• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

La calomnie

La langue des oiseaux.

Il était une fois un pays prospère au bord de sa rivière, coincé entre l'eau qui l'abreuvait de richesses et la forêt qui lui donnait tout ce que l'appétit peut espérer. Les gens auraient dû y vivre heureux : ils avaient tout à portée de main en cette ville bénie du dieu Lugus. Mais c'était sans compter avec la médisance, la jalousie, leur capacité à propager de vilaines rumeurs …

Plutôt que de profiter à pleines dents des bienfaits de cette contrée merveilleuse, c'est de la langue qu'ils déversaient leur venin. Ils rechignaient à se saluer les uns les autres, repoussaient d'un mot qui blesse l'inconnu de passage, tournaient le dos à ceux qui ne vivaient pas comme eux et, avec les autres, passaient du temps à dire du mal de celui qui n'était pas présent pour l'entendre.

Chacun y allait de son extravagance dès qu'il s'agissait d'habiller son voisin, et pas seulement pour l'hiver. Dans cette ville si riche, les bourgeois n'avaient rien d'autre à faire que de surveiller les laborieux qui travaillaient rudement à les enrichir, tout en aimant à médire de tout et de chacun. L'ennui est un venin mesquin qui ronge les cœurs et brûle les langues ….

À l'écart de la ville, sur les berges sauvages de notre Loire, un berger solitaire gardait ses moutons. Jamais il ne venait se mêler à ses semblables. Il vivait en ermite, se contentait de sculpter des bois noueux qu'il donnait aux enfants qui couraient dans les parages. Il était adoré des petits et haï par les plus grands qui n'avaient de cesse d'en dire pis que pendre.

Tous les bruits les plus farfelus circulaient sur son compte. Il avait fait de la prison, venait du bagne de Bou, disposait de pouvoirs étranges, parlait à la rivière, attirait les enfants pour on ne sait quelles inavouables pratiques. Naturellement les parents étaient les plus virulents et déversaient des torrents de propos haineux.

Un beau jour, dans une conversation fielleuse dont elle avait le secret, une grande dame dont le mari était échevin, prétendit qu'elle savait pourquoi ce vilain berger se tenait ainsi à l'écart de ses frères les hommes. « Il a la lèpre, c'est ce qui explique qu'il s'isole ainsi. Il souhaite cacher à tous sa terrible maladie ! », affirma sans fondement cette mauvaise femme pour le seul plaisir de salir et de faire son intéressante.

La nouvelle fit le tour de la cité comme une traînée de poudre, d'autant plus facilement d'ailleurs que celle qui avait affirmé la chose était connue de tous et respectée pour son rang. Le pauvre berger se demanda bien pourquoi les enfants soudainement ne venaient plus à lui et que même, chose incroyable pour cet homme simple et bon, ils jetaient des cailloux à sa vue.

Il ne se formalisa pas pour autant. Il s'éloigna davantage de la ville, poussa ses moutons vers d'autres pâturages. Seuls les mariniers qui passaient sur la Loire continuaient à le saluer quand ils arrivaient à sa hauteur. Entre gens de mauvaise réputation, on se serre les coudes. C'est du moins ce qu'il y a de mieux à faire …

Un jour, un chaland, pour une raison quelconque, avait dû mouiller l'ancre à proximité du berger et de son troupeau. Un vieux marin, en mal de confidences ou simplement d'oisive compagnie, vint vers notre berger, tandis que le reste de l'équipage s'affairait sans doute à réparer une avarie.

« Ami, depuis que je passe sur la rivière, je te vois toujours plus seul et plus loin des hommes. Sais-tu pourquoi en cette ville hautaine on te traite si mal que même les enfants désormais ont peur de toi ? » Le berger avoua au vieux marin n'en savoir rien et avoir pris son parti de ne pas chercher à comprendre.

« On dit de partout que tu es porteur de la lèpre, ce mal sournois qui fait tant peur par ici. À voir ta mine resplendissante, je me doute qu'il n'en est rien et que bien sots sont ces gens qui parlent sans savoir. » « Mais comment puis-je faire pour rompre ce cercle vicieux de la médisance ? » interrogea le berger qui avait fort mal pris la nouvelle.

« Je pense qu'il ne sert à rien de parler aux oreilles des hommes de ce pays. Ce n'est pas pour rien que de partout sur la rivière on dit d'eux que ce ne sont que des chiens ! Leur cœur est en pierre ; la langue des hommes ne les amadouera pas. Je connais la science des bergers pour la langue des oiseaux. Je te donne ce pipeau et chaque fois qu'un vilain s'approchera, tu lui siffleras une douce mélodie ! »

Le berger prit l'instrument et fit comme le lui conseillait ce vieux marinier, marqué par le poids des ans et porteur d'une immense sagesse. Bientôt les pierres cessèrent de voler près de sa tête. Dans la ville, le bruit circula bien vite que le berger n'était pas malade, qu'il ne l'avait jamais été et que c'était cette affreuse dame, femme d'un échevin, qui avait propagé la perfide rumeur.

