Le bêtisier de nos écharpés

On ne peut faire pire.

Les chaînes de télévision en mal à la fois de programmes et sans doute de spectateurs, lors des fêtes de fin d'année sortent leurs inévitables et pathétiques bêtisiers, histoire de démontrer qu'elles sont capables de se moquer de leurs présentateurs, de leur public et rarement des têtes couronnées. Pourtant, cette année, le bêtisier de la classe politique mériterait largement de figurer au programme, sans qu'il soit certain que le public trouve cela désopilant.

À tout honneur, toute gloire, la palme de la sottise de l'année revient au premier de la classe, le Freluquet en personne qui avec sa dissolution a crevé le plafond. Nous nous sommes poilés de rire, certains se sont pissés dessus quand beaucoup en ont fait dans leur culotte. Je ne sais comment exprimer la chose avec la distinction de ce personnage, d'où des formules que j'ai scrupule à employer même quand il s'agit de commenter la plus belle galéjade depuis fort longtemps.

En seconde place, et dans la continuité de ce coup de maître, son nouveau premier ministre a montré de quoi il était capable en matière de gags à répétition. Adepte certain de Marx (Groucho pour éviter toute confusion), il n'a pas attendu le lundi de Pâques pour ressusciter avant la naissance du Christ, le petit Manuel qui était alors en situation de mort cérébrale du côté de l'Espagne. Le pape François en aurait fait une jaunisse, puisqu'en dépit de son pied de nez magistral au Président et à Notre Dame, il n'avait jamais réussi à refaire le coup de Lazare.

Mais gardons sa sainteté sur le podium avec ce coup magistral de sa visite en Corse pour contre-carrer les plans du souverain poncif du Palais. Une belle plaisanterie pour un entretien avec le banquier entre deux avions sur le tarmac. Tous les insulaires vont en rire pendant des décennies.

Hors du podium, point de salut. C'est donc avec un malin plaisir que j'attribue la médaille en chocolat pour la dame Mathilde Panot qui à chaque intervention élève toujours plus haut le niveau de cocasserie de ses postures, indignations, coups de gueule et autres protestations avec des manières de poissarde qui desservent chaque fois un peu plus son parti et la politique en général.

Pour satisfaire les extrêmes et puisque l'humour suppose parfois l'outrance et la dérision, remettons un accessit au camp d'en face, celui qui désormais fait le beau temps et plus sûrement la pluie. La météo Marine mérite de se situer au tableau d'honneur des plaisanteries les plus absconses, elle qui fait et défait les gouvernements, condescend à faire voter quelques lois, choisit les ministres et rejette ceux qui n'ont pas l'heur de lui convenir. Ce serait vraiment drôle si on n'atteignait pas ici la plus pitoyable pitrerie depuis fort longtemps.

Comme le rire et la gaudriole font bon ménage, il convient de ne pas oublier le Petit Darmanin, qui ne peut se passer de faire parler de lui. Son retour aux manettes risque fort d'en faire pleurer plus d'un et il faudra une bonne dose d'humour noir pour consentir à se tordre de rire à chacune de ses sorties. Celui qui un temps profita de son pouvoir pour jouir de quelques gâteries est pourtant fort mal placé pour venir faire la morale. C'est par ce décalage qu'il mérite sa place dans ce palmarès.

Pour le reste, sans vouloir offenser Aurore Bergé et ses innombrables saillies drolatiques, il convient de clore ce générique avec un ancien président capable de reprendre le flambeau au pied levé, fut-il équipé d'un bracelet électronique. Le savoir enfin repris de justice est à la fois un soulagement mais aussi une belle facétie de l'histoire. Il est loin celui qui traitait de pauvre type un brave citoyen qui à ce que je peux le supposer ne traîne pas autant de casseroles que notre très coûteux bouffon.

François Hollande risque de fort mal prendre le fait d'être exclu de la liste. Remettons-lui une mention d'honneur pour avoir osé se présenter comme député avec son statut. Cette fois, il y a de quoi pleurer de rire tant c'est croquignolesque. Mais avec ces irrésistibles guignols, le pire est toujours certain.