La tyrannie du divertissement
Je me souviens, il y a très longtemps, d'un cours qui apprenait à dialoguer par l'écoute de messages que les interlocuteurs recevaient d'une situation donnée.
Dans un groupe de personnes, quelqu'un racontait une histoire avec des épisodes détaillés à une autre personne.
Ce dernier prenait ensuite le relais en racontant la même histoire à une troisième personne.
La même procédure se reproduit ainsi jusqu'au dernier interlocuteur qui lui devait raconter la même histoire au premier.
Résultat finale : ce n'était plus la même histoire.
Le danger ou l'avantage des interprétations
Que s'est-il passé de proche en proche, l'histoire avait complètement évolué.
Était-ce un problème de mémoire qui faisait changer l'histoire dans le passage de l'information de personne à personne ?
Avoir enregistré chaque intervenant aurait permis de déterminer à quel intermédiaire, la plus grande "perte" du message initial correspondait pour pouvoir analyser et corriger la raison.
Il y a bien longtemps, on faisait plus de 40 kilomètres pour apporter un message.
Ensuite, on a délégué des pigeons dans le même but.
Aujourd'hui, les distances n'existent plus via Internet où les messages arrivent via les médias ou dans les forums de discussion sous forme de billets écrits à la machine.
Les interprétations commencent par la lecture imparfaite d'un texte. Lire est devenu une occupation en continu d'un billet à un autre perturbant les sources de réflexion. Trop d'infos tue l'info.
Le danger des interprétations risque de virer aux fakes news.
De la complexité du sujet ou d'un texte résulte parfois une lecture par une interprétation erronée.
Des commentateurs se sentent parfois obligés de "meubler" le contexte d'un article qu'ils sont censés avoir lu complètement, en reflex conditionnés par des interprétations personnelles sous forme de commentaires après la lecture du titre et du chapeau d'un article.
Dans les sciences humaines, toutes les variances d'interprétations par la voix ou par la lecture sont possibles en fonction des vies et des envies du moment d'un spectateur ou d'un lecteur face à un rédacteur ou un orateur pour ajouter une vue personnelle qui n'a quelques fois plus aucun rapport avec le sujet du départ.
Ce n'est pas nécessairement une volonté de troller mais, l'envie d'apporter ses propres vérités. Chacun à sa vérité et c'est celle qui a le plus de suffrage qui remportera la palme. La confiance envers une source ne se gagne même pas par la franchise.
La complexité d'une info a des retombées très bizarres et originelles qui ont un caractère positif ou négatif.
Faut-il rejeter ce genre de commenter ou argumenter dans le sens d'un commentateur, l'ignorer ou encore le censurer ?
J'ai choisi de répondre à chaque commentateur avec un peu d'humour, en le suivant dans ce qu'on peut appeler parfois "un délire à partager". Tant que cela ne déraille pas trop et qu'il faille appeler un médiateur ombudsman ou un psy pour corriger une "défaillance éventuelle", il n'y a aucun problème.
Dernièrement, le billet "Bienvenue à un brainstorming sur la confiance". apportait une envie de partage de confiance.
Un autre billet sombrait dans l'explication dans "Que sommes-nous ? Avec notre agressivité" et donnait l'envie de quitter le bateau.
Une communication peut être une tyrannie du divertissement.
Un billet n'est pas un tweet instinctif.
Traduire un tweet à une source sous forme de commentaire, c'est toujours le trahir. Cela ne veut pas dire qu'il soit inintéressant. Il est peut-être une autre manière avec une vue parallèle à prendre en considération.
C'est à l'initiateur du message de départ que revient "le (des)honneur ou le (dé)plaisir" de remettre son lecteur sur les rails du sens intrinsèque.
Quelques rédacteurs ne réagissent jamais croyant qu'ils écrivent un journal papier. Ils se font "saucissonner" négativement avec une étiquette sur le front virtuel. Un forum n'est pas un journal papier. Ne pas avoir de convictions et de réactions devient suspect de part et d'autre du contact.
Dans le passé, un débat se déroulait sur une table de discussion en face à face, devant un café entre humains responsables. Cela laissait parfois des aigreurs à l'estomac et des relents de bile dans la bouche, mais, au moins, la cure "sociale" de ce partage d'idées parvenait à huiler quelques rapports humains. Aujourd'hui, tout est devenu virtuel entraînant des excès de produits dérivés.