Dans nos villes, on est bien vite chargé de tous les fardeaux, pourvu que l'on vive différemment. Pour échapper à ce fléau du qu'en-dira-t-on, il faut être paré des oripeaux de la célébrité. Les artistes échappent à la malédiction des marginaux, pourvu que le bourgeois puisse s'accoquiner à son contact.

De cette histoire ne cherchez nullement à tirer une morale. Tout ce que vous pourriez en dire, ne serait, de l'avis même de notre berger, que du pipeau. Jouons un petit air de flûte et écoutons chanter les oiseaux, cela nous évitera de nous prendre de bec.

Simplement vôtre.

 

Les chiens et le berger.

 

Au bord de l'eau vivait un homme

Simple gardien de ses moutons

Un humble berger en somme

Loin de la ville et ses tensions

 

Sur la rive, du matin au soir

Il sculptait des personnages

Sur des bois flottés de Loire

Pour les enfants du voisinage

 

Ils aimaient à le regarder

Lui donnaient de tendres sourires

De tous, il était respecté

Gentil berger aimant à rire

 

Quand soudain l'orage éclata

Pour les adultes de ce bourg

Il ne fallait pas qu'on aimât

Celui qui vit à rebours

 

C'est la femme de l'échevin

Grande dame respectable

Qui distilla tout le venin

Dont on la savait capable

 

La mégère se fit sorcière

Proclamant à la cantonade

Par des paroles à manières

Un mensonge sans parade

 

Son mari lui avait mandé

De porter une affreuse rumeur

Pour que l'homme fut pourchassé

Par tous ces chiens sans honneur

 

À qui voulait bien l'écouter

Elle déclarait sans vergogne

Que non loin était un berger

Plus redoutable que charogne

 

Prétendant le berger porteur

De la si redoutée peste

La femme en son déshonneur

Avait la langue bien leste

 

Le berger en ce pays délétère

Fut soudainement mis au banc

Les enfants à coups de pierres

Les adultes bien plus méchants

 

Il se cacha plus loin encore

Seul maintenant avec ses moutons

Tandis que ses maudits pécores

Lui jetaient sans cesse des horions

 

Le temps passa ainsi longtemps

Le berger le cœur chagrin

Se souvenait des jours d'avant

Quand il n'était pas le vilain

 

Un jour un chaland s'arrêta

Un vieux marin s'en vint vers lui

Ce grand sage lui conseilla :

« N'accepte plus cette infamie ! »

 

« On te rejette par ignorance

C'est de cette arme qu'il faut user

Avec ton flutiau pour la danse

Tu les auras tous à tes pieds »

 

Ce que fit le brave berger

Par ses rondes mélodieuses

Envoûtant ceux qui l'avaient chassé

Y compris la dame odieuse

 

C'est la langue des oiseaux

Qui attrape par la douceur

Les menteurs, et tous les sots

Qui ignorent avoir un cœur

Documents joints à cet article

La calomnie

Moyenne des avis sur cet article :  3/5   (6 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • juluch juluch 8 août 2019 11:43

    merci Nabum !


    • C'est Nabum C’est Nabum 11 août 2019 08:17

      @juluch

      Avec plaisir l’ami


    • Taverne Taverne 8 août 2019 16:34

      Voici une citation de Shakespeare qui vient à propos (c’est la Rumeur qui parle) :

      Prologue : « La Rumeur : La Rumeur est une flûte où soufflent les soupçons, les jalousies, les conjectures : instrument si aisé et si simple que le rude monstre aux innombrables têtes, la discordante et indécise multitude peut en jouer. » (Henri IV – 2ème partie)


      • C'est Nabum C’est Nabum 11 août 2019 08:17

        @Taverne

        Je ne peux que m’incliner

        Quel immense talent


      • Agafia Agafia 8 août 2019 20:22

        J’aime bien vos chemises smiley


        • C'est Nabum C’est Nabum 11 août 2019 08:18

          @Agafia

          Voilà qui est essentiel

          C’est dans mes chemises que je range mes textes


        • Vaietsev 8 août 2019 21:25

           On te rejette par ignorance

          C’est de cette arme qu’il faut user

          Avec ton flutiau pour la danse

          Tu les auras tous à tes pieds »

          N’avoir que l’amour ,c’est être esclave des gens du monde car le monde sait et veut savoir et en aucun cas ne veut être amour ,je le sais les mégères et autres misandres insupportables de l’info de BFMTV FRANCE TF1 me souffle à l’instant les mots à écrire car je ne suis que amour ,et lorsqu’on est amour ,on a droit à sourire de nos amies les médias qui nous enfument bien profond ,qu’importe ,la question est juste celle de l’egoisme de ceux là .

          C’est aussi cela amour , être bête quand on est amoureux donc être heureux .

          Y’a t’il eu un jour de l’amour dans ce pays ?

