La baudruche épinglée
Delevoye ferré
Ne jetez pas de jurons ni d’injures à la face épuisée de ce pauvre serviteur de l’État. L’homme, tout haut-commissaire aux retraites qu’il puisse être, n’en finit pas de se rendre utile partout où il peut se montrer indispensable. Qu’importe la lourdeur de sa charge, il est capable de se multiplier en tous sens pour honorer des mandats qui remplissent son escarcelle à vanité.
Treize mandats, rien que ça, preuve s’il en est du ravage des trente-cinq heures qui laissent un temps libre de dingue dans le petit monde des girouettes présidentielles. L’homme est d’ailleurs si occupé à des fonctions subalternes qu’il n’a pas peaufiné sérieusement sa fameuse retraite à points. On ne peut être au four et au moulin, affirment ceux qui aiment à brasser de l’air.
Onze fonctions bénévoles, ça vous remplit une carte de visite tout en attestant qu’il y a sans doute grand avantage à mettre dans son conseil d’administration un haut dignitaire de la Monarchie française. C’est la plus belle démonstration de cette farce que nous sert un gouvernement aux abois. La République exemplaire est aux oubliettes depuis toujours, la marche de l’éthique ayant fait trébucher ceux qui affirmaient changer les règles du jeu.
Il y a donc deux fonctions rémunérées. Le droit au cumul étant la plus immonde hypocrisie de cette société de l’iniquité. Pensez-donc que ces rémunérations complémentaires ne doivent pas dépasser le montant de la fonction principale. C’est curieux, plus on est privilégié, plus on dispose d’une marge de manœuvre conséquente pour s’en mettre plein les poches. Delevoye l’a très bien compris lui qui refuse obstinément de se mettre au régime maigre.
Dans la mascarade on découvre avec stupeur que ce triste sire est Président d’honneur du think-tank Parallaxe, un organisme qui non seulement honore à merveille la langue française mais ajoute l’ignominie à prétendre agir dans le domaine éducatif. Les uns et les autres devraient revoir promptement la notion d’honneur et la loi Toubon. Un haut commissionnaire en somme, rien de plus, sans honneur ni mémoire…
Quand rémunération il y a, pour des prestations plus symboliques que réelles, le pauvre homme touche des sommes aussi rondelettes que lui. On peut apprécier sa capacité à comprendre l’existence d’un salarié ordinaire de ce peuple qu’il entend mettre encore plus sur la paille. L’indignité élevée en mode de gouvernance tout comme son chef et ses dépenses somptuaires.
À trop se disperser ainsi, notre jocrisse en chef a omis de déclarer cette liste de la honte et de l’abjection. Il faut comprendre qu’il a bien d’autres chats à fouetter que de se souvenir de tous ces organismes où il joue le membre bienfaiteur par quelques coups de pouce judicieux. L’homme n’est pas au service des citoyens mais de tous ces groupes de pression qui ont besoin de son aide. Qu’il dégage au plus vite, son avenir est assuré et sa retraite au-dessus des ponctions qu’il envisage d’imposer aux nôtres.
Avant de voir disparaître à jamais cette baudruche de la marcronnie, voici la liste de sa honte :
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Administrateur de l’Ifpass - fonction bénévole
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Président d’honneur du think-tank Parallaxe - activité rémunérée
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Conseiller du délégué général du groupe d’enseignement supérieur privé IGS - ancienne activité rémunérée
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Membre du conseil d’administration de la Fondation SNCF - fonction bénévole
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Membre du conseil d’administration de la Fondation du Crédit agricole Nord de France - ancienne fonction bénévole
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Président de deux associations culturelles - fonction bénévole
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Membre du conseil d’administration de deux associations de « Civic tech » - fonction bénévole
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Président de l’Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France - fonction bénévole
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Membre du conseil d’orientation de l’Institut de recherche et débat sur la gouvernance (IRG) - fonction bénévole
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Membre du conseil d’administration des associations « Démocratie ouverte »
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Membre du conseil d’administration de « Parlements et citoyens »
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Membre du comité stratégique de la fédération française des diabétiques.
De mission en mission notre baudruche, ne sachant plus où donner de la tête, posa la sienne. Démission en veux-tu en voilà se serait exclamé le pauvre haut personnage tombé si bas que nulle main charitable ne viendra le relever. C’est dur la chute d’un serviteur de l’état. La retraite arrive à point nommé pour lui, l’honneur est sauf pour celui qui en manquait cruellement.
Exaspérément leur.
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