Du bon usage de la Chantilly en milieu hostile
Une autre manière de sucrer les fraises.
Si la mousse à raser, symboliquement, fait le même effet que son homologue pâtissière tout en évitant l’écueil de vouloir couper les cheveux en quatre là où il n’y en a guère, la crème Chantilly aime paradoxalement à se ficher sur un blaireau notoire en sortant d'une bombe. Certes, comparaison n'est pas raison, mais il convient de souligner la congruence des deux mousses.
Retenons donc le principe que la Chantilly est de très loin préférable pour raser de plus près les seconds couteaux, ceux qui nous barbent et les notabilités à recaser. Elle a de plus, l'incontestable mérite de ne pas faire mousser celui qui la reçoit, lui donnant dans l'instant cet air tarte qui lui colle à la peau. Dans pareil cas, paradoxe des paradoxes, la cible cesse immédiatement de ramener sa fraise, ce qui, avouons-le, nous fait un bien fou.
Bien sûr en passant du philosophe, sa cible préférentielle, au ministre en mal de reconversion, ladite mousse a soudain perdu de sa superbe ne pouvant s'auréoler d'un réceptacle glorieux. La belle chevelure au vent du premier lui seyait bien mieux qu'un crâne d'œuf qui eut, au mieux, supporté un peu de mayonnaise. Mais ce produit a subi de plein fouet (si j'ose écrire pour une préparation industrielle) la crise ukrainienne, les mécontents ont dû se rabattre sur le grand classique du cinéma burlesque.
La Chantilly suggère ce délicieux petit parfum d'ancien régime qui sied à merveille aux ci-devant faces de carême qui soudain, retrouvent un peu de couleur avec cette adjonction de poudre blanche. Un vieux réflexe de caste qui leur remet du rose aux joues avec l'illusion de retrouver le temps béni des perruques et de la noblesse.
Une autre raison pour eux de se féliciter du choix de cette crème dessert réside dans sa manière de s'échapper de la bombe qui la contient. Ce n'est que du vent, de l'air comprimé, une manière adroite de célébrer ainsi la convergence entre le produit et son réceptacle sans avoir les terribles inconvénients des bombes lacrymogènes que leurs subalternes zélés dépêchent si souvent contre le tiers état.
Dans le cas précis de notre nouvel amateur de pralines, la crème sur le fardeau d'une démocratie aux arrêts, qu'une bonne poire soit ainsi couverte juste avant que d'être chocolat révèle un sens aigu de la manière de clore ainsi un repas durant lequel il s'est goinfré à nos dépens. Nous ne pouvons que nous féliciter de son sens admirable de la parabole, lui qui jusqu'alors, ne brillait que par l'art de rédiger des protocoles indigestes.
Enfin, la Chantilly a dû lui évoquer de bons souvenirs. N'est-ce pas l'un des produits phares des longues soirées de fiesta à Ibiza. Il s'est senti soudain en territoire ami, bien plus que dans cette Venise du Gâtinais, où le malheureux a été parachuté sans qu'on le prévienne qu'il y avait tant de canaux. Savoir se mouiller ne rentrant pas dans ses compétences en dehors des plages de la Méditerranée.
Pour achever ce pamphlet aimable, indignons-nous qu'on puisse qualifier de « violences volontaires aggravées » un joyeux badigeonnage à la Chantilly quand dans le passé, les amis de l'entarté ont usé d'une violence bien plus forte contre le peuple. Ce réflexe de classe est bien disproportionné, l'humiliation est certes condamnable mais n'a rien à voir avec les sévices corporels subis par les gilets jaunes. Le deux poids deux mesures reste la règle pour les adeptes de la loi du plus fort.
Il n'est plus qu'à lui souhaiter, à l'imitation de son nouvel ami Manuel Valls, de prendre une bonne déculottée. Il pourra sans plus attendre, s'essayer au Mustela, crème apaisante, également blanche, qu'il saura étaler sur son délicat séant faute de siéger au parlement. Il sauvera ainsi la face et évitera de nouveaux jets de Chantilly.
À contre-face.
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