Grand Emprunt National - Lettre du Président aux Français
Mes chers compatriotes,
J’ai décidé d’avoir recours à un Grand Emprunt National.
Pour votre plus grand plaisir, naturellement, puisque quand il y a de la GEN, il y a du plaisir à retrouver deux prestigieux anciens premiers ministres au service de la République.
C’est Barack Obama qui m’a donné l’idée d’une commission bi-partisane. Il m’a dit "si tu veux faire passer une réforme d’ampleur, appuie-toi sur des grands noms de chaque camp, des vieux lions comme Ted Kennedy ou John McCain".
Bon. Mon ambition n’est pas de faire passer une réforme d’ampleur mais de faire avaler une arnaque d’ampleur. Par ailleurs, le père Ted vient de casser sa pipe, le brave John McCain n’est plus très étanche, et des vieux lions ça ne court pas vraiment nos rues : VGE est grillé depuis que l’Europe est morte, Chirac pige que pouic aux questions financières depuis qu’il ne gère plus sa mairie et ses Méry... et la seule crinière blanche que j’aperçois à l’horizon est celle de ce fourbe de Villepin.
J’ai donc choisi en mon âme et conscience (c’est à dire sur un site de paris en ligne) Alain Juppé et Michel Rocard : ces deux croutons n’ayant aucun pouvoir législatif et parlant une langue qu’aucun Français ne comprend, ils chaponneront idéalement les 22 autres gusses que jusqu’à présent, je n’avais pas réussi à caser dans une commission bidon.
Pour encadrer la fine troupe, j’ai dépêché Christine Lagarde et Eric Woerth Michard : ces gardiens du temple ont pour mission de s’assurer que le dérapage budgétaire supplémentaire de 80 à 100 milliards d’euros soit avalé par Bruxelles.
Mes chers compatriotes, ma mission à moi, c’est de la faire avaler par vous.
Pour commencer, à quoi vont servir tous ces milliards ?
Il s’agit déjà de payer à leur injuste valeur les cabinets de conseil retenus par la commission pour dépanner les copains. Je compte également compenser la disparition de la taxe professionnelle, et j’ai même déjà trouvé un joli nom à cet effet : "lutte contre le déclassement", pas mal, non ? Je dois aussi offrir une nouvelle guitare à Carla en peau de pécari signée Berluti, mais ça c’est un secret.
Pour affecter les quelques millions restant, j’ai fixé à la Commission Juppé-Rocard trois directions politiquement consensuelles : l’économie de la connaissance, la compétitivité des entreprises, et les équipements industriels innovants - vous savez, ces nouvelles technos non virtuelles, qui plantent de belles cheminées et de beaux emplois au milieu de nos campagnes.
En fait, ce Grand Emprunt National reprend ce qui était déjà prévu au budget mais que l’on ne pouvait plus s’offrir après avoir laissé le déficit se creuser. Donc pour combler le trou j’en creuse un autre plus profond juste à côté, c’est pas plus compliqué que ça.
Je compte par ailleurs poursuivre les efforts dans le cadre de mes autres grands emprunts nationaux et dans les mois qui viennent, il n’est pas impossible que j’emprunte un ou deux nouveaux ministres au PS, ou que Henri Guaino emprunte quelques nouvelles figures historiques pour mes discours.
En vous remerciant pour votre incompréhension, je vous prie d’agréer, mes chers compatriotes, mon pied de nez le moins distingué.
Votre hyper hype président adoré,
Nicolas Sarkozy
Agence Fausse Presse - blogules 2009 - voir le texte original
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