Pantalonnade à tous les étages
La farce pour seul programme.
Ainsi donc, à y regarder de plus près, on devine qu’un vent de folie souffle sur la Planète. Les observateurs attentifs n’évoquent plus les terribles troubles que provoque l’abominable virus. Aussi terribles qu’ils soient, ils ne touchent encore qu’une faible proportion de la population terrienne. Un autre mal plus profond, plus sournois s’en prend quant à lui à l’ensemble des êtres humains sans que personne encore ne mette un nom sur ce phénomène.
La folie tout autant que la haine se propagent à une vitesse ahurissante. On peut supposer que les progrès de l’informatique ne sont pas étrangers à cela. De proche en proche, le mal gagne toutes les couches sociales, tous les peuples qui ont accès facilement au fameux réseau fatal. Un virus en est certainement la cause, il ne s’attaque plus au disque dur des ordinateurs mais à ce qui reste de cerveau chez les individus.
Ne pensez pas que seul le bon peuple en soit victime. La chose peut paraître surprenante, mais bien au contraire, ce sont en premier lieu les têtes pensantes ou ceux qui du moins s’arrogent cette capacité qui tombent sous les assauts du maudit programme. Pas un continent n’échappe à ce drame. Des potentats, des têtes couronnées, des princes, des présidents, tous plus masculins les uns que les autres, roulent des mécaniques, usent de leurs prérogatives pour foncer dans le mur et entraîner leurs sujets ou leurs concitoyens (il est désormais impossible de distinguer ces deux notions) dans l’aliénation.
Les exemples se multiplient autour de nous et non seulement nous n’en tirons pas les conséquences mais plus grave encore, il nous semble indispensable de prendre position pour telle ou telle thèse absurde défendue par ces hauts dignitaires de la déliquescence morale. Tout fait désormais scission, provoque une ligne de partage, une fracture qui se creuse et finit par devenir un gouffre entre les individus.
Au sein même de la famille, des groupes amicaux, des associations, des villages, les opinions divergent tellement que le consensus est impossible. Quel que soit le sujet, le thème de la discussion ou du débat, il faut désormais choisir son clan : être POUR ou bien S’OPPOSER sans nuance, avec véhémence et de plus en plus souvent avec une violence verbale qui laisse pantois. Ne pensez pas que le seul sujet de la pandémie s’octroie l’exclusivité en la matière. Tous les grands sujets d’actualité suivent le mouvement.
La pantalonnade prend même des allures d’insurrection, la guerre civile est au bout du chemin et pas seulement aux États Unis. Le virus s’est insinué dans les têtes, il obère toute capacité d’analyse, il fragmente les données, se contentant de n’offrir en pâture qu’une parcelle du dossier sur laquelle s’arc-boutent les gens. La parole tourne alors en boucle, j’allais écrire pensée alors que justement elle est totalement absente, supplantée par des slogans, des postures, des réponses toutes faites qui tiennent lieu d’argumentaire.
Les véritables penseurs n’ont d’ailleurs plus droit au chapitre. Méthodiquement et inexorablement mis au rancard, ils prêchent dans le désert. On déroule le tapis rouge des médias aux experts en certitudes invérifiables, aux spécialistes du détail insignifiant, aux exégètes de la parole présidentielle, aux valets qui ne font que servir la soupe et à tous ceux qui n’ont rien à dire et qui aiment à le faire savoir.
La fiction a pris le relais du réel. Nombre de phénomènes attestent de cette tendance. Une fiction qui certes n’a rien à voir avec la force d’un roman, seul vecteur à mon avis susceptible encore de permettre aux gens d’ouvrir les yeux, mais de pitoyables élucubrations qui constituent à la fois l’essence même des théories du complot comme du discours officiel. Plus c’est simpliste, mensonger, délirant plus ça tient lieu de certitude dans les esprits ramollis.
C’est alors que des furieux s’en prennent au Capitole, tandis que d’autres brûlent des automobiles, que des invectives pleuvent entre ces merveilleux amis illusoires des réseaux sociaux, que des furieux foncent dans le tas, que des abrutis attentent à la vie de ceux qui portent un uniforme, que le monde n’est plus regardé qu’au travers d’un prisme déformant qui implique de tout voir en noir ou en blanc. Les nuances ont pris le maquis, il faut choisir son camp ou bien disparaître de la circulation.
Levez vos manches pour vous inoculer le virus miraculeux si ça vous chante mais surtout, pensez un peu à la partie supérieure de votre anatomie. Elle est le siège de la principale attaque en règle, prenez donc la peine de vous accorder le temps de la réflexion en toute occasion. Ça en vaut vraiment le coup ! Et puisque qu’il faut désormais des slogans pour faire passer une idée, je vous propose celui-ci : « Mettez donc enfin un peu de plomb dans la tête avant que d’autres s’en chargent vraiment ! »
Réflexivement vôtre
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