Dreyfus versus Gégé ou la Galaxie Picsou
Oyez, Oyez M’sieurs/Dames, demandez le sommaire et régalez-vous d’une nouvelle friandise bien mijotée dans la grande marmite de l’Affaire avec un grand A – comme notre doulce France n’en connut qu’une par siècle !
Il semblerait donc (une trentaine d’articles déjà référencées sur ce pure-player citoyen) que nous ayons mis le doigt, si j’ose dire, sur un remix de l’affaire Dreyfus, un feuilleton à succès se révélant d’ores et déjà THE scandale populaire du XXIème siècle…
Hélas, il est à déplorer que le casting en soit un peu moins brillant que celui de son illustre prédécesseur ! Récapitulons :
En lieu et place du hautain et élégant capitaine à l’honneur perdu par d’iniques accusations d’espionnage caractérisé, nous avons un saltimbanque ( de ceux auxquels l’Eglise refusait une décente sépulture) un tantinet flétri et bouffi par des excès de toutes sortes, et qui s’est mis lui-même en porte-à-faux de l’opinion publique pour avoir choisi de renier le cher pays de son enfance au profit de son compte en banque bien garni… Honneur contre Argent : les Corneille du futur choisiront à leur guise le sujet idéal pour leur tragédie !
Deuxio : dans les demeures bourgeoises de l’époque Dreyfus, il était interdit d’aborder le sujet avant les agapes dominicales par crainte d’un pugilat familial. Et pourtant, toute la parentèle finissait par s’écharper au nom de l’innocence et de la vérité judiciaire ! Chez nous, les partisans des deux camps, coupable/non-coupable, se bombardent de flèches virtuelles par médias interposés sans craindre la plus petite bosse, c’est déjà plus civilisé…
En conséquence, un partout !
Alors que le grand Zola dégainait une plume au vitriol pour défendre son héros dans le journal phare de l’époque, que pouvons-nous aligner comme protagonistes du feuilleton de Gégé-les-gros-bas (de laine) ? Un histrion qui s’est illustré, outre sur la scène de la maison de Molière, dans sa préférence pour la star du J.T. le plus pourri de tout l’hexagone contre une ex-idole des jeunes sur le retour, pas très clair non plus dans ses choix patriotiques. Et quand un second comédien qui vient d’incarner le héros d’un film brocardant Le Capital en rajoute une couche côté soutien à Gégé-les-picaillons, on se dit vraiment que tout ça n’est pas très brillant !
Deux/Un, donc, pour le siècle passé.
Dans la guerre des caricatures, le combat semble très inégal. Car si Caran d’Ache et confrères surent conserver à leur crayon une certaine dignité, que dire de nos humoristes actuels qui se vautrent dans la vulgarité la plus scatologique ?
Trois/Un, ça s’arrange pas pour Gégé-roi-du-blé !
Aux points et sans poings, le Capitaine fracasse Gégé-feuilles- d’oseille…
Mais le combattant qui semble à terre est en fait le grand vainqueur de l’histoire !
Oui, on le savait déjà, mais l’excès presque obscène des débats médiatiques autour d’une affaire qui aurait dû rester privée (mais qu’est-ce que l’Etat s’en fout des 100 petits millions du patrimoine de Gégé-la -tirelire quand sa dette publique atteint la somme astronomique de 1 818 milliards d’euros !) confirme bien le grand virage pris depuis 50 ans par la société du profit triomphant et du fric obligatoire.
Qu’on le nomme braise, oseille, flouze, galette, pognon, blé, ronds, pépètes, pèze, picaillons, fraîche, radis… c’est l’argent-roi la grande affaire d’aujourd’hui. Et si Breton brocardait la cupidité d’Avida Dollars, notre monde se prosterne sans vergogne aux pieds sacrés du Dieu Argent.
Donc, puisque Gutenberg s’est éclipsé derrière les écrans-rois du web et que les héros sont maintenant fabriqués de plastique version Disneyland, bienvenue dans la Galaxie Picsou !
La conclusion de ce match de catch à travers les âges est aussi laconique qu’évidente : on a les scandales que l’on mérite et les idoles que l’on se fabrique…
Et que grogne le peuple ?
Il l’a bien cherché, que diable !
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