          Oui ,il fut une période ou je dormais ,l’amour parait il était partout et nous nous entendions bien car nous étions soumis et mener à la baguette pour rire car on nous y encourageai ,on développait des idées sans aucun sens,mais qu’importe les amies que nous avions nous aimait car avec des amoureux ,la discussion est rare lorsqu’elle est libre ,et souvent elle est libre quand elle se fait avec des niais et des imbéciles heureux ,du pourquoi les hypocrites aime à parler à l’amour pour lui faire avaler n’importe quoi ,pourvu que lors d’un blanc on puisse lui accorder un peu de notre personne ,car l’amour ne sert à rien ,il est en fait une potiche sans interet ,qui aux yeux de beaucoup devrait être rayer de la carte depuis longtemps .

          Pourquoi ? 

          Parce que nous somme portés par l’autre car l’autre nous a choisi pour être amour car ils ne m’aime pas aussi parce que nous sommes inutiles et tant qu’a faire quitte a servir àquelque chose ,autant faire plaisir à tout les corrompus et hypocrites du monde et de france ,quand pendant ce temps ,des gens réfute à être amour car ils savent aussi tout cela .

          Il sont ceux qui ont choisi et ne veule pas être exploiter , car le monde est laid ,les gens sont laids ,et lorsqu’ils sont amour ,il devient impossible pour tout ses gens de lacher un tant soi peu de bonté ou de vrai amour ,une preuve « d’amour » ,un beau geste sincère , un bon coup de main etc .

          Tout ceci hélas n’est plus car je me suis réveillé ,alors hélas ,lamachine système s’appuie sur les niais et imbéciles qui ne savent pas pour rendre heureux à en mourir un pays,comme par exemple tant qu’a faire contre sa volonté rendre riches les pauvres ou plus riches encore les riches qui savent nous faire de l’oeil ,quand en fait mon trou du cul me gratte bien souvent de ses sourires .

          Le but hélas des corrompus gavés de diplomes est d’abimer les belles mémoires ,car maintenant ils savent ,et ce qu’ils devienne n’était pas prévu dans le programme ,du pourquoi ,plusieurs se trouve à trainer des images de merde qu’ils réfute et ne cautionne pas ,car ce que veule par exemple toute la communauté politique ,c’est de faire de ses amours des activistes ou des délinquants ,je le dis ,car pour ceux qui s’essaie à l’engagement ou au suivie de l’information ,nous ne trouvons que insolence qui plus es de la part de ses saloperies et salopes de femmes des médias qui n’hésite en rien ,aussi parce que nous sommes amour ,au travers d’un journal ,à venir pietiner nos gueules en nous disant par exemple : Ne m’aime pas nous montrant leurs mains peinturlués de vernis rouge sang comme la pov’ bonne femme Agnès varamian ,qui alors n’a vraiment rien compris .

          Quand la nature ou les citoyens vous ont fait oiseau ,c’est difficile d’avoir autre chose ,a moins de pratiquer le coit assez souvent ,et ça aussi ,pour tout ses pseudos amoureux la cartouchière pleine ,en aucun cas , nous devons remettre le couvercle , et se coucher toute une vie en pyjama n’y changera pas grand chose ,sauf d’être la risée des femmes quand pourtant ,sur ce sujet et sur ce fait ,les arbres sont de leur crédo ,paraitrai qu’il n’y a que eux pour sauver la terre et faire de bonnes choses .

          De bonnes choses à consommer surtout quand vous vivez avec un arbre qui lorsqu’on le sait ne vis pas avec le temps et contre le temps à supporter mais plutot bas bien bas , là ou vous retombez amoureux et redevenez des imbéciles heureux .

          J’avais fait un choix ,celui ci à été contestée par toute une nation ,car la nation n’étant que haine et ayant réussi ,elle ne cautionne pas qu’on vienne la froisser et lui mettre des batons dans les pattes ,surtout quand un bordel monstre à été rejeté et désigné sur un amoureux de la vie car d’une naiveté de penser connaitre les gens ,on désigne et montre du doigt ceux qui pourtant ,oui sont décidé à faire les choses comme il faut et en bien .

          Qu’importe ,la gouvernance Macron et ses suppots fait sa loi, et nous ramène le plus bas possible ,là ou les coits sont présents fréquemment de ses médias ,de ses politiques ,des ses hommes de ce décor car nous consommons du sexe parce que les parasites ,parce que l’autre ,parce que les animateurs radios ,parce que les hommes du plus bas ,parce que la communauté politique ,parce que les femmes qui relance la consommation et en manque bref , jouissons ,baisons , la richesse et les médias nous l’ordonne !!!

          PS : L’amour ,l’amoureux est encore plus vrai et plus fort quand il existe,mais cela ,vous ne pouvez pas le comprendre ,vous seriez trop pur ,trop immaculée ,quand pourtant la pureté n’est juste que la crasse .

          Vous tous haissez l’amour quand il est vrai car il vous fait mal ,et cela vous n’en voulez pas ,ce que vous voulez ,c’est d’un amour qui vous flatte sans vous connaitre ,un amour trop naif ,celui des enfants en fait ,or nous ne sommes plus plusieurs des enfants ,va falloir l’accepter dis 

          Vaietsev1



Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité