Lettre ouverte à Monsieur Peillon
Cette injustice qui ne passe pas.

Quand il n'est plus possible d'être honnête.
Vous avez sans doute suivi mes déboires lors du Festival de Loire. Tout commença par une décision administrative qui brisa net mon plaisir et me mit dans un tel état psychologique que bien des contrariétés s'expliquent par ce point de départ douloureux. Fonctionnaire de l'éducation nationale, j'avais anticipé en mai afin de demander lors d'un entretien à mon inspecteur, l'autorisation de participer à cette animation pour y recevoir les scolaires.
Celui-ci me donna un accord de principe me demandant d'attendre la rentrée pour envoyer un courrier par la voie hiérarchique. Je lui avais précisé que je comptais naturellement rattraper mes heures perdues et prendre en charge toutes les classes dont j'aurais la responsabilité. Je pouvais partir tranquille, j'avais le feu vert de mon supérieur.
Dès la rentrée, alors que trois enseignants n'étaient pas encore nommés dans ma pauvre Segpa, je pus en l'espace de quinze jours effectuer les heures que j'allais perdre ensuite. Plutôt que de laisser nos chers élèves en permanence, je leur proposai un travail autour de l'histoire de la marine de Loire. Il n'est pas interdit de profiter d'un évènement local pour apporter des connaissances hors programme …
Puis, comme il avait été prévu, j'envoyai par la grande et belle voie hiérarchique, une lettre demandant officiellement ce qui aurait très bien pu se faire dans le secret d'un établissement,En effet je n'avais plus rien à me reprocher d'autant qu'un programme avait été établi afin que je reçoive sur place les quatre classes dont j'avais la charge.
La pieuvre administrative ne fut pas de cet avis et l'on me somma de remplir le formulaire adéquat et de le faire parvenir à une autorité encore plus supérieure et certainement moins informée. Ce fut fait et le verdict tomba sans possibilité d'explication lors de ce qui tint lieu d'entretien téléphonique. La dame, forte de son pouvoir usa d'un ton condescendant et refusa d'entendre mes raisons. La messe était dite, je payerais trois jours de salaire au denier de l'inculte !
Naturellement, si l'administration ne tint pas sa promesse initiale, je fus bien assez stupide pour respecter mes engagements. Lors de ce Festival je servis de guide à mes quatre classes venues à ma rencontre avec des accompagnateurs, leur expliquant par le menu détail l'histoire des bateaux, replaçant ce qu'ils voyaient dans l'histoire et leur offrant même une petite fable.
Mais je n'en restai pas là et reçus encore trois autres classes de mon ancienne Segpa. Les élèves savaient qu'ils me retrouveraient là et leurs professeurs attendaient de moi que je serve de guide comme je m'y étais engagé lors d'une journée pédagogique. La grande dame dépositaire de la haute autorité, n'ayant naturellement pas vent de tout ceci puisqu'il était impossible de s'expliquer avec elle !
Pour ne pas avoir l'air de profiter de la situation, je continuai encore à recevoir des groupes issus du primaire. Trois nouvelles classes pour un « Suivez le guide » de près de deux heures à chaque fois. Les élèves eurent droit eux aussi à une fable et je demandai aux chanteurs de leur offrir une chanson pour leur plus grand plaisir.
Je dois reconnaître malgré tout que j'ai commis une faute professionnelle qui devrait donner raison à la dame qui ne manque pas de toupet. J'ai aussi pris en charge deux écoles privées. Surtout ne l'ébruitez pas, je pourrais me retrouver en cour martiale. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que je commets cette faute inexcusable. À plusieurs occasions l'an passé et sur mon temps libre, j'ai encadré des écoles privées qui voulaient découvrir la Loire. J'ai honte !
Au total, puisque désormais nous sommes dans un système où il faut tout compter, sur le temps du Festival alors que je devais 11 heures d'enseignement, j'ai reçu des classes et des centres aérés pendant près de 18 heures. Je vous rappelle que je n'ai pas perdu une seule heure de cours et que tous mes élèves ont effectué une sortie scolaire à but pédagogique. Je me sens une fois encore le dindon d'une administration impitoyable pour les petits et si prompte à l'indulgence pour les plus grands.
Je ne pense pas qu'il soit pertinent de faire appel de la décision de la si puissante dame. J'envoie ce récit sur la toile en guise de recours ! C'est aussi un cri de désespoir et la marque de mon plus profond découragement. Croyez- vous que j'aurai encore envie de donner du temps gratuitement comme je l'ai fait tant de fois auparavant alors que maintenant, on va me ponctionner d'une petite partie, mais ô combien symbolique, de mon salaire ? Ce n'est pas ma conception de l'école. Pourtant ce sont les mesquins qui ont pris le pouvoir. Il ne faut plus être honnête , cela revient fort cher, ces zélés personnages vous le feront payer !
Contentieusement sien
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