Pauvre monsieur Guéant !
Et si nous changions enfin de République
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH224/focus-coloriage-3689-l550-h410-fc2eb.jpg)
Monsieur Guéant est un grand serviteur de l'état. Son talent immense, ses lourdes responsabilités, son emploi du temps démentiel valent bien quelques reconnaissances sonnantes. Et c'est là que le pauvre homme finit par trébucher. Pour avoir un train de vie qui le situe largement au dessus des fainéants, des incompétents, des incapables, des fumistes et de tous ceux qui ne veulent pas se tracasser, il a pioché dans la caisse à l'insu de son plein gré.
Monsieur Guéant est un tenant du libéralisme. Il applique à la lettre la doctrine qui veut que le talent et les responsabilités soient récompensés d'une manière digne et conséquente. C'est hélas sur l'adjectif digne qu'il trébuche. Pour l'avoir vu à l'œuvre, je ne suis personnellement pas surpris de son incompréhension pour cette notion si complexe. La dignité des grands amis de l'ancien président exigeait beaucoup de souplesse éthique …
Monsieur Guéant fait encore partie de ces gens qui affirment sans honte que les salaires sont trop élevés en France, que le Travail coûte trop cher et que le SMIC est un héritage archaïque d'une politique sociale dépassée. Malheureusement, comme beaucoup de penseurs, il ne peut s'appliquer sa doctrine. Il a des besoins au-dessus de ceux d'un ouvrier non qualifié, c'est une évidence qu'il met en application avec la rigueur de celui qui aime à se contredire.
Monsieur Guéant est un grand serviteur de l'état. Quoi de plus normal qu'il se serve royalement aux frais de la Princesse ? Il est vrai que le sens de la démocratie n'étouffe pas nos responsables qui n'ont jamais fait le deuil de l'ancien régime, des prérogatives féodales, des privilèges et des cadeaux indus. Il ne faut pas lui jeter la pierre, il agit exactement comme la plupart de ses semblables, si différents du commun qu'il est normal qu'ils s'en distinguent par quelques entorses à la loi ordinaire.
Monsieur Guéant aimait à se prélasser dans les allées du pouvoir. Quand on participe à la loi, on a bien le droit de la contourner, de l'accommoder à sa sauce, d'y glisser quelques failles opportunes, d'y prévoir des exceptions qu'on s'empresse de s'appliquer. C'est d'ailleurs ce qui fait le charme de cette position et qui pousse tant de ses amis à se faire avocats d'affaires.
Monsieur Guéant devra-t-il rembourser ce bien si mal acquis ? Le pourrait-il d'ailleurs qu'il ne serait pas raisonnable de montrer la voie de l'intégrité. Ce serait un fâcheux précédent. Son ami Bernard Tapie le pousse à n'en rien faire. Il n'est d'ailleurs pas le seul parmi le cercle des joyeux prévaricateurs à penser ainsi. Nous ne saurions les blâmer, dans un pays où il y a tant de niches fiscales, chacun aime à garder jalousement son os à ronger …
Monsieur Guéant pourrait-il tout simplement s'excuser de la manière si cavalière qu'il a eu de mettre la main au panier à salade ? Là, il ne faut pas exagérer. Chez ces gens là, on ne s'excuse pas monsieur. On se drape dans sa dignité, on exige même des préjudices moraux. On fait appel à la justice pour effacer les accusations, on réclame la présomption d'innocence qu'on refuse toujours aux pauvres gens.
Monsieur Guéant va continuer à pérorer, à émettre des opinions, à se montrer, à représenter la nation ou une quelconque instance officielle. Le poids du soupçon ne pèse jamais sur de telles consciences. Il ne faut rien attendre de cet individu au-dessus de la règle commune. D'autres ont traversé des turbulences qui n'ont pas empêché les caméras et les microphones de se braquer vers eux. La respectabilité n'est plus de mise dans ce microcosme véreux.
Que monsieur Guéant me pardonne cet énervement injustifié. Je n'ai pas à douter de son intégrité ; il gardera intégralement les sommes versées puisqu'il les valait bien ! Je dois aussi renoncer à enseigner les valeurs morales dans mes classes, d'ailleurs l'ami de ce monsieur a toujours prétendu que cette lourde tâche ne doit relever que de la responsabilité des religieux. J'étais bien sot de croire, l'espace de ce billet sans importance qu'il y avait des principes déontologiques, des règles éthiques, des codes moraux. Non, il n'y a qu'un dieu : « sa majesté Fric » et ses fidèles ont bien droit à quelques prérogatives discrètes.
Remboursement sien. http://rendezlargent.wesign.it/fr
22 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON