Les records sont faits pour être battus
La barre toujours plus haute.
Les programmes d'entraînement sont formels : avec beaucoup d'application, de travail et de volonté, il est possible de repousser plus loin encore ses propres limites. Ne jamais désespérer, mettre tout en œuvre pour atteindre des résultats meilleurs encore, c'est la grande force de notre Démocratie qui en cette année olympique, ne désespérait pas de pulvériser les records d'abstention.
Ne pensez pas que cette brillante performance soit le fruit du hasard ou bien d'un heureux concours de circonstances. Il a fallu une longue préparation, mettre en place au fil des années, les outils indispensables à ce succès magnifique qui récompense fort justement une stratégie à long terme, favorisée certes par un vent favorable et des conditions parfaites.
Cet exploit mérite qu'on s'y attarde car notre Démocratie vient véritablement de rentrer dans la cour des grands. Chacun sait depuis longtemps que les taux de participation extraordinaires sont la marque infaillible des états autoritaires. Pour le coup, nous pouvons nous réjouir, avec cette participation historiquement basse, le pouvoir administre la preuve magistrale que nulle dérive dictatoriale dans notre nation ne risque d'assombrir un avenir qui se passera désormais des citoyens.
Essayons si vous le voulez bien de suivre à la loupe le plan mis en place pour performer ainsi. Tout d'abord, il fut unanimement décidé de conserver un mode majoritaire qui élimine systématiquement les voix discordantes afin de ne jamais offrir la plus petite tribune aux différentes sensibilités minoritaires. En agissant ainsi, les électeurs qui depuis plus de soixante ans, n'ont jamais vu leurs champions invités au pied du podium, se sont lassés d'abord puis ont renoncé à participer à une course dont jamais ils ne verraient la ligne d'arrivée.
Puis, il a été mis en place des sélections pour déterminer les participants, excluant de fait, toutes les têtes qui dépassaient. Les sportifs de la course électorale devinrent une population homogène, non représentative de la diversité des licenciés de la nation. Les minorités n'étant pas invitées à la compétition, leurs supporters renoncèrent à venir sur la ligne de départ.
Ensuite, les instances dirigeantes ont soigneusement tiré la couverture à eux, ne donnant réellement aucune exposition aux vainqueurs des courses locales. Ces malheureux, certes dotés d'une belle médaille en chocolat, ne pouvaient pas se mêler aux sélections nationales. À la compartimentation des couloirs, sur la grande piste qui mène à l'Élysée, les compétiteurs se contentaient de transmettre un témoin qui donnait carte blanche à un seul. Une forme de victoire à la Pyrrhus pour tous ceux qui recevaient une médaille illusoire et une écharpe si peu utile et toujours plus dévaluée par la faiblesse de la participation.
L'habitude a été prise alors de mettre en lumière des lauréats qui changeaient de discipline ou bien de couloir après leurs succès. Un supporter aime à ne pas se sentir trahi. À force de mutations, de transferts douteux, ils cessèrent de croire en leurs couleurs. Beaucoup renoncèrent à prendre leur place pour les prochaines épreuves tandis que l'imposture d'un vainqueur, prétendant briser les codes de l'olympisme politique fit le reste.
À brouiller toutes les cartes électorales, à mélanger les compétitions, à prétendre qu'on pouvait être à la fois dans le couloir droit et dans celui de gauche, il a désespéré les derniers naïfs. Les spectateurs totalement sans repère renoncèrent à se déplacer, certains renvoyèrent même leur licence à la préfecture.
Mais tout ça ne suffisait pas. Il a fallu pousser le bouchon plus loin encore pour que le triomphe soit total. Pour les dernières compétitions, le huis clos dans les bureaux de vote ne fut pas décrété, mais soigneusement suggéré par un environnement parfaitement absurde tandis qu'en ouvrant toutes les possibilités de se distraire autrement, la présence au stade électoral perdait tout intérêt. Les règles et les menaces planant sur les quelques spectateurs voulant encore se déplacer pour assister à la mascarade qui devaient mettre une pince sur le nez, avaler leur chapeau et baisser leur culotte, découragèrent les derniers candidats. Ce fut un triomphe ! Le taux d’abstention pulvérisa tous les records. Freluquet et ses complices pouvaient crier : « On a gagné. La France sera Olympique en 2024 et le peuple aura été aboli d'ici-là ! ! »
Sportivement leur
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