Kadhafi : fils de but !
Il demeure une activité humaine vraiment méritocratique, une seule, dans laquelle les fils à papa n’ont que leur talent pour s’imposer...
Imaginez la scène : vous êtes un joueur de foot pro un soir de finale. Nous sommes à la 25ème minute et l’un de vos coéquipiers vient de vous passer la balle, la foule exulte : c’est une superbe ouverture sur l’aile. Vous amortissez du pied gauche et contrôlez dans la course ; la voie du but adverse est ouverte alors vous foncez : vous voici face au gardien. Il s’est trop décalé sur la droite : vous visez à gauche au ras de la pelouse et là… vous… vous hésitez, vous avez peur.
Vraiment peur.
Peut-être vaudrait-il mieux que vous passiez à votre coéquipier qui vous appelle, au centre ? Si vous ne marquez pas, vous risquez de vous faire tabasser. Encore pire : si vous marquez, vous risquez de vous faire tabasser aussi, par jalousie. Alors il vaut mieux lui passer la balle sauf que, s'il loupe son tir, il vous accusera de lui avoir fait une mauvaise passe. Et là encore, vous risquerez de vous faire tabasser par ses gardes du corps.
Il faut dire que votre coéquipier n’est pas n’importe qui : « milieu offensif, il a la garantie d'être titulaire, joue au poste qu'il veut et ne sort que s'il le souhaite » dixit son entraîneur de l’époque, l’Italien Giuseppe Dossena. Nous sommes entre 2000 et 2006, vous jouez dans l’équipe de Libye et votre gentil camarade s'appelle Al-Saadi Kadhafi.
Car le fiston Kadhafi adooore le foot et, dans la grande tradition familiale, il ne fait pas les choses à moitié : en 1999, il demande 5 millions de dollars à papounet pour se payer un bon prof de foot et recrute, ben voyons : Maradona. Comme préparateur physique il choisit Ben Johnson, le sprinter dopé, et comme entraîneur, Carlos Bilardo (coach argentin champion du monde). C’est cool, la kadha-vie.
En 2002, grâce aux pétrodollars piqués au peuple libyen, il achète 7.5% de la Juventus de Turin, fait jouer la supercoupe d’Italie à Tripoli (contre 1 million de dollars) et loue le centre d’entraînement de la Lazio de Rome pour s’entraîner avec son club de Tripoli. Et puis, en 2003, il a envie de faire mumuse alors il s’offre un petit match amical à 300 000 € contre les stars du FC Barcelone
Toujours en 2003, il est « recruté » par le club italien de Pérouse qui fait une bonne affaire puisque c’est sans doute la première fois qu’un joueur paye pour jouer. Il ira ensuite à Udinese puis à la Sampdoria de Gêne mais ne participera, en tout et pour tout, qu’à un seul match en Italie, juste le temps de gagner le titre de deuxième plus mauvais joueur italien par les téléspectateurs de la Rai, puis de tomber pour dopage à la nandrolone.
Al-Saadi Kadhafi, surnommé « le hooligan » par les Libyens depuis qu’il a provoqué une fusillade dans un stade de Tripoli, nous prouve qu’il demeure une activité humaine vraiment méritocratique, une seule, dans laquelle les fils à papa n’ont que leur talent pour s’imposer : le cinéma.
Non, je déconne, c’était évidemment : le sport.
Publié dans Zélium N°2 par les Blablas de la Blanche
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