Chapeau l’artiste !
Le lion et le lapin ... Fable des temps de grande cupidité.

Il bat en retraite … provisoirement.
Monsieur Varin est un homme d'importance. Inutile de lui chercher des poux dans la tête, l'homme ne risque pas de se mettre à votre portée. Il se coiffe d'une retraite chapeau qui atteint des sommets et qui doit le mettre à l'abri des mauvais jours et des parasites capillaires. En ces temps difficiles où les ouvriers qui perdent les uns après les autres leur emploi, le grand dirigeant se frise et tire sa révérence en avec un joli pied de nez !
Durant 25 ans, ce brave homme devait toucher une coquette somme, largement de quoi remplir un bas de laine ou un bonnet de nuit. J'utilise à dessein l'imparfait car, dans un sursaut de lucidité et de conscience, ce citoyen au dessus de tout soupçon a renoncé au pactole. Ce n'est certes pas de gaité de cœur qu'on se prive d'une telle somme, juste récompense de ses immenses mérites en lien direct avec les souffrances infligées au petit personnel, mais l'indiscrétion journalistique avait faire perdre la tête à une partie de la France.
C'est une fois encore la France d'en bas, celle des gens qui n'aiment pas prendre des risques, qui ne veulent pas travailler du matin au soir, qui se refusent à reconnaître les réalités d'un monde sans pitié qui s'est mobilisé pour couper l'herbe sous le pied à ce grand serviteur du libéralisme. Encore heureux que ces gueux, dans un mouvement désordonné et irrépressible n'aient pas pensé à couper la tête du pauvre homme …
Ce matin, Philippe Varin doit se réveiller avec la gueule de bois. Il vient de sacrifier un peu du confort que lui seul méritait de bénéficier lors de sa retraite. Soixante et un an, un bel âge pendant que le gouvernement socialiste est en train de repousser encore plus loin les limites de l'intolérable pour les travailleurs de l'ombre, les anonymes aux petits salaires et aux carrières misérables. La juxtaposition de ces faits, le télescopage d'un débat à l'assemblée et du départ d'un vieux lionceau n'ont hélas pas servi la discrétion et la tranquillité à laquelle aspirait le président directeur général. Les gens sont méchants.
Monsieur Varin n'a vraiment pas de chance. Toutes ces agitations du moment, ces bonnets rouges et ces têtes brulées ont mis sur le devant la scène les considérations du couvre-chef. Sans tout ce bruit, il passait tranquillement à travers les mailles du filet d'autant plus sûrement, que le gouvernement socialiste n'avait pas souhaité légiférer sur cette pratique que seuls les jaloux et le Pape qualifient d'indigne.
C'est lui qui porte le chapeau d'une période trouble. Il a focalisé l'exaspération, il a dû offrir sa tête sur un plateau et sa retraite dorée à la gloire. Il fait don de cette belle fortune aux travailleurs de Peugeot. Si la formule est magnifique, la réalité sera toute autre, inutile de couper les cheveux en quatre, les ouvriers en bleu de travail, les gars aux mains sales, les dames contraintes aux obscures besognes n'auront jamais le moindre denier. C'est de l'esbroufe !
J'invite ceux qui voulaient saluer le sacrifice de Monsieur Varin par une mesure de solidarité nationale de n'en rien faire. Ne faites pas la sortie des usines, ni encore moins celle des agences Pôle Emploi pour demander une petite contribution pour aider le brave homme. Nombreux sont ceux qui serait tentés de cracher dans votre chapeau plutôt qu'au bassinet. Le peuple avec sa rancune tenace n'est pas prêt de le plaindre.
L'actualité vient donc de nous sortir de son chapeau un joli lapin en peluche. Un joli hochet pour que nous rongions notre frein et ayons un bel os à ronger. Nous avons eu la tête de Varin, c'est pour mieux nous faire avaler d'autres couleuvres. Ne pensez pas que la société de l'inégalité abyssale connaisse sa première défaite, ce n'est qu'un recul tactique.
Point n'est besoin de s'apitoyer sur un homme qui ne doit pas savoir ce qu'est le besoin. Point n'est nécessaire de glorifier son geste, il y aura certainement des négociations souterraines pour compenser le sacrifice officiel. Point n'est indispensable de croire aux belles paroles des ministres, du président et des experts de tous poils, demain on ne rasera pas gratis dans notre pays en ruine ! Le soufflet médiatique retombé, d'autres coups tordus assureront de nouveaux bénéfices à tous ces gros bonnets de l'arnaque, de l'indécence et de la cupidité indigne. Chapeau les artistes !
Énervement mien.
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