La main levée
Claque de fin.
Il ne faut plus prendre au pied levé les mouvements d'humeur qui jadis étaient repoussés d'un revers de la main. Ce qui relevait de l'anecdote, d'une pratique éducative, d'un mode manuel de règlement des conflits a pris des proportions qui finissent par prendre la tête de l'actualité. À juste titre, la main est au banc des accusés quand elle se fait baladeuse ou bien punitive. Bientôt, elle risque fort de tomber sous le coup d'une opinion publique qui n'y va plus de main morte pour ce genre de délit.
Les victimes, la tête haute, déposent une main courante pour dénoncer celui qui devra dans l'instant ; passer la main, se retirer sur la pointe des pieds sous les huées d'une opinion publique qui oublie que si une claque vaut certainement l'opprobre général, les élus pris la main dans le sac ou ceux à qui l'on a graissé la patte ne sont pas tenus de quitter le parlement lorsqu'ils sont condamnés.
Le casier judiciaire vierge n'est pas un préalable à la représentation nationale tandis que le tribunal inquisitorial des réseaux sociaux en appellera bientôt à la peine de mort. Point n'est besoin de lever la main droite et de jurer de sa bonne foi, le malheureux est déclaré d'autant plus coupable qu'il appartient à l'opposition. Il convient d'être impitoyable avec ceux qui jouent les gros bras et bien plus clément pour les virtuoses de la brosse à reluire.
La claque est certes tout à fait déplacée, cependant elle peut advenir dans un climat de tension extrême, de réaction aussi injustifiée qu'incontrôlée, de riposte disproportionnée certes mais irraisonnée dans le feu d'une scène de ménage. Il lui avait demandé sa main, il la lui rend avec une violence que nul ne peut justifier en cette période où il semble que nul n'a jamais fauté.
Écrire pour nuancer l’hallali médiatique qui frappe ce personnage pour lequel aucune circonstance atténuante n'est accordée pour satisfaire la curée de l'heure. Curieusement, des ministres en exercices, accusés d'une faute bien plus bénigne puisqu'il ne s'agit que de présomptions de viol, n'ont pas eu à subir pareille volée de bois vert.
La déraison est à l'œuvre tandis qu'il est légitime de s'interroger sur les ressorts de cette unanimité indignée contre celui-ci, alors que d'autres, soupçonnés d'abjections plus odieuses encore continuent de jouir au-delà de toute moralité de la mansuétude à vie d'une justice complice. Ce n'est certes que la rumeur, cette insidieuse manière de détruire un individu qui porte pour des grands commis de l'état des accusations de pédophilie, mais jamais la moindre enquête ni le plus petit démenti pour laver des réputations qui sont sans doute impossibles à blanchir.
Cette fois, le tribunal n'aura pas à prendre la main, l'opinion, bien orchestrée par les officines de communication, a tranché. Coupable, déchu, fichu. C'est aussi disproportionné que commode dans un contexte où l'opposition se doit d'être bienveillante, aimable, compatissante avec un exécutif aux abois.
Entendez bien que je ne défends nullement ce geste, je déplore simplement le deux poids deux mesures qui est désormais la règle dans cette monarchie républicaine. Tous les coups sont permis dans le camp du Prince pour conserver son trône en toute sérénité. Se faire complice d'une vox populi à laquelle on souffle adroitement ses indignations, c'est faire le jeu d'une manipulation qui n'a rien d'une claque. C'est le clap de fin de la démocratie qui s'exprime ici avec la complicité générale de toute la bonne conscience d'une classe politique aux mains sales.
Pour ce misérable, c'est le poteau. Pour d'autres, le soutien indéfectible du monarque. L'opinion en a décidé ainsi : « En joue, feu ! » Fermons le ban.
À contre-joue.
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