Momie Dearest
Sur le cliché, la victime a les yeux tuméfiés par les larmes, deux ecchymoses sur les joues. Je suis le cogneur, m'annonce-t-on. Mx Iel (prof) m'accuse moi Max, 15 ans bientôt, stagiaire, d'avoir, dans le dortoir, attenté à sa pudeur.
— Accablant, hein ? se marre le pandore.
— Révoltant, dis-je.
C'est la prof ou le prof qui m'a sauté dessus alors que je m'endormais ! Je me suis bien défendu. J'ai arraché sa perruque dans l'affaire. Mx Iel en a chialé tout son maquillage croûteux. D'où la couleur bleue sur ses joues. Qu'iel se lave au lait d'amandes, ça partira.
Ah ! Il y a des baffes, et des vraies, qui se perdent. Les menteurs, ça s'envoie promener, je dirais même valdinguer. Les gens qui vous courent sur le haricot, aussi. Je n'en dis mot, vous pensez bien. Le diagnostic tomberait aussi sec : un violent qui se trahit ! Et pire encore : un tartophile ! Un tranxophobe !
— Je est un autre.
C'est ce que le psy me répète patiemment pour que j'en prenne de la graine. L'autre, c'est le cogneur en moi, paraît-il. Le psychologue ne balance pas à me cataloguer pervers multi-chose, apprenti tordu, capable de subjuguer un jour au baratin les mineures de +15 ans à sa merci — mais pas les mineurs au masculin, ou même les majeurs de tout acabit, ce qui est suspect.
— Un phacochère à cerveau humain dans la bergerie des agnelles !
Voilà les tirades qu'assène l'avocat de la partie adverse. Il aime la poésie, les moutons et les trucs pas scientifiques. Il appelle ça des alchimies, et ce qui va sortir de sa cornue, c'est ma condamnation.
Si je nie, c'est un oui subconscient ; si j'acquiesce, c'est un aveu. Je regarde à droite, à gauche, en l'air, au sol : pas moyen d'y échapper ! Ah si ! Une trappe. Mais c'est un piège.
— La masse musculaire du patient ne plaide pas en sa faveur, pérore le psy.
C'est vrai que je suis balaise, il suffit de me regarder. La forme, ça s'entretient. S'il faut en suer, j'en sue. Ce n'est pas le cas du psy, gringalet comme pas deux. Aux haltères, je te bats mon pote. A la course à pied, je te bats, à la corde lisse, je te bats. Aux échecs ? C'est lui l'échec, regardez-moi ça, madame le Juge.
Cependant, vaincu par le nombre, je craque assez pour apporter de l'eau lourde à son moulin industriel :
— J'ai de la masse, entendu. Je suis aussi Lion ascendant Scorpion. Signe chinois : tigre ! J'ai deux lézards dans mon jardin, un chat noir sur le toit, une marmite dans l'âtre et un hibou dans mon grenier. La digitale et l'ellébore sont mes fleurs de prédilection. Ce sont certes de sérieux indices, mais j'ai rien fait, je vous jure. Que me défendre.
Et je plaide, je plaide, via mon avocat, quand même. Moi ce genre de tchatche, je ne fais pas le poids.
— Mesdames et messieurs les Juges, l'entends-je dire pour moi, d'abord, ne perdez pas de vue que la mythomanie est un phénomène assez fréquent qui se résout tout bonnement : une personne en crise de ragots ne tarde pas à se dégonfler. Picotez-la.e ! ça va faire pschoooouuuu !
Ensuite, daignez fournir les preuves de ma culpabilité au lieu d'exiger que je prouve mon innocence. Ni les intentions alléguées, ni la personnalité revêche, ni même le regard torve ou les mots proférés dans l'émotion que vous me reprochez ne sont des éléments condamnables.
D'ailleurs où voyez-vous un regard torve, à part celui de ce.tte prof.esseuse. Le regard, ça s'entretient ! Clair comme de l'eau de roche, le mien. Penser, chercher, apprendre, ça vous rend les yeux transparents. Tout au fond, il y a des paillettes, du strass, des étoiles. Les vraies filles n'y résistent pas. Ce n'est quand même pas ma faute si elles y chutent, de saisissement.
Moi revêche ? Accusé à tort, je ne vais pas sauter de joie... La revêche qui fait sa pimbêche, c'est qui d'après vous ? Demandez-lui ! Tirant la tronche en long, ou ricanant comme un diable ! Une souris verte qui courait dans l'herbe... Mettez-la dans l'huile, voire dans l'eau ! Elle fume comme un brasier, ce.tte prof-là ! Et s'il n'y avait que la fumette !
Dites-moi où sont les preuves de mes crimes ? Pas un témoin présent ce jour-là contre moi ! Racontars et simagrées ! Faux témoins sans nom ni temps ni lieu ! C'est tout ce que vous avez trouvé.
L'avocat de la partie adverse s'entête à répéter que “sur le rapport du médecin, il y a bien eu agression sur le ressenti impalpable de la vice-time”.
Marre à la fin. Je m'insurge (via mon avocat).
— Moi aussi j'ai mal à mon ressenti ! Qui s'en soucie ? Ma dignité, vous en faites quoi ? Mon droit à la pudeur adolescente ? Elle a eu des malheurs et des malaises dans sa vie, la prof ? On lui a fait bobo il a des lustres ? Je n'ai fait que partager le même dortoir au centre de formation des mécanos de la déconstruction. C'est pas moi vous dis-je !
— La victime dit le contraire.
— Elle affabule, c'est pourtant clair. Démontez-la ! Dévissez-la ! Ce n'est pas difficile. Elle s'est déjà un peu désassemblée toute seule. Quant à la dévicier, vous y passeriez votre vie de mécano. Mentir, c'est pathologique. Mais bon, à tout péché miséricorde.
— Silence ! ordonne madame le juge.
Elle n'apprécie pas les allusions même ténues à d'anciens temps où existaient des mots comme "vice", "péché", etc. Elle trouve tout ça non pertinent, et que ça sort du sujet.
Le sujet, c'est : la Cour cherche à comprendre les motivations de l'attaque d'un mineur contre un majeur ++ accablé sous le poids des ans. On n'a pas le droit de s'en prendre aux personnes très âgées, en situation pédagogique, quand on est un jeune gaillard sportif de presque 15 ans, qui n'a qu'à obéir, c'est simple.
— Mais puisque je vous dis que c'est ce.tte prof qui m'a mis...
— Silence ! me coupe l'avocat des parties civiles, constituées d'au moins treize assoces de la liberté sexy. Il en rajoute même benoîtement.
— Ayez honte ! qu'il me dit.
— Honte ? Et de quoi ?
— Peu importe, marmonne la chipie cheap aux cocards postiches, qui proclame leur commune devise : Ni foi ni loi !
Faute desquelles, ils m'ont mis au trou.
J'ai fait appel.
On verra bien qui rira le dernier.
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