La tribune présidentielle
Un échafaud prémonitoire ?
Dans notre incomparable Monarchie élective, il faut s'attendre à tout avec ces immodestes personnages qui entendent jouir pleinement de leurs prérogatives afin de profiter sans vergogne d'une exposition médiatique qui redorerait des blasons de plus en plus ternes. Quoi de plus agréable qu'un tournoi, une opposition soi-disant chevaleresque entre la fine fleur de la chevalerie de deux nations.
Face aux lointains Templiers, les gardiens d'un temple qui ne cessent de se lamenter, les couleurs nationales sont dignement représentées par de vaillants guerriers. Mais qu'importe ce qui se passera sur la pelouse, Dieu n'est pas près d'y reconnaître les siens tant l’œcuménisme y trouble toutes les cartes pourvu qu'elles soient de crédit. Curieusement, nos guerriers de pacotille ont deux étoiles sur leur tenue, un détail qui fait froid dans le dos à qui considère encore le poids et la valeur des symboles.
L'essentiel se tiendra dans cette fameuse tribune présidentielle dans laquelle, tout ce qui compte dans les allées du pouvoir se pressera sans prendre le risque du moindre bain de foule. Les gardes rapprochées de nos élites se sont déployées sans compter pour établir un vaste cordon de sécurité afin que les gueux soient le moins nombreux possible dans cette arène sous très haute sécurité.
Le monarque de l'heure supporte à ses côtés ses deux prédécesseurs. La prétendue démocratie n'attend pas la mort de l'hôte du trône pour mettre en branle sa succession. Cette abondance de têtes couronnées au sein d'une même nation rend complexe l'étiquette et impose une présence policière abondante. À leurs côtés, ces hauts dignitaires réclament leur cour, leurs conseillers, leurs vassaux, leurs éminences grises. Tout ce beau monde a droit à tous les égards dans cette arène désertée par le peuple.
Est-ce pour assurer pleinement leur sécurité et leur sérénité qu'on a prié les manants de rester chez eux ? C'est tout à fait possible à moins que la venue des Templiers justifie pareil déploiement. Les devins voient dans cet épisode ubuesque l'annonce d'une prochaine croisade, le retour des guerres religieuses, l'avènement de l'antéchrist ou le point de départ de l'apocalypse. On se perd en conjectures parmi ceux qui disent la bonne aventure dans une boule qui n'est plus en cristal mais en cuir avec une vessie en son cœur.
Qu'autrefois cette tribune surélevée se fut appelée échafaud ne semble pas tourmenter les têtes de nos représentants. Le pli est pris, ils s’octroient à longueur de temps des privilèges qui dépassent largement le cadre de leur fonction. Pourtant ce terme peut donner des idées à qui se désole de voir pareille parodie.
Du côté des Templiers, nous pouvons constater qu'ils ne sont pas entourés de leur chef suprême. Il a d'autres chats à fouetter, ce qu'il fait du reste avec une sévérité impitoyable. Mais nous n'avons pas notre mot à dire en la matière pour respecter la glorieuse incertitude des tournois chevaleresques.
D'autres, loin d'ici, s'étranglent à l'idée qu'on puisse évoquer de telles valeurs et qu'on fasse fi de leur calvaire. Évoquer cette monstrueuse indifférence relève ici du crime de lèse-majesté. La loi punit sévèrement qui ose s’immiscer dans ce jeu de dupe qui aura même l'honneur d'être diffusé dans les chaumières de ceux qui paient la taille et la gabelle pour que cette pantomime ait lieu en dépit d'un lointain bain de sang.
Que le spectacle commence, il ne semble pas provoquer l'indignation d'un peuple assommé par la propagande, le mensonge, les manipulations et une révérence vis à vis de cette élite qui n'a vraiment plus aucune raison de perdurer. Personne ne viendra mettre un terme à ce cirque. Nul tribun autour de cette tribune pestilentielle pour dénoncer l'indignité absolue de la chose. Fort heureusement, la médiocrité insigne du spectacle les condamna à l'ennui tandis que personne ou peu s'en faut ne perdit son temps à regarder ce pensum.
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