les marins assistèrent navrés à cette désertion devant le péril, à ce refus d'assumer sa responsabilité ou pour le moins de conduire sur la terre ferme ceux qui souquaient dans leurs esquifs de survie.
Le mal de mer prit alors tout ceux qui tentaient de regagner la terre ferme, une lointaine perspective sur une côte sauvage et périlleuse. Curieusement c'est du ventre que se vidèrent ceux qui n'avaient pas eu jusque-là les tripes pour s'opposer véritablement à la mortelle menace. Il y eut bien des matelots pour conseiller à leurs camarades de serrer les fesses et de faire front devant l'adversité. Mais ceci arrivait bien trop tard, ils avaient tous fait dans leur braie. L'entérite chronique fit rendre les armes aux raies publiques.
Comme aux temps des compagnons de la côte, le tort tue qui n'a pas su venir le vent mauvais. À vivre copieusement aux crochets du citoyen, les vieux briscards de la politique venaient de prendre une sacrée déculottée.
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