L’impasse salutaire
Le contre-exemple parlementaire.
La démocratie s'offre une belle impasse salutaire suivant ainsi la vielle antienne de tous nos dirigeants : « Faites que ce nous vous imposons sous la menace, pas ce que nous nous accordons généreusement ! ». Il est vrai que légiférer suppose une liberté d'esprit absolue qu'aucune entrave ni contrainte ne doivent venir perturber insidieusement. L'immunité leur est nécessaire pour agir en conscience dans l'intérêt de tous ou de quelques-uns.
Point n'est donc besoin d’honnêteté dans les travées ni même de l'exigence élémentaire de vérité. Le parlement est une concentration d'arracheurs de dents qui mentent comme ils respirent tandis que la démocratie expire à grands coups d'état d'urgence. Nous nous sommes habitués au fil des majorités à cette effroyable parodie, à cet immense décalage entre les efforts exigés à la population et les privilèges que ces braves gens s'accordent généreusement.
Ainsi, on peut penser que nos charmants députés, nos cacochymes sénateurs envisagent de n'être jamais plus de cinquante en séance en dépit d'émoluments conséquents afin de n'avoir pas à souscrire comme ceux dont ils sont censés être les représentants, à ce passe-sanitaire qui divise et exacerbe les oppositions.
C'est sans nul doute dans un parfait esprit de concorde, que nos législateurs ne souhaitent pas montrer leurs dessous en exhibant aux yeux de tous leur QR code. Nous ne pouvons que nous féliciter de ce regain de pudeur, eux qui en manquent souvent dès qu'il s'agit de puiser dans la caisse ou de profiter d'avantages indus. Serait-ce là un premier pas vers la modération ?
À moins qu'ils ne veuillent pas tous répondre à l'injonction présidentielle, qu'il se trouve parmi eux, comme dans la population des réfractaires à la vaccination obligatoire. Il se peut que même dans le camp de la majorité cela puisse se trouver. Les parlementaires refoulés ainsi seraient montrés du doigt, privés de leurs salaires, voués aux Gémonies par le bon ministre de la santé tandis que certains membres du gouvernement ne pourraient plus venir dans les hémicycles et risqueraient ainsi la mise à pied.
Imaginez les effets désastreux de pareilles éventualités et louons le bon Ferrand, maréchal de France de l'hypocrisie, de son refus d’aligner les parlementaires sur les règles communes. Du haut de son perchoir du reste, l'homme est à l'abri des miasmes qui sortent de la bouche des orateurs. Il n'a donc rien à craindre si ce n'est le ridicule pour lequel il a été vacciné tout comme l'ensemble de cette merveilleuse caste.
Enfin, ce serait prendre le risque de remettre sur le tapis la nécessité de disposer d'un casier judiciaire vierge pour être en position d'éligibilité. Cette mesure, pourtant plébiscitée par le bon peuple, serait largement contre-productive. Ce serait se priver des compétences notoires des escrocs, truqueurs, délinquants fiscaux, rois de la fraude afin d'établir des lois qui favorisent leurs congénères tout en contraignant tous ces imbéciles qui respectent la législation.
Oui, vraiment il est juste et bon que nos parlements demeurent à l'abri des règles qui entravent la plèbe, le petit peuple misérable. Il y va de l'immunité de nos chers canailles, de leur honorabilité invérifiable que nulle contrainte ne doit venir mettre en cause. Merci monsieur Ferrand de maintenir cette bulle de non-droit qui nous démontre que la devise de la République n'est qu'un leurre et vœu illusoire.
Bientôt, il sera même délictueux de dénoncer leurs écarts. Nous sommes entrés dans un système qui a besoin d'un comité de défense pour se prémunir des citoyens ordinaires, ce danger potentiel, cette vermine qu'il convient de réduire au silence avant que de mettre aux fers rebelles et réfractaires. Vive la République sanitaire, vive la fange !
Égalitairement leur
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