Pauvres riches / N°55
Ce qui est pratique, quand on est riche, c’est qu’on n’a pas à s’embêter avec la politique : on sait tout de suite pour qui il faut voter.
Ce que j’aime bien en été, c’est lire les journaux qui parlent des riches et des pipoles. Grâce à eux je m’informe sur la vie quotidienne de nos amis fortunés et je me rends compte que leur vie n’est pas tellement plus facile que la nôtre. En fait, c’est surtout le cadre qui change. Y’a plus de palmiers que par chez nous et ils font de la chirurgie esthétique alors que nous c’est de la chirurgie tout court. Mais sinon c’est pareil.
Ils sont cons, les riches (ça me fait au moins un point commun avec eux) : ils ont tout ce qu’il faut pour être heureux et, au lieu de ça, vas-y qu’ils se trompent, qu’ils se séparent et qu’ils deviennent alcooliques. Comme nous ! C’est bien la peine d’être riche si c’est pour faire pareil que les pauvres, tiens ! Tous ces efforts pour rien. Encore que y’en a plein qui ne semblent pas avoir fait trop d’efforts pour devenir riches. Mais bon, j’imagine qu’il doit quand même falloir faire des efforts pour le rester.
On sous-estime trop souvent les qualités qu’il faut pour rester riche :
Option N°1, tu es riche et tu tiens tellement à le rester que tu ne dépenses rien. Résultat : tu vis comme un pauvre (aucun intérêt).
Option N°2 : tu as envie de montrer aux autres que tu es riche et d’en profiter aussi quand même un petit peu alors tu dépenses ton argent et tu finis par devenir pauvre (pas bon, ça).
Option N°3 : tu travailles mais je n’aime pas trop cette option et d’ailleurs, dans les journaux pipoles, on ne voit jamais de riches en train de travailler ; ils sont toujours à la plage et ils ont des lèvres de mérous puis ils vont aux dancings avec des sacs à main, c’est bien la preuve.
Il existe aussi une option N°4 où tu fais travailler ton argent à ta place mais il faut faire gaffe parce qu’à la moindre crise financière, boum, l’argent démissionne.
Les riches qui travaillent, je trouve ça Jamel*. Moi, ce que j’aime, c’est le riche "pur-sang", celui qui n’a jamais rien branlé de sa putain de vie et qui a à peine besoin de savoir lire et écrire, pourvu qu’il puisse déchiffrer le nom des marques et signer des chèques. Ça, c’est du richard, du vrai, du consanguin, pas du bouseux à capuche enrichi dans les nouvelles technologies.
(*) petit bras (ndlr)
Il y a un autre truc que j’aime, chez les riches, c’est la fin des repas de famille : on dirait que personne ne s’y engueule jamais. Les nappes restent blanches et tout le monde a l’air content et repu. On dirait qu’ils n’ont pas de tonton Jojo qui fout le bordel en parlant politique parce qu’il est bourré – ou alors c’est parce qu’ils sont tous d’accord avec tonton Jojo. Du coup, c’est dur de s’engueuler.
C’est ça qui est pratique quand on est riche, c’est qu’on n’a pas à s’embêter avec la politique : tu sais tout de suite pour qui tu vas voter. Ça prend une seconde de se décider et hop, après, tu peux retourner dans un dancing de mérous bronzés avec ton sac à main, ça t’a fait gagner du temps.
L’autre avantage, c’est que, en plus de ta voix d’électeur, tu peux donner plein d’argent au parti qui va t’en faire gagner après. C’est comme un investissement. C’est ce qui s’appelle avoir une voix en or. Tu dis juste, comme Liliane : « Je vous ai soutenu pour votre élection avec plaisir, je continuerai à vous aider personnellement »
C’est d’ailleurs pour ça qu’on a voté des lois sur le financement des partis politiques, c’est pour empêcher le parti des riches d’avoir cent fois plus de pognon que les partis des autres : c’est par jalousie, en fait. C’est mauvais joueur.
Salauds de pauvres.
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