Chacun s'inspire de sa propre folie et de ses croyances pour vendre sa "camelote" au meilleur prix comme le fait la pub de l'adoucisseur d'eau "MiniMax" en faisant un maximum avec le minimum d'effort.
Dans la tyrannie du divertissement entre introvertis et extravertis, on apprend à se connaitre et à s'infiltrer en douceur ou en profondeur dans un débat existentiel.
D'après mon expérience dans les forums, les relations réelles entre humains normalement constitués, commencent relativement bien dans une cordialité partagée en parlant de choses banales voir bancales. On y survole les problèmes de l'actualité ou de l'histoire.
Mais, chasser le naturel, il revient toujours au galop.
Dès qu'on gratte un peu politiquement ou qu'on contredit la pathologie de l'homme intègre, la conversation devient un remou de susceptibilités avec le bateau tanguant ou roulant dans un océan de mauvaises interprétations qui ne manque pas un zeste de fétichisme.
L'intuition en devient le levier de guérison.
L'art de la thérapie par les images est parfois mieux ressenti que les infos sous forme de lettres passibles de dyslexie que l'on appelle le mal de lire. Beaucoup de lettres son muettes. Dessins et bandes dessinées sont toujours compréhensibles par tout le monde. Ecrire demande un apprentissage en boucle de l'abstraction par l'instruction de la lecture.
La dyslexie frappe de 8 à 12 % de la population mondiale. Une lecture rapide se produit par la lecture de quelques mots qui se suivent dans le texte. Sa complexité demande un effort supplémentaire de compréhension.
L'interprétation est immédiate par la franchise ou différée par ce qu'il faut appeler "hypocrisie".
La puissance de la nature balaye les arrangements factices des hommes en quelques secondes par ses lois propres. Sommes-nous arrivés dans un monde de l'image et du son qui supplante les idiomatiques de l'écriture et de la lecture ?
"Le vrai ordre se rétablit dans le faux ordre", a écrit Flaubert.
Le préambule du livre "Comprendre et pratiquer l'approche narrative" dit qu'il se fonde sur notre aptitude à fabriquer des histoires pour donner du sens à notre quotidien, à notre identité et à notre vie. Elle ouvre un champ novateur pour la pratique de la thérapie et du coaching. Poser un nouveau regard sur la civilisation moderne et les pratiques de contrôle de l'individu, offre des options et des initiatives étonnantes aux thérapeutes, coachs, travailleurs sociaux, consultants, éducateurs et, de façon générale, à toute personne travaillant dans le champ de l'accompagnement".
Un message d'un lecteur s'ajoute parfaitement à ce concept :
Ecrire un billet est une chose.
Ecrire un livre est une autre étape que la "Human library" de Copenhague pratique
.
Avec la fiction, l'imagination devient une intelligence qui foisonne de pensées en arborescence.
Arborescence qu'il est souhaitable de formaliser, d'organiser ensuite, de la structurer dans le temps en prenant du recul sur soi-même et en se mettant dans la peau d'un lecteur éventuel.
Un bon livre à suspense est celui dont le lecteur attend la fin avec impatience et qui, après avoir atteint la dernière page avec sa conclusion, lui fait regretter de devoir refermer le livre et de l'abandonner.
Quelques épisodes pour s'exprimer rien que pour la beauté du geste :
Humour
Le cactus parle ses voisins qui expliquent brièvement l'énergie
D'après le cactus les people vous arnaquent malgré eux
Le Chat va y répondre
Les artistes utilisent d'autres manières de s'exprimer que par l'écriture.
L'expo « Face cachée » de 7 artistes
Un titre qui correspond parfaitement à la diversité des vues sur un même sujet.
En utilisant des techniques diverses (comme le papier, le dessin, la peinture, le verre acrylique, la porcelaine, le bronze etc..), 7 artistes (Benedicte de Meeus, Bilal Bahir, Christine Keyeux-Schnöller, Florine Dain, Lynn Meyer, Manon Bouvry et Sara Judice de Menezes) exposent des œuvres sensibles, poétiques et à décrypter pour en percevoir l'essence.
En parlant, avec l'une d'elles, j'évoquais Bruxelles qui était à l'heure du surréalisme de Magritte. Elle détestait Magritte. Le surréalisme est un art de l'imaginaire du créateur et de l'interprétation du lecteur et de l'utilisateur.
"Face cachée" est un excellent titre pour cette expo.
Un clic sur l'image suivante pour voir un extrait de l'expo.
Allusion
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